J’adore parler de Vainqueur et je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée de lui créer son poste, que je pourrai relire quand j’aurai envie de me replonger dans nos beaux souvenirs ensemble. Du coup, c’est parti pour vous parler de sa petite bouille dès que j’en ai un peu l’énergie !
Vainqueur, c’est le poney de paulimer, qui passera d’ailleurs sûrement de temps en temps sur le post. Il est arrivé le 12 mai 2023, récupéré de club pour boiterie (dont on apprendra plus tard que c’est une desmite au postérieur droit). Comme paulimer avait déjà Darius, c’est naturellement moi qui me suis mis à m’occuper du plus grand. Nos débuts ont été un peu compliqués : Vainqueur était très haut en énergie, vite ennuyé, il fallait que tout s'enchaîne très vite et en plus il était vraiment envahissant. Etant une personne vite dépassée et fatiguée, j’avais du mal à tenir plus de 15 minutes de séance avec lui, et j’en ressortais épuisée d’avoir dû maintenir mon attention au maximum autant de temps.
Et puis est arrivé notre premier drame… Dans un moment d’inattention, Vainqueur a mordu mon doigt en même temps que les friandises. J’ai fini ma journée aux urgences, craignant que le tendon ne soit touché, mais c’était heureusement plus de peur que de mal. J’ai quand-même perdu confiance en moi, je savais que ce n’était pas la faute de Vainqueur, qui était frustré sur la nourriture au début (il sortait de club où c’était une ressource limitée), que mon doigt était juste sur le passage et que ma main n’était pas assez plate parce que j’étais distraite par quelqu’un qui me parlait, mais j’ai quand-même eu peur de reprendre le travail avec lui. Évidemment, je ne l’ai pas fait, déjà parce que je n’avais qu’une main de libre et que c’était dangereux, et puis parce qu’il fallait le temps de reprendre confiance. Petit à petit, au bout d’un mois et demi environ, j’ai pu recommencer à lui donner dans les moments où il était le plus calme, jusqu’à ce que nous reprenions le travail à deux complètement. Aujourd’hui, Vainqueur ne fait plus du tout le crocodile. A force de comprendre que la friandise arrivait toujours, il s’est beaucoup posé et la prend délicatement sans que je ne craigne pour mes doigts à chaque fois.
Après 10 mois d’aventure ensemble, nos activités sont diversifiées : travail à la cible, mettre ses pieds sur un pad, medical training pour le dentiste, la podologue, apprendre à ingérer quelque chose à la seringue, et dernièrement on commence aussi le scentwork. Tout le travail se fait en R+ et à pied, le but est toujours de lui laisser le choix et d’avoir son consentement, même si globalement il est partant dans 99% des cas.
Je vous laisse avec quelques photos de lui et du copain Darius !
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Vainqueur et Darius (paulimer me dit dans l'oreillette que j'ai pas le droit de l'appeler Darius parce que sur les réseaux c'est Poney, soit... Voici donc Vainqueur et Poney )
Ps : Vainqueur est un peu maigre sur la photo parce qu'il a fondu à l'arrivée de l'hiver, on le sait et il est complémenté et couvert ! Il devait perdre du poids pour soulager sa desmite donc il vaut mieux qu'il soit un peu maigre qu'un peu gros (dans la limite du raisonnable évidemment).
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Notre travail en mai, admirez mes doigts pas du tout correctement positionnés.
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Et je vous laisse avec ce gros bg, je spammerai de photos encore partout sur le post.
Edit : Titre : étant donné le passé de crocodile de Vainqueur et sa tendance actuelle a gardé ses bouchons de foin dans ses joues comme un écureuil, on a trouvé une contraction qui le définissait bien.
Des lustres que je suis plus venue poster ici, la vérité c'est que j'ai investi tiktok et que je sais pas faire plusieurs choses à la fois.
Il s'est passé pas mal de choses depuis la dernière fois. Déjà : les deux poneys ont une copine en plus dans leur paddock. Pour le bien du troupeau, c'est chouette qu'ils soient trois, surtout que l'intégration a été faite en douceur et s'est super bien passée, à peine quelques heures ensemble et ils mangeaient déjà à trois sur le même filet !
