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Le pur-sang arabe est-il pur?
Posté le 15/12/2011 à 20h21
fedaia
Posté le 15/12/2011 à 20h21
En fait 97% des chevaux arabes ne sont maintenant plus des PUR sang arabe, mais un croisement à fort pourcentage d'arabe.
Je m'explique, l'appelation a été gardée alors qu'un apport de sang étranger a été fait .
On retrouve ainsi dans l'histoire plusieurs types d'apport de sang étranger en Occident.
Tout d'abord à la base
Le bédouin fonctionne en terme de respect. Si autant pour lui trahir un ami est inenvisageable, arnaquer un occidental plein de morgue est une autre affaire. Un certain nombre de pays occidentaux ont envoyé des missions d'achat dans les pays du Golfe persique. Autant certaines étaient sérieuses, autant d'autres étaient conduites par des personnes pour lesquelles les "autochtones" ne ressentaient aucune affinité. Certains repartirent donc avec un cheval non arabe au prix d'un cheval du plus noble sang. De l'argent facile, et pour les bédouins, et pour les maquignons en bordure du désert, puisque différentes missions ne sont pas allées plus loin que la bordure du désert, là où les meilleurs chevaux ne faisaient que passer.
Ce fut donc dans l'histoire de l'élevage du pur-sang arabe le 1er apport de sang étranger.
Le deuxième se fit principalement en Europe de l'Est. Suite aux guerres, les chevaux arabes furent décimés. Des haras d'état faisant à la fois l'élevage de chevaux arabes de sang pur, et l'élevage de croisement issus d'arabe, lâchèrent leurs chevaux afin de leur donner une chance de survie. Noble geste. La suite l'est moins. A la fin de la guerre, tous les chevaux furent repris, le cheval arabe étant déjà plus rentables que ses homologues issus d'arabe, tous les chevaux repris furent donc qualifiés de PUR SANG arabe afin que la race puissent avoir dans ces pays un effectif suffisant. On retrouve donc dans le pédigrée "réel" du chef de race des élevages polonais, russes, du PS, du cheval turkmene, de la jument "autochtone", et du PSAR.
La lignée de cet étalon a été exportée vers l'Espagne et l'Angleterre, où il a été marié avec des juments pur-sang arabes (et ds le papier, et par les faits), de là l'apport de sang étranger venu d'Europe de l'Est s'est propagé dans les lignées de Crabbet Park, et dans les lignées espagnoles, qui sont donc devenues de facto, des chevaux dits pur-sang arabe dans le papier, mais plus dans la réalité. Ces chevaux sont maintenant exportés vers des pays du berceau de race , où ils sont là encore mariés avec des juments de lignée indemne de tout croisement.
Nouvel apport de sang étranger dans des pays jusque là indemnes, et nouvelle disparition d'un pool génétique de PUR SANG arabes.
Le dernier apport est français et a été effectué de façon massive. Avant le typagne ADN, obligatoire pour chaque produit inscrit au stud book français du cheval arabe, le monde des courses hippiques faisait loi dans l'élevage du cheval arabe en France. PS, anglo, et PSAR courraient les mêmes courses, mais les PSAR bénéficiaient d'un avantage contre les anglo, eux-mêmes bénéficiant d'un avantage contre les PS. Etre un PSAR était donc un avantage. Certains éleveurs eurent donc l'idée de déclarer la saillie d'une jument PSAR au nom d'un étalon PSAR, alors même qu'elle avait été saillie par un étalon PS ou anglo. De cette façon le produit, déclaré pur-sang arabe, étant en réalité anglo, bénéficiait des avantages réservés à l'arabe, mais avait la taille et la stature d'un anglo. C'est une fraude, mais à une époque, ce fut une pratique courante, qui fut même encouragée par les HN. Ce fut donc le dernier apprt de sang étranger au pur-sang arabe, avec une conservation du nom pur-sang arabe, et de la croyance que les chevaux arabes occidentaux descendaient en droite ligne des chevaux du désert. Ces chevaux furent beaucoup exportés au Maghreb à partir des années 1960-1970, mariés là-bas à des juments pures, ce fut une nouvelle disparition d'un pool génétique indemne de tout croisement hors race.
Il est fréquent de voir un éleveur jouer sur ce fantasme, le beau cheval arabe dans les dunes d'Arabie. En fait ce n'est plus que ça, un fantasme. 97% des chevaux ayant un carnet de PSAR sont, dans les faits, des DSA. Je ne nie pas les qualités de ces chevaux, ils en ont c'est indéniable.
Je trouve par contre d'une part, dommageable que les personnes ayant des chevaux arabes, ne soient pas au courant de ce fait, et que ce soit gardé par les professionnels comme un secret de polichinelle, d'autre part je trouve dommage que les quelques propriétaires, qui sans le savoir ont une perle dans leur pré, ne soient pas conscient du fait qu'ils ont un cheval ayant un patrimoine génétique rare, et ne puissent pas ainsi, en connaissance de cause, faire le choix de le préserver, ou de le mélanger.
C'est une question de choix, mais si autant pour certains cela n'a aucune importance, autant pour d'autres cela a été une déception de savoir que la fierté qu'ils avaient de posséder un PUR SANG arabe, de préserver une race chère à leur coeur, n'était en fait qu'une supercherie.
En France, il y a moins de 200 chevaux pur-sang arabes, indemnes de tout croisement extérieur à la race arabe, des égyptiens ou issus des pays du Maghreb, mais dont les ascendants furent importés avant les années 60 ou 70. Dans d'autres pays on atteint le chiffre de 0. Et ce sont pourtant des pays reconnus en matière d'élevage de chevaux de race arabe. D'année en année, le pool génétique se disloque, et se réduit, et ça personne ne le sait. Par contre, le nombre de naissances de chevaux avec des papiers d'arabe, est lui, en grosse augmentation. Quel paradoxe !
Le paradoxe va jusqu'au fait que des chevaux pur-sang arabes sont exclus des stud-books, notamment dans les pays de la Péninsule Arabique, non plus pour des raisons de méconnaissance, mais pour des raisons politiques ou financières, ou non inscrits car un cheval de valeur serait dévoilé, et livré ainsi à la cupidité de certains.
On a donc des chevaux croisés dits PSAR, principalement en Occident et des chevaux PSAR dits croisés dans certains, pays d'Orient, une appelation qui ne veut plus dire grand chose, et un pool génétique indemne de tout croisement qui s'amenuise, sur une "race" en expansion démographique