Cheval rétif = vice caché ?

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Nardacil

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Cheval rétif = vice caché ?
Posté le 02/03/2015 à 22h24

Tout est dans le titre , la rétivité d'un animal est-elle un vice caché ?

J'explique rapidement le cas :
A achète à B un poulain de deux ans destiné à un amateur éclairé dans le but de faire des concours amateurs .
A a des retours, lors de l'achat puis ensuite par des personnes proches de l'éleveur, disant que le cheval en question est dangereux.

A ne s'affole cependant pas même si l'animal essaie pendant son éducation à plusieurs reprises de taper , mordre et a parfois des réactions tordues.

A débourre le cheval , rien d'alarmant, pas de comportement bizarre.
B récupère le cheval en tout frais tout gain pour la saison des 4 ans .
La saison se passe , le cheval ne fait aucun parcours sans faute , toutefois B assure à A que les fautes faites sont des erreurs de cavaliers.

A récupère le cheval pour l'intersaison et stupéfaction le cheval est devenu rétif .
Impossible à travailler , malgré un check up complet , malgré les différents pro qui lui sont grimpé dessus , rien à faire l'animal a parfois les fils qui se touchent ( pardonnez l'expression) et finira par blesser très gravement A qui se retrouve handicapé.

La question étant donc , A peut-il exiger de B qu'il reprenne le cheval ( au bout d'un peu plus de deux années) sachant qu'il en est l'éleveur puis le cavalier ?

La rétivité d'un animal est-elle un vice cachée , sachant que ce cheval était désigné par plusieurs personnes proches de l'éleveur comme dangereux ?
Le fait que le cheval soit revenu complètement rétif de chez l'éleveur après la saison des 4 ans peut-il aussi jouer sur la situation?

Edité par nardacil le 02-03-2015 à 22h29

Annerobert

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Cheval rétif = vice caché ?
Posté le 03/03/2015 à 14h31

Indépendamment des lois, je me pose quand même une question fondamentale. Lorsqu'on achète un jeune, on n'achète pas un cheval exploitable, on achète un "potentiel", avec tous les risques que ça comporte. Le prix en tiens compte (il va changer radicalement dès que le cheval commence à faire ses preuves). Si on peut remettre en question la vente autant de temps après, ça veut dire que le risque est porté uniquement par l’éleveur. Donc un jour, les éleveurs vont vendre les jeunes au même prix que les adultes (seule différence, les frais de garde, l'immobilisation du capital), ou refuseront de vendre à un amateur. Alors que ça peut être un choix, le gout du jeu, l'envie de façonner à sa façon qui porte l'amateur à acquérir un poulain. Ce choix pourra nous être retiré à force de vouloir toujours trouver un responsable à la mauvaise évolution de la génétique.

Bon dans ce cas précis, c'est le travail de valorisation du 4 ans qui serait sans doute à remettre en question (mais qui peut prouver qu'il n'est pas le résultat d'un débourrage pas correct), et SURTOUT le fait d'avoir rendu le cheval sans mettre en garde sur ses problèmes de dangerosité.

Bosty2

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Cheval rétif = vice caché ?
Posté le 03/03/2015 à 14h35

Ce que je trouve particulier c'est que A ayant acheté le cheval a 2 ans, apprenant apres que le cheval est réputé dangereux le confie quand même au naisseur a 4 ans...

Ecuriessaglini

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Posté le 03/03/2015 à 14h40


bosty2 a écrit le 03/03/2015 à 14h35:
Ce que je trouve particulier c'est que A ayant acheté le cheval a 2 ans, apprenant apres que le cheval est réputé dangereux le confie quand même au naisseur a 4 ans...


Je trouve aussi que la question se pose, le soucis réel venant probablement d'un soucis de gestion. Et puis entre nous, le "pro" en question n'a de pro que le statut administratif, son expérience en compétition et en particulier CC est proche de zéro. Même si ça avait un coté éventuellement pratique, c'est un choix d'autant plus étrange dans le but d'une valorisation.

Deedoocmoi

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Cheval rétif = vice caché ?
Posté le 03/03/2015 à 15h11

Annerobert: en effet si l'éleveur pro doit avoir en permanence une épée de Damoclès au dessus de la tête. Cela crée tout de même un problème certain! Acheter un poulain pour moi c'est toujours accepter une part de risque....Acheter un cheval, c'est toujours accepter une part de risque...

D'autre part, il est vrai que confier la valorisation de son jeune à une personne supposée pas très réglo...Perso, je n'y serais pas revenue non plus...

Je sais qu'en droit le cheval est un meuble mais bon c'est un meuble vivant avec beaucoup de paramètres à prendre en compte

Nardacil

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Posté le 03/03/2015 à 15h13


ecuriessaglini a écrit le 03/03/2015 à 14h40:


Je trouve aussi que la question se pose, le soucis réel venant probablement d'un soucis de gestion. Et puis entre nous, le "pro" en question n'a de pro que le statut administratif, son expérience en compétition et en particulier CC est proche de zéro. Même si ça avait un coté éventuellement pratique, c'est un choix d'autant plus étrange dans le but d'une valorisation.


Tu as fortement raison la dessus mais comme expliqué A n'avait pas les moyens de faire autrement à cette époque étant dans une situation particulière.

Aux dernières news , ce cheval va aller à l'essai dans une écurie de complet, les gens sont prévenus naturellement du comportement de la bête .