Point de vue "travail", l'inconvénient c'est qu'on ne peut plus prendre Vainqueur et sa copine dans la carrière puisque la nouvelle stresse de rester toute seule dans son pp (normal), donc on a du faire quelques adaptations. Entre temps, on a aussi bosser Vainqueur sur le chemin entre son pp et sa carrière, pour faire comme une balade mais dans un terrain pas totalement inconnu non plus. Déjà là, c'est beaucoup de stress, même s'il est super curieux et adooore découvrir de nouvelles choses. Ce serait juste bien qu'il apprenne à gérer ses émotions et qu'il s'arrête avant que ça ne soit trop pour lui. Bon après, c'est aussi pour ça qu'on est là, et franchement on voit les progrès au fur et à mesure ! Les chemins deviennent de plus en plus faciles, on peut parfois tenter d'aller un peu plus loin (toujours une histoire de quelques mètres), et à force j'arrive même à avoir des réponses à la longe très fines donc j'ai espoir que ça s'arrange !
Outre les sorties, comme on peut pas s'éloigner de la nouvelle on a déplacé le travail de la carrière au rond d'havrincourt collé à son pp. C'est d'ailleurs super intéressant parce que ce rond est plein d'herbe, et pourtant il préfère quand même toujours le travail au broutage (et on travaille aux bouchons de foin !). Evidemment ça lui arrive de faire des pauses pour brouter, et on les respectes, mais ça dure toujours moins d'une minute.
Dans ce rond, on y installe des pads, des barres au sol entremêlées (style mikado), un ballon, des petits cônes à renverser avec des carottes en dessous, des cibles fixes,... Et petit à petit on introduit des nouveaux exercices. La semaine passée c'était un tronc d'arbre (pour qu'il mette son pied dessus) et hier on y a rajouté un couloir étroit (avec des barres). C'est vraiment le genre d'exercice que j'adore, quand on a plein de possibilités et qu'on peut aller toucher à tout, changer quand on en a marre, faire des pauses si besoin, prendre le temps d'observer son attitude face aux différentes choses, lui laisser l'espace de faire des propositions intéressantes...
En résumé, tout va donc bien pour Vainqueur et la vie suit tranquillement son cours. En plus des weekends où on va le voir, il sera aussi travaillé par une comportementaliste pour les sorties en extérieur et à priori, en novembre quand mon emploi du temps s'allégera, je pourrai prendre des cours avec elle vendredi matin. J'ai hâte de voir ce que ça donne de travailler de manière plus cadrée, je me demande si je vais aimer ça maintenant que j'ai tellement l'habitude qu'on fasse un peu tout en freestyle en fonction de ce que la situation nous inspire. (Quand je dis freestyle, c'est dans le sens du choix des exercices, mais chaque exercice est fait correctement avec systématiquement les mêmes codes etc. par contre).
Quatre mois et demi sans poster, ça en fait des choses à raconter. Et pour cause, pendant ces quatre derniers mois, on est passée par plusieurs remises en question et un retour en arrière drastique sur le travail qu'on fait avec Vainqueur. Mais bon, une chose à la fois : d'abord je vais raconter, à l'aide de mes souvenirs, mois par mois ce qui s'est déroulé.
. • ° •. OCTOBRE . • ° •.
Le mois d'octobre avait plutôt bien démarré, on a continué nos petites séances, dans le rond d'Havrincourt ou même en carrière. On avait un Vainqueur assez détendu en carrière si on ne le forçait pas à aller dans les zones plus compliquées. Il était demandeur de travail, et nous ça nous amusait de faire des petits parcours à pieds de plus en plus élaborés (bon, "élaboré" reste un bien grand mot pour ce que l'on faisait...)
(ça c'est la professionnelle qui le sort qui nous a conseillé de travailler les choses qui peuvent faire peur dehors dans un endroit ok. Admirez comment Vainqueur est absolument teeeeeerrifié !)
Niveau apprentissage, on a continué les cibles fixes, qu'il comprenait vraiment bien. J'aime beaucoup cet exercice parce qu'il permet que Vainqueur se détache de moi, et comme c'est un cheval qui a tendance à être toujours très collant et envahissant, c'est assez intéressant de pouvoir lui demander de l'éloignement et que celui-ci arrive sans frustration. Ce qui est bien aussi, c'est que la récompense met du temps à arriver avec cet exercice, et je le vois attendre patiemment sans que la frustration augmente. Pour le coup, je pense que ça a beaucoup aidé que je ne sois pas très habile de mes 10 doigts et qu'il m'arrive souvent de galérer à prendre la friandise dans la pochette.
