Citation :
Petite question par rapport à votre définition de cheval dangereux...
Si Francis était tombé de son cheval, et que son cheval avait fini par attaquer une jument avec une jeune fille dessus... Et disons que la jeune fille a été gravement blessé...
Est ce que ce cheval est dangereux...
Voici bien la définition d’un animal dangereux, celui qui attaque sans raison. Alors poussons un peu plus cet exemple. Imageriez vous que le cheval attaque vraiment la jument ? Imaginons 2 situations, pas besoin d’aller jusqu’à blesser la cavalière de la jument
La première il fonce droit sur elle et sans même tourner un peu autour en roucoulant et cherchant un contact naso-nasal, il se lève tout droit et la boxe avec ses antérieurs, il se retourne pour la botter violemment, la poursuit, la coince dans un coin alors qu’elle tente de fuir et il continue à s’acharner dessus… Oui, oui, là ce cheval est fou dangereux ! Là il attaque, c’est clair, c’est un comportement totalement anormal.
En revanche si Francis tombe du fait que le cheval est très agité et qu’il n’a pas su le contrôler, que le cheval va direct vers une jument, qu’il lui fait « la cour » comme le font les étalons (ça tournicote autour la queue sur le dos en insistant pour avoir un contact naso-nasal, ça roucoule puis ça se sent le flanc, etc etc)… Alors là non le cheval n’est pas dangereux, il est juste « très mal éduqué » ou /et entre les mains de quelqu’un qui n’a pas assez de niveau pour immédiatement le recadrer au premier signe de « youpi, une nana, j’oublie tout le reste je vais draguer ! ». Si en plus la jument est en chaleur, pauvre bonhomme, il doit avoir les hormones en ébullition ! Bref. Si quelqu’un se blesse dans cette affaire, c’est la responsabilité humaine qui est en cause tant que le cheval n’a pas eu un comportement anormal.
Fleursdebo,
toi qui a été en élevage, tu as peut-être assisté à des accouplements en liberté. Il y a tout un rituel d’approche, très codifié. Tant que les juments ne sont pas prêtes, elles « roucoulent » avec les mâles mais elles les gardent en même temps à distance. Les mâles se méfient mais continuent leur tentative jusqu’au jour où la jument est prêtes et se laisse faire. La fin de l’accouplement peut tout de même se montrer brutale car la jument peut là aussi botter le mâle. C’est pour cela qu’on a recours aux inséminations pour préserver les étalons des blessures. Et les montes en main ce font sur des juments entravées pour les mêmes raisons.
Pendant des années, j’ai eu à faire à un groupe de chevaux en liberté, hongres et juments. Ils s’organisaient en petits groupe de 3 à 5 par affinités. 1 hongre avec une ou plusieurs juments et des hongres isolés. Comme le feraient des chevaux « sauvages » (bien que les chevaux sauvages n’existent plus). Et certains hongres aux comportements d’entier s’accouplaient comme l’auraient fait des étalons. Mais toujours, c’est les juments qui décident avec qui et quand. Ils sont normaux, ils se comportent comme des chevaux. L’éducation visent à ce qu’ils apprennent à adapter leur comportement en notre présence, qu’ils nous prennent en compte. Des hongres, même âgés qui se comportaient comme (voir pire) des entiers, j'en ai cotoyé plusieurs.
Un cheval qui s’échappe au milieu d’une reprise n’est pas un cheval dangereux mais la situation l’est. C’est pourquoi il faut limiter les risques en commençant par avoir un regard lucide sur ses propres capacités, essayer d’avoir une évaluation la plus juste possible de niveau que nécessite tel ou tel cheval et éviter de jouer avec le feu.
Un cheval qui vient tout excité faire connaissance avec une jument à un comportement normal. Oui, tous ne le font pas, mais certains le font et on peut tout à fait les contrôler, ça fait partie de l’éducation, qu’ils soient hongres ou entiers. Plus les animaux sont privés de contacts sociaux plus ils risquent d’être exubérant s’ils ont l’occasion d’en avoir, d’autant plus les contacts mâle/femelle s’ils en sont privés. Ceci ne fait pas d’eux des animaux dangereux dans le sens « comportement irrationnel et agressif envers les autres ».
Si demain, je chute au galop parce que mon cheval à fait un écart et que je me blesse cela ne fera pas de mon cheval un animal dangereux. Si demain je monte en même temps qu’un autre cavalier, que je chute parce que mon cheval a eu peur, et que dans sa peur il renverse l’autre cavalier qui se blesse cela ne fera pas de mon cheval un cheval dangereux.
L’équitation est une activité à risque. Nous sommes imparfaits même avec des dizaines d’années de pratique, même en étant professionnel, nous ne maitrisons pas à 100% (c’est une façon de parler

