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Effectivement je vois que vous avez mal compris ce qu'a écrit baliverne ... |
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Frederique,
Il y a une subtilité qui explique peut-être que l'on s'y perde un peu.
Je m'explique.
Il y a des cas où il n'y a pas forcément à réfléchir beaucoup pour savoir si on est dans un régime de responsabilité pour faute, ou si on est dans un régime de responsabilité sans faute.
Pour reprendre ton exemple, le régime de la responsabilité des parents pour les prejudices causes par leurs enfants mineurs, est un régime de responsabilité sans faute. Il suffit à la victime de démontrer que les parents ont la garde (juridique) de leurs enfants pour qu'ipso facto les parents soient responsables. C'est la meme chose pour la garde des animaux. Si ton cheval fout le camp et renverse quelqu'un, tu es responsable parce que c'est ton cheval et ce, meme si tu n'as pas commis de faute.
A l'inverse, il y a des cas où coexistent plusieurs régimes de responsabilité, certains pour faute (et il y a plusieurs régimes de responsabilité pour faute différents), d'autres sans faute.
L'exemple typique, c'est la responsabilité médicale et je confirme que la responsabilité vétérinaire obeit exactement aux memes principes. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Cour de cassation et ça date d'un demi siècle.
Donc, nous avons un seul professionnel mais selon ce qu'il fait, le type d'acte qu'il a pratiqué, sa responsabilité sera recherchée soit pour faute, soit sans faute.
Ce que dit Lanamour, c'est qu'elle estime que dans le cas dont nous parlons, l'acte effectué par le vétérinaire relève du régime de la responsabilité pour faute.
On aurait certes pu soutenir la these inverse, notamment suite à une remarque de Cyriaque sur ce que j'appelle les "actes inratables", qui releveraient eux de la responsabilité sans faute, mais à la réflexion et surtout à la lecture des commentaires de celles et ceux qui ont l'air de bien connaître la technique vétérinaire, je pense que ce n'était pas un acte de soin anodin ni statistiquement "inratable", donc que c'est Lanamour qui a raison.
La suite de son raisonnement est donc tout aussi juste : pas de preuve de la faute, pas de responsabilité du vétérinaire, et qui dit pas de responsabilité du vétérinaire dit pas de garantie d'assurance.
Maintenant, cela peut se passer très simplement et l'assureur du veto, à la reception de la declaration de sinistre, peut sans tergiverser considerer que la faute est évidente, que la garantie est acquise peu important le regime de responsabilité applicable, et faire immédiatement une proposition d'indemnisation pour pouvoir aussi sec refermer son dossier.
Mais, surtout si l'assureur n'a pas d'élément de chiffrage du prejudice qui lui permette d'apprécier avec certitude à hauteur de combien il est en risque, son reflexe elementaire sera de demander des precisions quant à la nature de l'acte, le cas echeant d'envoyer un expert, et il ne le fera que pour une chose : determiner quel est le regime de responsabilité applicable. Dans le doute, soyez absolument certaine qu'il se positionnera sur le regime de responsabilite pour faute, c'est à dire le plus défavorable à la victime parce que c'est alors sur elle que pese la charge de la prevue, et qu'il enverra donc une très jolie lettre à la malheureuse propriétaire de ce pauvre cheval, pour lui indiquer qu'en l'absence de preuve de la faute de l'assuré, la compagnie n'entend regler volontairement aucune indemnité. Apres cela, il n'y a qu'une issue, le recours à un avocat et le cas échéant le proces.
J'ajoute un petit commentaire, tiré de l'expérience et juste pour vous montrer que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles n'y paraissent : les compagnies d'assurance sont extrêmement surveillées dans la constitution et dans la reprise de ce que l'on appelle les provisions pour risque. En deux mots, lorsqu'une compagnie reçoit une declaration de sinistre et que pour une raison ou pour une autre elle decide de ne pas payer tout de suite, elle doit inscrire dans ses comptes une provision pour risque, c'est à dire estimer en argent son risque d'avoir à régler un jour une indemnité. Cette provision est inscrite au passif, c'est à dire que comptablement elle minore les résultats de la compagnie. Pour améliorer son résultat comptable, la compagnie peut effectuer une reprise sur provision, c'est à dire considerer ultérieurement que, finalement, le risque d'avoir à payer l'indemnité n'existe plus ou n'est plus aussi important, et annuler (on dit "reprendre") tout ou partie de la provision qu'elle avait inscrite au passif. Seulement pour faire cela, la compagnie doit être capable de démontrer qu'elle a pris sa decision de reprise sur provision sur une base solide et objective, autrement dit qu'il est certain ou quasi certain qu'elle n'aura pas à payer à la victime l'intégralité de ce qu'elle a provisionne. Or, bien souvent et à part dans le cas des petits sinistres, la compagnie prefere se faire assigner en paiement de l'indemnité et se faire condamner par un tribunal plutot que de payer volontairement, tout simplement parce qu'un jugement qui la condamne à payer 50 justifie de manière incontestable la decision de reprendre 30 sur la provision de 80 qu'elle avait constituée lors de la declaration de sinistre.
Tout cela pour dire quoi ? Que les compagnies d'assurance, contrairement aux idées recues, ne craignent pas du tout les proces mais qu'au contraire il leur arrive de les provoquer, en refusant sciemment d'indemniser à l'amiable alors meme qu'elles savent leur assuré responsable, et ce pour de simples considerations de prudence comptable.
Je sais, ça fait peur, mais c'est comme ça.