L'histoire d'Honnête.
Fin 2020, je décide d'acheter mon premier cheval. Ou plus exactement, mon mari m'offre mon premier cheval.
Je me lance donc dans des recherches avec des critères précis : juments, min 1m50, parfaitement débourrée et Ok jeune cavalier.
Bon, vu notre budget à l'époque, je ne trouvais que des réformés de courses, des jeunes tout juste débourrés ou les fameux vieux chevaux que les gens placent "à contre coeur dans un bonne famille"...
Ne voulant pas prendre le risque de tomber sur un cheval fracassé pas sa vie de courses ou un vieux plein d'arthrose, je me suis plutôt orientée vers les jeunes chevaux. Pari risqué avec mon petit galop 3, mais je me rassurais en me disant que j'étais bien encadrée.
Après plusieurs visites je finis par avoir un vrai coup de coeur. Mais la jument arrivait d'Espagne complément traumatisée, donc je décide de renoncer.
Peu de temps après, je tombe sur une annonce lbc pour une jeune jument. 3ans, débourrée, décrite comme facile. Je programme une visite. Bon clairement la jument n'est pas belle, trop fine, une peu trop petite. La propriétaire la sort, me la présente en longe puis montée. A mon tour je la monte en carrière, puis nous partons en balade. Deux heures, en plein coeur de la camargue. La jument se comporte parfaitement !
Après quelques jours de réflexion, je me décide, ce sera elle.
Pour moi c'est le choix de raison au vu de son comportement lors de l'essai.
Une quinzaine de jours après, juste avant Noël, Honnête arrive à la pension. Et là c'est la douche froide! La jument est inappochable.
Je lui laisse quelques jours pour prendre ses marques, mais pas d'amélioration. Clairement, elle est terrifiée de l'humain!
A force de rester dans son paddock, à la récompenser dès qu'elle montre un peu de curiosité envers moi, je finis par pouvoir l'approcher et lui passer le licol. Et pouvoir la toucher. Mais, deuxième déconvenue, elle ne donne pas les pieds... Bon, pas grave, elle apprendra.
Mi janvier, la gérante de la pension me dit qu'elle trouve ma jument bizarre, elle a pris un peu de bide, elle suspecte qu'elle soit pleine. Pour moi c'est inconcevable. La jument a à peine trois ans, et n'est pas censée avoir été en contact avec des étalons. On programme donc un rdv avec un vétérinaire pour s'assurer que tout va bien.
Bon, clairement, le véto est suicidaire... On a pas de barre d'écho à l'écurie, je ne connais pas encore bien la jument, mais il y va franco. Il enfile son gant et hop! Son bras disparaît jusqu'à l'épaule dans la jument et le verdict tombe. Dans un mois j'ai un poulain. C'est le choc. Comment c'est possible ? Fin décembre la jument était toute fine et là on me dit que dans un mois maximum elle met bas?!
J'appelle la vendeuse, je lui explique la situation. Elle ne comprends pas. Elle a eu la jument seulement six mois pour le débourrage donc ça n'est pas arrivé chez elle. Elle me propose de reprendre la jument ou de m'aider à placer le poulain si je souhaite garder la jument. Mais c'est trop tard. Cette jument pour qui je n'avais pas eu de coup de coeur, je commence à m'y attacher !
Bon, en attendant, je n'ai aucune expérience dans les poulinages. Et à la pension ils n'ont eu qu'une seule naissance surprise il y a longtemps. Donc on s'organise. On sépare la jument de son copain pour les mettre en fil à fil et on démarre une complémentation pour essayer de limiter les dégâts. En parallèle, avec ma coach, on essaye d'habituer la jument à être manipulée le plus possible pour pouvoir faciliter les soins en cas de pépin.
Le jeudi 18 février 2021, alors que j'étais au travail, je reçois un appel. Quand les gérantes sont arrivées le matin, Honnête n'était plus toute seule dans son parc! Elle avait mis bas dans la nuit, toute seule, d'une immense pouliche. Je ne m'y attendais pas car la veille j'avais envoyé des photos des mamelles au vétérinaire, qui m'avait dit que ça ne serait pas pour tout de suite, qu'elle n'était pas prête.