Puis arrive cette fameuse séance d'octobre : comme tout se passe bien, on s'est dit : pourquoi ne pas mettre une petite barre à sauter et un couloir en L pour lui apprendre à passer dans des endroits étroits (qu'on avait déjà travaillé précédemment en couloir droit) ? Pendant la séance : tout nous semble bien aller, Vainqueur me suit partout, il à l'air volontaire, même pour le saut alors qu'on constate quelques oreilles en arrière, on décide donc d'arrêter de sauter, sans doute que cette activité lui fait mal. Mais pour le reste, moi je me rappelle très bien être repartie de là-bas en me disant que j'avais trouvé la séance trop chouette.
Et première désillusion... On peut même la faire sous forme de petit jeu ! Je vous laisse apprécier tous les signaux d'inconforts que présente Vainqueur sur les photos de cette fameuse séance...
Honnêtement, je me suis sentie mal d'avoir autant aimé une séance que Vainqueur avait subie, et de n'avoir rien vu plus tôt. J'avais pas le recul que j'avais en étant devant les photos, certes, mais j'aurais aimé m'en rendre compte plus tôt. Et ça m'a appris une bonne leçon : Ce n'est pas parce que ton cheval semble volontaire et qu'il te suit même en liberté dans le travail qu'il passe un bon moment.
Je me questionne même sur le fait qu'il était vraiment consentant du coup. Après, je sais que Vainqueur est un cheval qui ne sait pas poser ses limites (et j'y reviendrai malheureusement plus tard...), mais j'aurais justement dû prendre cet élément en compte aussi.
Enfin, je l'ai mal vécu sur le moment mais se blâmer pendant des heures ne changera rien à la situation, donc on en a parlé à une amie proche, qui est également comportementaliste, et qui nous a conseillé de revenir aux bases, de faire notamment des exercices plus simples, moins couteux pour Vainqueur.
Cette amie est d'ailleurs venue voir Vainqueur fin du mois (elle habite dans le Sud donc c'est compliqué de se voir), et du peu qu'elle l'a vu, elle nous a quand même fait des remarques intéressantes. En vrac : Vainqueur se crispe quand il prend des tournants trop serrés, sans doute à cause de sa desmite, mais c'est aussi un cheval courageux qui arrive à prendre énormément sur lui pour un cheval qui est aussi hyper anxieux. Même s'il a tendance à ne pas savoir poser ses limites et à se faire submerger d'un coup parce qu'en fait c'était le pas de trop, ça ne veut pas dire qu'il n'a aucun skills d'autorégulation.
En parallèle à nos exercices, Vainqueur était d'ailleurs travaillé tous les vendredi par une professionnelle (en R+, toujours), parce qu'il est compliqué à gérer à l'extérieur : il a tendance à foncer, à ne plus nous écouter, à stresser beaucoup... Avec elle, ça se passe bien, Vainqueur progresse petit à petit dans le domaine. On lui a dit que de toute façon ce qui comptait, ce n'était pas le résultat, mais le fait qu'il soit toujours émotionnellement bien. Si certains mauvais jours la séance consiste à rester devant la porte du paddock et ne faire que 3 mètres, soit, on préfère payer pour ça que de le forcer !
Conclusion : Avant de passer aux prochains mois, je voulais simplement conclure sur le fait que le mois d'octobre a été un premier tournant dans notre façon d'aborder le travail avec Vainqueur. Pour faire mieux, il faut demander moins. Il est courant de faire des pas en arrière dans l'apprentissage et c'est un réel entrainement mental que de ne pas voir ça comme une régression, parce que respecter son cheval, ses limites, ses émotions, ce n'est pas régresser, c'est corriger la direction pour prendre un chemin plus adapté !
En novembre, on n'a pas vraiment eu la possibilité de faire grand chose. Le problème principal de ce mois, c'est vraiment la chasse. Le paddock de Vainqueur est en bordure de forêt, je sens qu'il y a des zones qui l'inquiète un peu. Le plus abominable, ce sont les jours de battues, environs 2 weekends par mois. Ca fait tellement de bruit et c'est tellement anxiogène, ça me fait beaucoup de peine de voir Vainqueur stresser comme ça.
