Salut Maroche,
Je vois bien ton problème, dehors Qat fait exactement la même chose et j'y bosse depuis... des années.
Pour te donner une idée moi une fois je me suis acculée dans le chemin du tour de Fringuant qui débouche sur la route menant ensuite à la rivière: à savoir, donc, le chemin ouvert sur un ravin qui tombe directement en contre-bas, sur la route. Je peux te dire que ce jour là j'ai mis pied à terre TRES vite.
C'est une défense d'acculement. Ca part d'un refus du mouvement en avant qui se déclenche en bloquant une épaule et le postérieur opposé: le cheval recule en pivotant d'un côté (Qat elle, elle tourne à gauche en faisant ça et si tu essaies de tourner à droite, tu recules un peu plus).
J'ai mis du temps à piger et peu à peu ça va mieux, cependant elle peut encore gagner car en plus de faire ça c'est un poney, donc elle est futée et donc elle sait que si elle recule dans un fossé ou du barbelé je n'ai pas d'autre choix que de descendre. Par contre laisse moi te dire que si je descend, elle prend une grosse torgnole une fois que je suis par terre, avec en prime un peu de travail à pied, avant que je revienne au point de départ et que je remonte.
Il y a par ici un hameau dans lequel je me suis parfois tellement acculé que j'ai mis près de 45 minutes à le traverser (il fait à peu près 300 m de long). Elle s'accule dans les recoins de murs et une fois qu'elle a le Q collé au mur elle ne bouge plus.
Par contre elle ne se lève quasiment pas je dirais, il faut la fâcher très fort.
L'outil de neutralisation de l'acculement est le même que celui du cabrer: opposer les épaules aux hanches. Quand le cheval entame le reculer, TRES TRES FORT PLI et tu fais tourner sur place, le stick aux fesses côté interne, ça a pour effet d'engager fort le post interne et ça remet en avant. Ce mouvement est aussi celui qu'on utilise pour faire tourner le cheval à l'attache, le faire pivoter quand on le met au pré ou au box. L'idée est toujours de veiller à ce que ce mouvement se fasse dans l'idée d'aller vers l'avant à savoir avec le post interne qui passe devant.
Ca débloque l'épaule et les post, et c'est difficile pour le cheval. Donc ça ne lui plaît pas du tout. N'essaie pas du côté opposé au blocage, donc s'il tourne à droite et que tu vois que tu ne peux pas opposer les hanches aux épaules à gauche, tu le fais à droite, tant pis. Tu vas ainsi empêcher le cheval de rigidifier son épaule et de s'appuyer très fort dessus pour achever son demi-tour.
Quand je dis fort pli c'est le nez contre l'épaule, carrément, et sans ménagement.
Ca peut être radical, demander quelques essais. Pour Qat et son cerveau de poney machiavélique il faut recourir à d'autres ruses aussi. L'une d'elle consiste à laisser faire le reculer. Evidemment ça ne peut se faire que dans un espace sécurisé, donc j'ai déjà eu recours à ça sur un chemin sans fossé, sur le chemin d'accès à ma carrière et même une fois sur une petite route que je sais sans risque, peu passante et avec une très bonne visibilité. Là, épaules derrière (les tiennes) et tu demandes la marche avant fermement y compris avec le stick, et si ça recule, ça recule. Le cheval souvent, se trouve puni par son propre outil et l'abandonne. On le lui a déjà fait en carrière un jour où elle se défendait sur une demande difficile impliquant de céder dans la nuque en engageant fort. On l'a laissée reculer jusqu'à ce qu'elle heurte la lice et ça a été radical (elle a de l'instinct de survie et abandonne si elle touche qqchose). Maintenant pour faire ça il faut connaître le cheval par coeur.
D'une manière générale, tout ça c'est lié à un refus du mouvement en avant, donc avant même que la défense apparaisse, tu dois sentir toute tentative de ralentissement et remettre le gaz, même au pas.
Ca peut aussi passer par des balades où c'est prise du contact, tension de rênes et boulot boulot boulot.
Chez Qat c'est aussi associé à une défense dans la nuque (raidissement pour passer derrière la main très fort) et pour ça j'ai utilisé des rênes allemandes. Je les utilise encore une fois par semaine environ, par contre je n'utilise plus rien à la longe d'autre qu'un licol étho, et je travaille beaucoup sur la cession de nuque (céder à la pression du licol sur la nuque), et beaucoup de déplacement latéral avec un angle fort, en main.
En tous cas bon courage c'est du boulot. C'est une des défenses les pires je trouve, bon certes c'est loin des chevaux qui se lèvent, mais ça peut mettre très vite en grand danger (Lamotte en 2009 je me suis acculée dans des vélos, dans le Beuvron, sur le pont, dans plusieurs chemins, dans une lice sur un carré de répétition, dans la forêt, bref, pas mal de situations vraiment critiques). L'important est d'y réagir vite sinon gare à l'escalade.
Tu dois avoir en permanence avec toi l'idée d'une "boîte à outils" pour réagir. Tu peux accepter un coup de trouille qui génère un blocage du genre un stop, mais le coup de je commence à me tordre et à tourner sur mes post en bloquant mon épaule = une râclée. Sinon risque de finir dans le décor