paulimer
Je te rejoins sur pas mal de points mais ne partage pas toutes tes analyses.
Citation :
Exemple tout con mais la protection de ressources n'est pas observée chez les chevaux sauvages alors qu'elle est quasiment omniprésente chez les chevaux domestiques. Ce serait donc hyper culottée de ma part de gueuler sur mon cheval qui m'oppresse quand j'arrive avec sa ration alors que c'est de MA faute s'il a ses comportements là.
La protection des ressources se manifeste surtout en cas de pénurie (par exemple surnombre de chevaux par rapport aux ressources dispo ou pas de ressources ou 1 ou plusieurs besoins insuffisamment satisfaits conduisant à une exacerbation du comportement)
Je n'observe pas de conflits omniprésents chez les chevaux domestiques vivant dans de bonnes conditions parce que justement il n'y a pas de pénuries (ni en eau, ni en nourriture, ni en abris, ni en surface disponible ) A partir de là, le cheval n'a aucune raison de bousculer quand la ration arrive puisqu'il n'est pas en compétition ni en manque. S'il le fait il me met en danger et pour moi il ne s'agit que d'un manque de repère dans l'interaction cheval:humain. Donc, je lui apprend la conduite à tenir et il n'y a pas du tout besoin de punir pour se faire
Est-ce qu'il faut accepter de se faire bousculer par culpabilité de la situation vécu par le cheval ? J'avoue que je ne comprends pas l'intérêt. Ni pour le cheval qui n'accède pas à ces informations (qui est responsable de sa situation et cette personne responsable culpabilise), ni pour la personne qui se met donc en situation à risque et laisse prendre au cheval une habitude pouvant aussi porter préjudice à d'autres personnes.
Finalement, le cheval n'apprend pas à prendre garde aux personnes même quand il y a de la bouffe en jeu, c'est dangereux. Tout ça parce que la personne qui le détient culpabilise de le détenir.

Vraiment je ne comprends pas la logique.
Citation :
Je trouve que le monde est assez difficile pour ne pas volontairement y ajouter de l'inconfort. Ils sont en effet confrontés à des situations inconfortables régulièrement, des situations auxquelles je ne peux rien faire, donc j'estime qu'il est de mon devoir de ne pas en ajouter lorsque je peux faire autrement.
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Mais aussi parce que j'ai une conscience morale probablement supérieure à la leur et je sais quelles conséquences peuvent avoir mes actes donc je refuse de leur provoquer des souffrances psychiques et physiques, même minimes, à partir du moment où je suis capable de faire autrement.
je suis infiniment d'accord avec cela.
Cette considération me conduit à rationnaliser mes décisions pour qu'elles prennent du sens dans le champ de perception du cheval à qui je m'adresse. Il y a donc toutes les dimensions morales et d'anticipations auxquelles j'accède, qui doivent m'aider à faire des choix raisonnables et adaptés, et toutes les dimensions auxquelles le cheval accède qui vont être pragmatiques, factuelles, émotionnelles, complétement ancrées dans son référenciel.
Citation :
l'argument sur ce qu'ils se font entre eux justifierait bien des violences.
Je trouve qu'il y a effectivement des biais énormes sur cet argument, qu'il soit mis en avant pour justifier la violence ou pour la dénoncer.
L'idée serait plutôt pour moi que :
1/ le choix de la réprimande n'est pas hors sol si on considère que la pose de limites, l'apprentissage de la frustration et de la maitrise de ses comportements sociaux fait partie intégrante de la bonne construction sociale de tout être vivant.
2/la réprimande n'est pas obligatoirement un acte brutal étalonné sur ce que les chevaux peuvent s'infliger entre eux. Elle peut se manifester avec nuance, sans violence, pédagogiquement et sans user des méthodes les plus brutales existantes au sein de l'espèce à qui on a à faire.
Par exemple avec un simple mouvement de tête ou posture d'encolure ou façon de se diriger vers un congénère, un cheval posera des limites à un autre cheval et cela suffira amplement. C'est furtif, non délétère, clair, utilisé avec discernement. Pour moi ce genre de langage est transposable dans l'interaction humain/équin, efficace et je ne le considère absolument pas comme une maltraitance. Le "non" s'apprend aussi et n'a pas besoin d'être crié ou agressif. C'est un son qui ne représente rien au départ pour l'animal. Utilisé de façon cohérente, en répétition et avec opportunisme dans l'apprentissage, sans aucune violence associée, il prendra son sens de pose de limites, au même titre que le cheval mémorisera n'importe quel autre mot associé à une expérience répétée pour n'importe quel autre comportement attendu. Il s'agit d'être opportuniste dans différentes situations pour instaurer un langage commun.
Citation :
je ne vois pas en quoi ce serait un problème de leur mettre une petite gifle ou de leur dire que ce sont des merdes. Après tout, entre eux, ils se font bien pires !
Pour moi il y a dans ton propos l'ajout une dimension de jugement de l'autre à travers l'acte qui n'a pas de place dans la notion de punition. Et c'est aussi pour moi toute la différence entre une perception humaine des choses colorée d'une subjectivité délétère (culpabilité, méchanceté, égo, dépendance affective, que sais-je ...) qui empêche le choix d'une action proportionnée et justifiée. C'est ce qui, à mon sens, nourrit des interprétations et de la rancunes dans un fonctionnement humain, alors que les animaux ont une gestion bien plus objective de leurs expériences. C'est d'ailleurs aussi pour cela que toutes les erreurs de graduations des interactions nourrissent ensuite des comportements de défiance, de fuite, de rejet au lieu de développer des relations de coopération, de confiance, d'attachement.
Quand un cheval mord un autre cheval, il lui dit juste de dégager. Il ne porte pas de jugement sur l'autre. Celui qui est mordu comprend très bien le message envoyé qui est factuel : dégage. S'il dégage, fin de l'échange. La minute suivante on peut les retrouver en grooming ou broutant la même touffe d'herbe. En général d'ailleurs, dans de bonnes conditions de vie, les chevaux en arrive rarement à s'atteindre physiquement pour se comprendre.
Attention, je ne donne pas cet exemple pour dire qu'on peut mordre son cheval ou le frapper parce qu'ils le font parfois entre eux

Je dis juste qu'ajouter une dimension méprisante, insultante ou rabaissante ou tout autre interprétation dégradante est pour moi l'exact exemple de la punition traduisant le manque de maitrise et souvent associé d'ailleurs à l'intention de faire mal. Pour moi là s'exprime aussi la maltraitance. Ce qui manque souvent dans les relations humains/équins dès le départ c'est la capacité de lecture de l'humain sur le cheval pour tout de suite développer des règles d'interaction en usant d'un langage corporel simple, clair et nuancé.
Comme tu l'as très bien expliqué, tout cela appelle aussi la considération de la sensibilité de chaque individu.