En plus de la chasse, c'est aussi l'arrivée du froid, et on finit par mettre sa couverture à Vainqueur 24h/24. Il a tendance à maigrir en hiver, et on commence à constater une certaine frustration à l'herbe, on se dit qu'il se sentira peut-être mieux s'il est couvert.
En novembre, j'ai aussi plus de temps libre pour commencer à prendre des cours un vendredi sur deux avec la professionnelle qui le sort chaque semaine. Ca me fait du bien de mettre plus de code sur nos sorties, j'ai l'impression de retrouver un peu de maitrise et de pouvoir dédramatiser l'extérieur avec lui. Certes, il est toujours stressé, mais on travaille les arrêts et le mener en faisant beaucoup de pause broutage pour qu'il associe un maximum l'extérieur avec du positif. Vainqueur a l'air d'être demandeur pour sortir et brouter, généralement il ne veut pas rentrer dans son pp quand c'est terminé.
Il y a un autre beau constat : on a fait une séance en carrière assez détendue, c'était vraiment chouette. Il était demandeur d'exercice mais a aussi pris des pauses de lui même en allant brouter sur les bords de la carrière, et ça ne l'a pas empêché de revenir vers moi quand il était prêt à continuer. Seul bémol : un copain du paddock d'à côté est venu travailler dans le rond d'havrincourt, ça a stressé tout le monde donc on finit malheureusement la séance sur un gros stress. Mais ça m'a permis de faire un constat incroyable : Vainqueur est revenu vers moi pour se rassurer. Lui qui a tendance à oublier tout le monde quand il stresse, j'ai vraiment trouvé que c'était un incroyable progrès !
Le mois de novembre suit donc son cours, on continue de travailler ce que j'apprends avec la professionnelle, c'est à dire les arrêts, reculés, le fait qu'il puisse répondre à la longe en étant à l'extérieur. Honnêtement, c'est souvent compliqué, mais on n'est pas pressée.
Fin novembre, je peux même sortir Vainqueur dans une zone toute nouvelle. Je trouve qu'on voit à sa façon de brouter qu'il est stressé quand même, mais c'est un gros progrès de pouvoir l'emmener plus loin dans le domaine, je suis contente !
La vidéo qui résume le mois :
1) Vainqueur stressé qui revient vers moi se rassurer
2) Le travail en carrière qui continue (ce jour là il était un peu plus regardant)
3) Le travail à la longe + récompenses parce que quelque chose lui a fait peur donc on revient au calme
4) Vainqueur dehors (miracle !)
Décembre fut un mois assez court, je suis rentrée le 20 en Belgique et ne suis revenue que début janvier donc je n'ai pas vu beaucoup Vainqueur. Mais décembre, c'est aussi le début de la deuxième dégringolade : lors d'un cours avec la professionnelle, je découvre Vainqueur comme je l'avais rarement vu. Il est très frustré dès qu'on lui demande de lever la tête de l'herbe alors qu'on avait commencé la séance par dix minutes de broutage, et qu'il sait qu'il finit par pouvoir rebrouter dans la minute. Et sa frustration, il l'exprime bien ! Il gratte/tape de l'antérieur, a tendance à foncer/embarquer et si je bloque il tente même les coups de tête. Honnêtement, ça m'a beaucoup effrayée, et surtout parce que c'était anormal. Vainqueur il fonce, certes, il peut ne pas être très à l'écoute, mais autant énervé ? C'était vraiment choquant pour moi. Et pourtant, je ne voyais pas trop ce que l'on faisait de mal, à part lui demander de lever la tête de l'herbe. Mais il a suffisamment à manger, il est complémenté, il est couvert, donc il n'a ni faim ni froid. Et en plus, quand il relève la tête, il a des bouchons de foin (certes c'est moins bien, mais c'est pour dire qu'il n'a pas rien).