C'est donc une deuxième aventure qui démarre, en parallèle.
Rapidement, on réintègre le copain de parc d'Honnête afin qu'elle ne soit plus seule et que Constance ait un tonton.
Honnête s'est révélée, malgré son jeune âge, une excellente maman.
Toute cette période a été une énorme période de stress. Mais finalement, la chance a été avec nous.
Pendant quelques mois, j'ai donc laissé Honnête tranquille avec sa fille. Je me contentais juste de me poser dans le parc et lui faire des grattes-grattes.
Après quelques mois, on a repris la rééducation à pied, dans le parc, avec sa pouliche. Puis, progressivement, en dehors du parc avec des séparations très courtes avec Constance.
Au bout d'un peu plus d'un ans et après le sevrage de Constance, le jours j arrive enfin ! Je vais pouvoir montrer Honnête. Évidemment, au préalable, on avait rebossé toutes les bases à pied avec ma coach: la désensibilisation, les mobilisations de hanches, d'épaules, le reculer, etc.
On se lance donc dans une séance de préparation à la monte avec une mise en route à pied et une séance de désensibilisation au montoir. La jument se comporte bien, ne bouge pas. Je fais le sac à patate, tout va bien. En même temps, elle a déjà eu des cavaliers sur le dos vue qu'elle a été débourrée et que je l'ai déjà montée lors de l'essai.
Confiante, je décide de passer à l'étape au dessus et passer ma jambe pour m'asseoir dans la selle. Et là, j'ai enfourché un bronco! Honnête m'a dégagée comme une m**** !
Bon, le constat est clair, c'est toute le débourrage qui est à reprendre !
Nous voilà donc parties dans des mois de travail à pied, et de re-débourrage.
En parallèle, notre prof nous fait découvrir l'equifeel. Une révélation pour nous! Cela nous a permis de faire du travail à pied de façon ludique et nous a clairement fait progresser toutes les deux.
Fin 2022, nous sommes enfin en mesure d'intégrer les cours collectif au club, qu'ils soit à pied ou montés.
En parallèle, nouveau changement de vie pour mon mari et moi, nous achetons une maison dans le Var avec un grand terrain, dans l'idée d'y mettre les chevaux un jour. En attendant, les juments restent en pension, mais cela m'oblige à faire 1h15 de route pour aller les voir. C'est vraiment difficile.
Printemps 2023, ça y est, nous sommes prêts, les juments arrivent enfin à la maison. Quel bonheur ! Mais, grosse frustration aussi. Honnête est extrêmement stressée en extérieur, impossible de sortir en balade, même en main.
Je trouve donc une nouvelle prof qui vient nous donner des cours à la maison. Elle nous a permis de bien progresser dans la gestion des émotions et nous a permis de pouvoir commencer à sortir en balade.
Et, clairement, le fait de les avoir à la maison a aussi énormément renforcé ma relation avec Honnête.
Nous avons été accompagnées par cette super prof jusqu'en 2024. Puis, question de budget, j'ai préféré me rendre une fois par mois dans une écurie avec Honnête pour continuer de progresser.
Depuis qu'Honnête est dans le Var, nous avons découvert ensemble le mountain trail et le TREC. Honnête étant une jument très sur l'oeil, ces deux disciplines nous ont beaucoup aidées.
Maintenant, nous sortons en concours en mountain trail, en TREC et en equifeel, mais avec juste comme objectif d'évaluer nos progrès à toutes les deux (de toute façon, on est souvent au fond du classement

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Au village on s'est fait un bon groupe de copines pour sortir en balade à plusieurs. Et les concours nous ont aussi permis de faire de belles rencontres humaines et équines.
En 2025, nous avons été faire notre première randonnée en itinérance. Le tour du Marguareis, avec une copine et son poney. Le rêve absolu !
Et nous avons encore plein de projets en tête pour les mois et les années à venir.
Avec toutes ces aventures, cette petite jument, pour qui je n'avais pas eu de coup de coeur, est clairement devenue LA jument de ma vie.
Quand je l'ai rencontrée, je n'imaginais pas à quelle point elle allait bouleverser ma vie.
