lanamour Alors c'est difficile d'être synthétique mais je vais essayer ! Et avant de commencer ce message, je peux vous dire qu'entre ce que j'imaginais et projetais de ce rôle de belle mère et ce que j'ai vécu en réalité et ressenti, il y a un monde !
En gros :
- Quand je l'ai rencontré il y a 6 ans, elle avait donc 5 ans. Ses parents étaient séparés depuis 1 an, mais ils s'accordent tous les deux à dire que ce comportement était déjà présent bien avant la séparation, en fait depuis qu'elle était bébé. Elle faisait des colères du diable, hurlait, tapait, mordait, répondait avec une insolence inébranlable, voulait absolument tout décider, ne supportait aucune remarque ni frustration. Ceci avec ses parents, aussi bien qu'avec les autres enfants, l'ensemble des adultes qui l'entourait, et même un inconnu (elle n'avait aucune retenue face à un adulte qu'elle ne connaissait pas par exemple, comme on peut le voir parfois).
- Moi je suis arrivée là dedans avec mes grandes idées sur l'éducation, mes deux parents éducs spés, ma bonne humeur, ma profonde bienveillance, mon amour pour les enfants, et de bonnes compétences en communication. Bref, j'avais envie de bien faire et de développer une super relation avec cette petite fille ! J'ai remonté mes manches et en douceur je me suis attelée à la tâche en pensant à un soucis d'éducation clairement, donc quelque chose qu'on pouvait remettre doucement dans les rails de relations familiales et sociales plus apaisées.
- On a essayé beaucoup beaucoup de choses, on a été suivis avec plusieurs psy, on a fait des tests de potentiel, on a discuté pendant des heures et des heures, on a fait du dessin, on a expliqué, puis on a essayé de ne plus expliquer, on a installé un cadre rassurant, on a dit et répété qu'on l'aimait, on s'est fâché aussi quand ça prenait des proportions délirantes (mensonges démesurés, vols, grosse violence avec d'autres enfants...). Sa mère gérait plus difficilement car pas stable dans une relation, et un caractère beaucoup moins posé que nous. Du coup on a pris la petite une semaine et demi sur deux pendant des années (du lundi au mercredi suivant, et sa mère l'avait seulement du jeudi au dimanche une semaine sur deux).
- Bilan aujourd'hui : pratiquement plus de colères démesurées devant moi, mais ça arrive toujours avec ses parents, à l'école, au centre de loisirs...Mais un comportement qui a évolué vers des choses différentes avec la maturité, mais toujours aussi dérangeantes. Globalement si tu la côtoies, au début tu vois pas le soucis. Puis au bout d'une soirée tu vas commencer à te sentir mal à l'aise mais sans vraiment savoir pourquoi. En fait elle se place dans une posture d'adulte et elle a quelque chose qui te dérange dans sa façon de te parler, son expression de visage, etc.
- On a fini par avoir une place au CMP il y a trois ans, on l'a changé d'école il y a deux ans pour lui donner une chance de "repartir à zéro" avec des enfants et des profs qui ne l'a connaissait pas. Elle a d'ailleurs une super maitresse depuis 2 ans. Voici le diagnostic des pédo-psys aujourd'hui, et qui font parfaitement écho à ce qu'on vit au quotidien : ils parlent d'une "sangsue émotionnelle" qui se "nourrit des émotions négatives des autres". Elle cherche en permanence à te faire culpabiliser, te faire sentir mal, car elle a besoin d'absorber du négatif pour se sentir bien elle. Ils parlent d'une énorme faille narcissique. Elle a une relation totalement pathologique au mensonge et peut raconter n'importe quoi. Ils disent que dans l'ensemble des échanges qu'ils ont eu avec elle, jamais ils n'ont pu accéder à une part réelle de remise en question. Elle est profondément incapable aujourd'hui de se remettre en question, et se victimise systématiquement. Quand elle dit quelque chose qui va dans ton sens genre "Je sais que je devrais changer" en fait elle ne fait que répéter ce qu'on lui a dit mais n'incarne absolument pas son propos et retourne systématiquement la conversation pour arriver à "tu vois j'essaye de faire des efforts, je suis une victime et je veux que tu me plaignes". Et on s'est fait avoir des centaines de fois par ce genre de discussion, et systématiquement 2mn après elle te refait un coup pas possible. C'est extrêmement pervers et destructeur car tu finis vraiment par tourner zinzin.
- En fait ils nous la décrivent avec les codes du "pervers narcissique" même si ils n'utilisent pas du tout ce mot là car les psys considèrent que c'est un mot à la mode qui ne veut rien dire. N'empêche que quand tu lis les témoignages de personnes qui côtoient des adultes ou des enfants "pervers narcissique" ben c'est précisément ce qu'on vit nous. Et globalement le bilan aujourd'hui c'est que c'est très ancré en elle, et qu'en tant que "famille" on ne peut rien faire à part l'accompagner en douceur là dedans, et la mettre dans des processus de soin avec des professionnels. Je peux te dire que quand tu finis par entendre ça, ça te déculpabilise énormément déjà de se dire que ce n'est pas juste un "petit soucis d'éducation". C'est vraiment un développement psychologique profondément anormal.