Cette séance là, elle a été émotionnellement compliquée pour moi. Elle a pourtant bien fini, la professionnelle l'a repris et comme elle est plus à l'aise, il a moins chipoté avec elle, et quand je l'ai repris après on a pu terminer sur quelque chose de propre, avec un Vainqueur plus apaisé et à l'écoute. Mais malgré ça, je sentais bien que moi c'était en train de me dégouter des cours, et dégouter de sortir Vainqueur. Je voyais bien que l'attitude de Vainqueur montait crescendo en intensité, chaque nouvelle séance était plus décevante que la précédente (je n'ai pas fait énormément de cours mais ils ont tous été chaque fois un peu moins bien, parce que Vainqueur était chaque fois de plus en plus frustré).
Les weekends, on décide donc de diminuer les sorties. On arrête les séances en carrière parce qu'il semble à nouveau stressé dedans (il nous a un jour fait une phase où il a pété un câble sans raison après s'être fait peur tout seul dehors, et quand on le met dans la carrière pour l'apaiser il nous a fait des tours et des tours de galop, sans qu'on ne comprenne ce qui n'allait pas). On reste dans le rond d'havrincourt, et on part sur des séances recherches de friandises. Pour le setup, on installe de grands draps sur lesquels on dispose du foin, et on y jette des friandises pour qu'il puisse passer son temps à chercher dedans. C'est censé le détendre... Mais même là, il a l'air d'être souvent sur les nerfs (voir vidéo).
Je pars donc en Belgique en laissant la situation telle quelle, et on commence à se dire que, peut-être, les sorties ne conviennent pas tant que ça à Vainqueur...
. • ° •. JANVIER . • ° •.
Quand je reviens, la professionnelle qui le sort nous annonce que pour elle aussi ça commence à être de pire en pire avec Vainqueur, qu'elle ne le sort plus que devant son paddock ou presque (on lui avait dit qu'il fallait peut-être mieux gérer la frustration à l'herbe avant de continuer l'exploration), et Vainqueur continue de montrer des comportements de frustration. On se dit que c'est bon, on va tout arrêter. On ne peut faire qu'un constat : les sorties, ça ne marche pas. On ne sait pas si c'est l'hiver, le fait d'être en période de chasse, la douleur ou autre chose, mais ça ne va pas.
Il y a un autre constat qu'on commence à faire (en écrivant tout ça, j'ai l'impression d'avoir été très longue à la détente parce que ça me parait tellement logique actuellement) : Vainqueur, c'est l'éclaireur du troupeau. C'est toujours le premier à aller voir dès qu'il y a un bruit ou quelque chose d'anormal, le premier à veiller pour tout le monde, et c'est un grand stressé. La gérante de la pension a remarqué qu'il se couchait peu, et ça ne m'étonne pas beaucoup.
(Regardez ce merveilleux ratelier que la gérante a construit !! Elle trouvait qu'ils se chamaillaient un peu trop donc elle en a construit un énorme pour être certaine qu'ils aient de l'espace ! (ils sont que 3 dans le troupeau))
L'hypothèse est donc la suivante : puisque Vainqueur est déjà stressé H24 et ne se repose pas assez, la moindre frustration ou le moindre stress dehors devient rapidement la goutte qui fait déborder le vase. Ca ne sert à rien de vouloir travailler l'extérieur si même à l'intérieur il n'est pas ok.
On se dit donc qu'on va travailler d'abord l'apaisement à l'intérieur, et que notre seul et unique objectif c'est le retour au calme.
Notre amie comportementaliste nous a aiguillé dans de petits exercices d'enrichissement : on étale des petits tas de foin en ligne droite, espacés de 4 à 6 mètres, et on met des friandises (plutôt fruits et légumes) dedans pour les laisser fouiller. L'idée c'est de rendre son espace de vie enrichissant et agréable, donc le mieux c'est de faire ça en troupeau, et pas Vainqueur tout seul. On abandonne les exercices trop cognitifs, on lui fout la paix qu'il mérite d'avoir, et on "travaille" le fait de parfois être juste là avec lui sans n'avoir rien à lui donner ou à lui demander.