A suivre donc , je vous tiens au courant , merci pour vos réponses

Baliverne

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Cheval rétif = vice caché ?
Posté le 03/03/2015 à 17h54

Merci Madstripes pour les éclaircissements.

Pour ce qui est de "l'épée de Damoclès" dont il est question plus haut, corrige moi si je me trompe mais il me semble que les vendeurs animaliers et éleveurs ont réussi à obtenir que la garantie de non-conformité soit carrément supprimée dans la nouvelle loi qui dot s'appliquer (là encore, si je ne me trompe pas) en mars 2016, non?

Madstripes

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Posté le 03/03/2015 à 18h35


baliverne a écrit le 03/03/2015 à 17h54:
Merci @Madstripes pour les éclaircissements.

Pour ce qui est de "l'épée de Damoclès" dont il est question plus haut, corrige moi si je me trompe mais il me semble que les vendeurs animaliers et éleveurs ont réussi à obtenir que la garantie de non-conformité soit carrément supprimée dans la nouvelle loi qui dot s'appliquer (là encore, si je ne me trompe pas) en mars 2016, non?


Baliverne

Oui, c’est vrai, mais l’obligation de conformité du Code de la consommation subsiste pour les ventes antérieures au 15 octobre 2014, la loi qui l’a supprimée n’ayant pas d’effet rétroactif.

J’en profite pour rebondir sur l’obligation du vendeur et sur les remarques que font ici les professionnels.

Je comprends très bien leurs préoccupations pratiques, et en particulier le fait qu’ils ne vendent pas des salades mais des animaux vivants, plus complexes que les autres dans leur évolution, ne serait-ce que parce que nous avons pris la très curieuse habitude de leur monter dessus et de leur faire faire des choses qu’ils ne feraient jamais à l’état naturel.

Mais la conclusion selon laquelle quoi qu’il arrive le vendeur est toujours responsable, serait par trop hâtive.

N’oublions pas que l’acheteur qui pourrait encore engager l’action sur le fondement de la non-conformité parce qu’il a conclu la vente avant le 15 octobre 2014, devrait prouver que la non-conformité qu’il invoque rend le cheval impropre à sa destination, telle qu’elle a été convenue avec le vendeur.

Je prends volontairement un exemple grossier, pour être clair : j’achète un cheval de 20 ans et je dis au vendeur que c’est pour meubler mon pré. Je décide finalement de le mettre au CSO et constate que papy n’a plus le souffle pour boucler un tour. Le vendeur ne me doit aucune espèce de garantie : il m’a vendu un retraité, pas un champion du monde de saut d’obstacles. Par contre, si papy brise systématiquement mes clôtures, ce n’est pas un cheval qui peut rester au pré donc le vendeur est responsable : il ne m’a pas vendu ce que je lui ai commandé.

Et il y a un autre garde-fou, puisque si la non-conformité se révèle postérieurement à un délai de six mois suivant la livraison, l’acheteur doit non seulement prouver la non-conformité, mais également son antériorité par rapport à la vente, ce qui peut se révéler très compliqué.

Maintenant, prenons l’action fondée sur le droit commun de la vente, c’est-à-dire sur la garantie légale des vices cachés. Vous savez qu’il existe une action très particulière, prévue par le Code rural, réservée à la vente d’animaux vivants et ouverte uniquement dans certains cas de vices dits « rédhibitoires », limitativement énumérés.

Cette action est tellement difficile à mettre en œuvre par l’acheteur d’un point de vue procédural, que la Cour de cassation, qui dans un premier temps avait jugé qu’il n’y avait pas d’autre action ouverte à l’acheteur que celle-là (c’était à l’époque ou l’action en non-conformité du Code de la consommation n’existait pas encore), a fini par admettre qu’on puisse invoquer la garantie légale de droit commun, celle prévue par le Code civil.

Mais la Cour a là encore posé des garde-fou : cette action est ouverte à condition que le vice invoqué ne soit pas l’un de ceux énumérés par le Code rural (autrement dit, si on a raté le délai d’action ultra court du Code rural, on ne peut pas se rattraper avec celui plus long du Code civil) et, surtout, il doit concerner un élément du contrat, autrement dit l’existence de ce vice doit priver le cheval d’une qualité que l’acheteur attendait de lui en l’achetant, attente que connaissait le vendeur.

Et là, vous comprenez que l’on aboutit finalement à un système équivalent à l’action en non-conformité du Code de la consommation : non seulement il faut démontrer le vice, non seulement il faut démontrer qu’il est antérieur à la vente, mais il faut aussi démontrer qu’il touche une qualité du cheval sans laquelle on aurait pas accepté de l’acheter, le tout dans un délai de prescription relativement court.

Donc, quel que soit le fondement, c’est souvent un parcours d’obstacles pour l’acheteur, en tout cas s’il est mal conseillé puisqu’il y a beaucoup de petits « trucs » qui permettent de contourner certains de ces obstacles, comme d’ailleurs il y a beaucoup de petits trucs qui permettent au vendeur de se débarrasser de ce genre d’action (mais ne rêvez pas, je ne vous les donnerai pas ici).

Tout cela pour dire quoi ? Que la relation acheteur / vendeur n’est juridiquement pas si déséquilibrée qu’elle vous paraît. C’est simplement que vous ne prenez pas en compte la – très – lourde charge de la preuve auquel l’acheteur est astreint.
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