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Le pur-sang arabe est-il pur?
Posté le 12/10/2013 à 18h46
fedaia
Posté le 12/10/2013 à 18h46
Non ce ne sont pas les lignées qui déterminent de façon unique des capacités sous la selle. Mais également la sélection (et pour beaucoup).
De la même façon que pour toutes les espèces, la sélection (et encore plus dans l'élevage des espèces domestiquées), si je sélectionne une certaine orientation d'épaule, certaines allures, certaines inclinaisons d'arrière-mains parce qu'elles correspondent à ce que moi je recherche, je gagnerais certaines qualités, et j'en perdrais d'autres, parce que certaines sont antinomiques.
Ainsi une épaule droite qui donne plus de rebond (recherché dans le show actuellement) et une épaule oblique qui donne plus d'allonge mais des allures plus rasantes (recherché en course/endurance actuellement) sont impossibles à cumuler chez un même cheval.
Pour ça que certaines lignées se spécialisent et qu'on voit de plus en plus de lignées course en endurance, et que les champions des hippodromes russes ne font pas de vieux os face à un fils de Dormane sur un champ de course, ils sont peut-être plus "polyvalents" (show/course) mais globalement moins spécialisés, et donc moins performants dans une discipline donnée. Après il y aura toujours l'exception qui confirme la règle (exemple: Panama de Cassou, une génétique orientée en partie course, et un champion de CSO).
Après quel est l'avantage, une meilleure force génétique dans le croisement.
On va imaginer un exemple avec un critère plus démonstratif, imaginons que tu veuilles avoir un cheval pie. Tu auras plus de chance de l'avoir avec un cheval dont les 2 ascendants sont pies, et sans test génétique, plus tu auras d'ascendant pie, plus la probabilité d'avoir une génétique qui va tirer dans le même sens sera importante. L'avantage de l'asil (dixit un tenancier de station de monte qui a accueilli x étalons arabes), c'est que la génétique étant plus homogène, la transmission des gènes l'est plus. Pas de risque de voir naître un poulain qui ressemblera plus à un PS, un shagya, un cheval de selle d'Europe de l'Est.
On sait qu'en génétique, une caractéristique, un gène ne disparaît jamais complètement, il se dilue, et qu'il peut s'exprimer avec plus ou moins de force. Le fait de limiter (ou d'éliminer les croisements hors race) permet donc de limiter ces retours en force de caractéristiques hors race, et donc d'avoir une force dans le croisement, puisque TOUTE la génétique tire dans le même sens.
Les bédouins étaient (et sont encore pour beaucoup)des "préservationnistes", d'ailleurs tout dans leur culture, leur religion, est faite pour préserver le cheval arabe de tout mélange, d'une part par l'isolement dû à son environnement, le désert, d'autre part par sa religion (Mahomet cultivait l'élevage du cheval arabe asil, l'encourageant notamment par une meilleure part lors des razzias, ou des guerres de religion, pour les cavaliers de chevaux arabes asil, la meilleure part étant attribuée aux chevaux eux-mêmes), d'autre part par la relation que le bédouin établit avec son cheval, le cheval ne peut survivre sans l'homme dans cet environnement hostile, l'homme ne peut survivre au sein d'un peuple guerrier sans son cheval, il y a donc une forte relation d'interdépendance, une forte promiscuité homme/cheval qui a doté le cheval arabe d'une intelligence vive. Il n'est ni un cheval de bât, ni un animal de travail, mais un alter ego dans la lutte pour la survie (chasse et guerre). Il est d'ailleurs considéré comme un animal "noble" au même titre que le lévrier, le faucon ou le mehari.
L'arabe asil a 2000 ans de sélection dans une même direction, 2000 ans d'histoire, 2000 ans de connivence avec l'homme. C'est un non-sens de penser que cela n'a pas marqué la race, ni dans sa génétique, ni dans son mental, ni que l'apport d'une autre génétique ne peut pas la modifier, ou alors on considère aussi qu'un élevage de coyotes peut faire en quelques générations seulement un formidable chien de berger, ou qu'en introduisant un coyote dans un élevage de teckels LOF, on aura jamais la surprise de voir apparaître un mini coyote ou des caractéristiques visibles du coyote, tant au niveau du mental que du physique.
Tout ça ce sont juste des grandes lois de la nature, la génétique, la force de l'environnement sur le phénotype autant que sur le génotype pour favoriser l'adaptation à celui-ci, et la force de la sélection naturelle et/ou humaine sur une race ou une espèce donnée.
Après certains préféreront le cheval arabe à la mode bédouine, autant dans sa génétique, que dans son mental, et d'autres le cheval arabe à l'occidentale. Personnellement, moins y'a d'Occident, plus j'apprécie, sinon je me tournerais vers le SF. Mais après c'est une question de goût.