(ma nouvelle photo préférée)
Nos weekends se résument donc à faire enrichissement un jour, sieste dans le foin un autre jour. Et bah devinez quoi : depuis que Vainqueur ne sort plus, il est plus apaisé dans son milieu de vie. La gérante nous a raconté qu'à la dernière battue, ils étaient restés étonnement calmes, et nous on se rend bien compte en le retrouvant également qu'émotionnellement il est souvent plus disponible. C'est parfois un peu dur pour lui de ne rien faire, tant on l'a habitué à toujours au moins donner des friandises (à la base, pour diminuer la frustration à la friandise, mais du coup on a perdu le fait de pouvoir ne rien faire), mais ça va venir. Et nous, ça nous a beaucoup soulagée d'arrêter le travail, ce qui nous conforte dans l'idée que l'on s'obstinait sur quelque chose qui ne fonctionnait pas.
Légende : en vrac, Vainqueur et ses copines qui profitent des enrichissements et moi qui juste chill avec lui pendant qu'il mange
Je termine donc ce post par ces quelques mots d'une comportementaliste qui, je pense, méritent d'être diffusé en masse :
« Arrêter l'entrainement, ou ajuster son approche, ce n'est pas arrêter le "travail", et c'est encore moins arrêter de progresser. [...] Le training, c'est la cerise sur le gâteau, pas le gâteau entier. »
(@ anais.allard.comportement sur instagram)
Pas pour raconter nos dernières séances qui sont toujours similaires mais pour faire un update santé de Vainqueur :
1) Sa desmite : Comme ça n'allait pas du tout dehors on s'est dit que son comportement pouvait aussi être lié à de la douleur, on a profité de la venue du véto pour les vaccins pour qu'il fasse un bilan locomoteur. Globalement, même verdict qu'à Grosbois. C'est dégénératif parce que c'est lié à des jarrets trop droits, et on ne peut rien faire. Le veto a confirmé que Vainqueur avait le meilleur mode de vie possible pour son problème. La vie en pré ou paddock paradise stimule la marche, d'ailleurs il ne boite plus depuis qu'on l'a récupéré pour le sortir de sa vie au box et qu'il a perdu du poids. Les recommandations sont toujours de surveiller son poids (plus il grossit plus ça va lui faire mal), d'éviter le travail sur des cercles (tourner est douloureux) et ne faire que du pas. Il a littéralement dit "du pas en ligne droite", donc on va veiller à respecter ça. Ca n'arrivera jamais les sorties courses à pied avec Vainqueur, mais comme on ne sait pas si les sorties tout court arriveront un jour, ce n'est pas une grande déception.
2) La vitamine E : sans doute liée à sa desmite, Vainqueur était en carence en vitamine E. On a un peu galérer à en trouver sans sélénium mais il a finalement des CMV enrichis en vitamine E, qu'il mange avec de l'huile pour une meilleure assimilation. Et en 3 mois, il a enfin atteint le seuil, sa prise de sang de la semaine dernière a révélé qu'on a réussi. C'est positif, déjà parce qu'il n'est plus carencé, mais aussi parce qu'on y est arrivé sans trop galérer finalement, donc ça rassure beaucoup.
Cliniquement, Vainqueur va bien pour l'instant, il est plus détendu depuis qu'il ne sort plus, ne semble pas avoir froid, il a un poids idéal, normalement musclé pour son rythme de vie, un beau poil, de beaux crottins... Croisons les doigts pour que ça dure !
Je n'étais plus passée donner de nouvelles parce qu'il n'y en avait pas vraiment à donner. Depuis janvier, on fait la même chose : enrichissement du milieu de vie un jour, juste trainer et passer du temps avec lui l'autre jour.
Franchement, en trois mois, je trouve que notre relation a beaucoup évolué, vers quelque chose de plus sain. Vainqueur n'est plus collant de manière excessive, il peut marcher à côté de nous à distance raisonnable. Avec la venue du printemps, on a pu lui proposer de le gratter et on a passé quelques après-midis à juste le gratouiller pour l'aider dans sa mue. C'était toujours très chill, très apaisant. Ce nouveau mode de fonctionnement combiné au retour des beaux jours et à l'arrêt de la chasse a vraiment permis à Vainqueur de se détendre, et ça se ressent dans toutes nos interactions avec lui.
Et puisqu'on avait dit qu'on tenterait à nouveau les sorties au printemps s'il était mieux.... Bah let's go.