- Du coup elle part en internat en septembre pour sa rentrée en 6ème, avec un accompagnement très poussé dans l'établissement avec éducateurs, psys, etc. L'établissement est top avec beaucoup de choses mises en place en douceur pour éviter les conflits, apaiser les choses, et travailler ensuite sur le psychologique. On a privilégié cette solution à une autre qui nous était proposée par le CMP : l'accueil familial thérapeutique où globalement ton enfant est carrément hébergé dans la famille d'un pro. On verra comment ça se passe, on a pas complètement écarté cette solution, mais elle était plus partante pour le collège (avec pleins d'activités sympas, etc) donc on teste ça.
Clairement si je dois faire un bilan de MOI...Je me suis carrément épuisée à essayer de bien faire, d'accompagner mon chéri là dedans. J'ai carrément retissé les liens avec son ex femme pour que ça se passe bien, pour avancer dans le même sens. J'ai participé aux RDVs, j'ai mis une énergie dingue là dans. Mais en fait on est pas en capacité de régler ses nombreux problèmes nous même, avec nos petites mains. Du coup moi j'en peux plus. Vraiment, je ne compte plus le nombre de fois ces dernières années où je me suis dit "mais en fait pourquoi je vis ça moi ?". Je suis restée parce que j'aime mon chéri à l'infini, et surtout qu'il a accepté que je puisse dire que tout ça me sortait par les yeux, il a accepté que j'ai mon mot à dire, tout ça en échange de mon investissement. Et je peux ajouter aussi que ce sentiment d'épuisement est exacerbé depuis que Tao est arrivé, car l'instinct de "louve" fait que je veux protéger mon fils de tout ça. Et rien que pour ça, je suis extrêmement soulagée qu'elle s'éloigne pour un temps de la cellule familiale et qu'on ne l'ait plus qu'un week end sur deux à partir de septembre. Je veux protéger Tao de ce chaos.
Quand je suis allée voir la kinésiologue j'avais besoin de sortir tout ça auprès d'une personne tiers. Et elle m'a regardé en me disant "en fait je vous arrête tout de suite avec vos phrases un peu enrobée. Vous pouvez parler librement, je SAIS qu'il y a des enfants complètement toxiques, ce n'est pas votre faute et vous avez le droit de dire que vous n'avez plus envie de gérer ça parce que vous gérez déjà tout le reste : une carrière pro, une vie de maman, une vie de femme...Vous avez le droit de dire que actuellement vous ne pouvez plus la voir en peinture car elle vous pourrit la vie, même si ce n'est "qu'une enfant".
agathe90 je suis à 100% d'accord avec ton analyse et celle de
herisson dans un cas classique. C'est précisément comme ça que je voyais les choses en démarrant ma relation avec mon chéri et sa fille. Mais dans le cas où c'est beaucoup plus compliqué que juste les broutilles "normales" et les petits heurts que tout un chacun connait avec ses enfants à un moment ou à un autre...Ben force est de constater qu'entendre "c'est à toi de faire les efforts, ce n'est qu'un enfant", c'est juste pas possible passer un certain stade. C'est extrêmement culpabilisant quand tu as déjà l'impression d'avoir tout donné. Et clairement je peux le dire si aujourd'hui mon homme me disait ça, je partirait sans me retourner. Ce serait nié tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent, et me renvoyer dans les dents un sentiment que je peine déjà à essayer d'effacer car sinon je ne vivrai plus.
mamzellec je ne sais pas quelle part de Lola Rose tu reconnais dans l'énorme pavé que je viens d'écrire. En tout cas j'espère que ça te donne un éclairage différent sur ce que peux potentiellement ressentir ton chéri. D'après moi il a besoin de se sentir soutenu dans ce rôle là, qui est très très complexe. Moi j'ai attendu d'avoir la "carte blanche" de mon chéri pour intervenir auprès de sa fille au début, quand il a constaté que je n'étais ni trop rigide ni trop laxiste, et qu'il partageait ma vision des choses au global. Vous devriez peut être vous mettre d'accord sur certains points entre vous mais devant ta fille, si tu lui fais sentir qu'il ne fait pas bien et qu'elle s'empare de ça, j'ose imaginer qu'il doit se sentir terriblement mal. Un papa et une maman peuvent se contredire devant leur enfant, il les aimera toujours autant et ça lui montre qu'on ne peut ne pas être d'accord mais régler les choses dans le calme. Mais un beau-parent, c'est vraiment différent, surtout avec le type de personnalité que tu décris de ta fille.
Désolée pour l'énorme pavé indigeste. Je peux vous dire une chose : quand dans notre couple on a géré tout ça de front pendant plusieurs années, on avait balayé nos principes d'éducation, de communication, de bienveillance, et nos limites respectives, de long en large. On était globalement sereins sur comment on voyait les choses pour Tao