) l’environnement et le cheval est un animal puissant, réactif, doté d’un beau cerveau avec l’option libre arbitre...
Donc, pour moi, si quelqu’un se blesse parce qu’un cheval a échappé à la maitrise de son cavalier, soigneur, propriétaire, ect… ce n’est pas la faute du cheval, c’est d’abord celle de celui qui a la responsabilité de l’animal.
Fleursdebo,
Bien sûr que la faute ne portera pas sur l’humain si l’animal est atteint d’une pathologie. C’est peut-être à quoi correspondent mes 2% de marge, bon…. Allez… je veux bien descendre à 95 % de responsabilité humaine

… Car pour ma part, les problèmes comportementaux violents uniquement relevant de causes médicales, j’en ai très peu rencontrés. Je constate autour de moi qu’un cheval bien éduqué, avec un relationnel sain à l’humain, présentant une douleur, sait très bien manifester sa gêne sans devenir violent pour peu qu’il soit entendu. Les cavaliers attentifs détectent rapidement les signes inhabituels et vont aussitôt chercher des causes. Donc proposer des solutions à leurs chevaux… Quel que soit leur niveau équestre car cela repose plus sur l’empathie, la sensibilité, l’attention… Un cheval qui se sait écouté bascule rarement dans la rébellion violente. Avec le temps je mesure aussi combien les chevaux sont finalement d’une tolérance incroyable avec les humains ….
Je déteste prendre des risques, je suis une ultra prudente. Pourtant je suis toujours très investie avec les chevaux émotifs, réactifs, je ne les fuis pas, je suis passionnée par les chevaux, la relation qu'on peut développer avec eux et avec du temps, de la patience, de la douceur tout se passe bien et ils sont hyper attachants. Du coup, je n'aime pas trop qu'on leur fasse porter toutes les responsabilités
littlevenus
Citation :
Après pour ma part OUI sans hésité j'ai un cheval avec qui je me retrouve dans ce genre de situations non seulement je le monte pas (du moins pas en présence de cavaliers lambdas!) tant que c'est pas réglé mais surtout je refuse de monter n'importe quel cheval en la présence d'un cheval et d'un cavalier qui peuvent me mettre dans une telle situation avec de fortes probabilités et cela non seulement parce que je tiens à mes os mais aussi et surtout parce que je tien aussi au cheval que je monte !
Voici une attitude responsable

. Je pense que si plus de cavaliers avaient cette lucidité, le nombre de chevaux soi-disant à problèmes diminuerait grandement, sans parler des accidents.
baronnette
La définition même d'animal dangereux, c’est bien une attaque volontaire pour nuire à quelqu'un, diriger sa violence intentionnellement. La nuance sur laquelle nous échangeons c’est plus la difficulté à trouver la frontière entre ce qui relève d’un animal dangereux ou d’un défaut d’encadrement…
Pour ma part, je distingue la situation dangereuse de l’animal, et pour moi la responsabilité porte surtout sur les erreurs de jugements.
Je pense qu’en relisant calmement les échanges, sans interprétations des propos des uns ou des autres, on voit nettement qu’aucun d’entre nous n’a « attaqué frontalement » Francis, au contraire, sa décision est juste. On a un peu dérivé du sujet, on ne parle pas de Francis personnellement mais son cas nous conduit à nous interroger sur quelque chose de plus large… Je ne vois pas le problème.
Il n'y a rien d'agressif dans nos propos.