Comme on veut vraiment faire les choses bien, nous étions accompagnées en visio par une amie comportementaliste qui nous a conseillé d'étendre les petits tas de foin qu'on lui propose dans son pp à l'extérieur, afin qu'en dehors ce ne soit que la continuité de ce qu'il connait déjà. Le but, c'est d'ajouter un max de prévisibilité, le top pour un cheval anxieux. Et Vainqueur a été vraiment super. On a eu un cheval qui explore, qui avance calmement, qui fait des propositions, qui écoute... C'était vraiment incroyable. Pour l'instant, on reste dans une petite zone collée au paddock pour y aller tranquillement. On renforce aussi chaque levé de tête avec des carottes pour qu'il comprenne qu'on est cool aussi, que demander de lever la tête de l'herbe ce n'est pas forcément la fin du monde. Ce n'est que le début évidemment, mais on est sorti samedi après-midi et ce dimanche matin et il nous a proposé que de belles choses. C'est prometteur pour la suite et puis... Tellement soulageant de voir que quelque chose fonctionne..! On reprend un peu espoir et on est prête à savourer cette nouvelle relation plus saine qui s'installe avec lui.
D'ailleurs, je me permets de transposer les mots de notre amie comportementaliste à propos de nos deux séances de ce weekend, parce qu'ils sont très justes :
"En regardant ce type de séances, on pourrait aisément croire que ça n'a aucun intérêt, parce qu'il 'ne se passe rien'. Mais en fait, c'est un condensé de plein d'informations enregistrées et de compétences acquises :
- Observer son environnement et prendre le temps de l'analyser calmement
- Être capable de s'apaiser rapidement après un stresseur imprévu dans l'environnement
- Se déplacer calmement entre 2 zones d'herbe
- Savoir rester dans une zone confortable (ça peut paraître banal, mais ça ne l'est vraiment pas pour les chevaux qui comme Vainqueur peuvent avoir tendance à aller eux mêmes en dehors de leur zone de confort et à se retrouver dans des situations difficiles)
Quand il ne se passe rien, il se passe tout. C'est là que tout se construit."
Tout roule toujours pour Vainqueur ! On continue les sorties chaque weekend, globalement dès que les conditions sont réunies (pas trop de vent, poney apaisé,...) et comme c'est le printemps, elles le sont souvent !
La métamorphose de Vainqueur est vraiment flagrante et ça fait tellement de bien de le voir calme et apaisé. On a eu un samedi exceptionnel ou après une sortie qui s'est super bien déroulée, on lui a proposé une séance grattage avec la brosse à crin puisqu'il était en pleine mue. Lui qui déteste qu'on le brosse habituellement a accepté pour une fois, et en a même redemandé. Il était à deux doigts de s'endormir, c'était vraiment un moment magique. Lui qui nous a habitué à toujours être très haut en énergie, ces moments d'apaisement sont chaque fois merveilleux, tant pour l'apaisement en lui même que pour l'accomplissement de tout un chemin parcouru.
On n'a plus rappelé notre amie comportementaliste qui nous a dit qu'on avait toutes les clés pour se débrouiller toutes seules et, pour l'instant, on ne se sent en effet pas trop dépassée. On continue d'échanger avec elle sur les sorties de Vainqueur de toute manière. Notre règle d'or est vraiment d'aller lentement, c'est pourquoi on a passé plusieurs semaines dans le même endroit. Et ça semble bien marcher. Notre poney qui pouvait balancer les antérieurs s'il y avait trop de stimulations a parfaitement géré un après-midi où les copines du paddock (qui sont juste à côté pour rappel) ont trotté de stress. On a raccourci la sortie pour ne pas prendre le risque de dépasser son seuil d'acceptation, mais il a parfaitement contrôlé ses émotions !
Depuis peu, on met les tas de foin (qu'en général il ne mange pas, mais ça fait des repères visuels rassurants, il vient quand même souvent mettre son nez dessus) un peu plus loin pour l'encourager à explorer s'il en a envie. Chose qu'il a finie par faire, à son rythme. Rien que le fait qu'il respecte son rythme est un miracle. (enfin je devrais dire du travail, du travail bien sûr !!). La dernière fois, on a pu sortir par une porte et rentrée par une autre, c'était la première fois qu'on sortait vraiment longtemps du carré d'herbe collé au pp, même si le chemin parcouru ne s'en éloignait pas vraiment.
Parallèlement à ça, Chloé travaille beaucoup la réponse à la longe. Il y a du bon, on est sur la bonne voie, mais ce n'est pas encore parfait et on ne s'éloignera pas plus des bords du paddock tant que ce ne sera pas vraiment acquis, pour la sécurité de tout le monde. Dehors, on travaille aux carottes et plus au bouchon de foin, pour que ce soit plus appétant par rapport à l'herbe. On lui demande de lever la tête en disant "1...2...3... On lève ?" comme ça il peut anticiper la demande et attraper ses dernières bouchées s'il le souhaite. Ce n'est évidemment pas encore parfait parce que le travail de l'herbe prend du temps, mais on a quelques réponses sympa ! Il a bien compris le code en tout cas. De manière général, il reste beaucoup plus lourd sur la longe dehors par rapport à l'intérieur, ses réponses sont moins fines, mais ça finira par venir à force de travail !
Je vous laisse avec quelques vidéos. Les premières sont justes des plans de Vainqueur qui broute en étant détendu, l'avant dernière c'est lui qui gère super bien alors qu'on s'est éloigné de la zone confort et qu'il y a le bruit du quad qui peut faire peur, et la dernière c'est lui qui rentre comme un roi alors qu'on a connu des périodes où il bloquait et reculait devant la porte ! D'ailleurs pour la précision, sur la vidéo Chloé met une tension sur la longe mais elle ne tire pas ni ne monte en phase, on utilise le leurre s'il ne répond pas à la tension de la longe.
D'ailleurs n'hésitez pas à partager vos ressentis sur Vainqueur en vidéo, si jamais quelque chose vous interpelle que nous n'aurions pas vu, ou juste si vous le trouvez apaisé aussi, c'est toujours intéressant !
vinciao Je pense que c'est celui que je connais ^^
Il a été élevé en semi liberté. Comme on dit dans leur montagne. Attrapé à 2ans avec d'autres. Un ami l'achète juste licolé.
Mon ami c'est un homme de 50ans qui a fait 3ans de balades dans un centre d'extérieur sur des comtois. Lui son rêve c'est un gentil gros loulou pour visiter le monde en rando.
Vainqueur est facile au pré. Il accepte le licol, pansage. Mon ami vient 2x par semaine pour le brosser et donner des carottes dans le pré. Sans aucun travail car il n'y connait rien.
De ce fait il prend une dp qui a fait l'école de levier.
Elle va y aller 3x par semaine pour le débourrer.
Le travail se passe dans un calme olympien. Il est mou mais très bien. Un poil mordeur car papa carottes x100000. Le truc principal étant que la carrière donne sur le pré. Le travail à pieds et en selle impecc, ils décident de faire sa première sortie. Impossible de faire 10m. Demi tour, se lève, écart, sueur, prend la main, veut virer.
La dp décide de sortir avec un autre cheval. C'est rocambolesque. Mais possible. Les sorties accompagnée sont ok. C'est le proprio qui monte. Vainqueur lui en a fait voir sur 100m qu'il n'a plus osé monter. La dp à essayer 1an même à pieds de m'éloigner des copains. Mais grégaire il est très difficile pour lui d'être sans un cheval en vu.
Il est donc vendu pour vivre avec d'autres chevaux. Je ne savais pas en club mais pour son bien être psychologique c'est finalement un bien qu'il soit au travail en groupe.
Hello ! Je te réponds car c'est moi l'humaine principale de Vainqueur et celle qui l'a connu il y a douze ans !
Le comportement monté correspond à ce que tu décris de lui : le côté mou, tranquille, pépère... Quand il est arrivé au club, il a été (re)débourré et ce qui m'a marquée avec mes yeux d'enfant étaient le fait qu'il s'arrêtait beaucoup "pour regarder les papillons" je disais.
En club, il ne sortait jamais seul donc je n'ai jamais expérimenté cela mais il sortait très bien en groupe. Pas l'assurance vie imperturbable mais pour la peureuse que j'étais, ça allait quand même.
Cependant, là où je peux douter qu'il s'agisse du même cheval est sur le fait que Vainqueur ne s'appelle pas officiellement Vainqueur même si ça fait des années qu'il est appelé ainsi.
Est-ce que tu es en contact avec ton ami ? J'aimerais beaucoup voir des photos de lui à deux ans, si c'est possible. :)