A la mort de mon poney, ma mère m'a offert un poulain DSA bien pété de sang. Gentil mais pas choisi. Un poulain à quelqu'un qui ne connait que la monte en club et qui se retrouve à devoir gérer à la maison : combo catastrophe assuré. Résultats mitigés on va dire, il m'a appris à être propriétaire, à gérer, à anticiper et... à avoir une petite peur ancrée, là au fond. Pas de réel feeling, pas mon choix de cheval. J'étais proprio, youpi mais quoi ? ben rien. J'ai essayé, des activités variées, de lui offrir les meilleurs conditions de vie, de voir si... mais. Il vient de fêter ses 20 ans et est un heureux retraité. Il n'aura jamais rien fichu de sa vie, je me dis encore aujourd'hui que c'est du gâchis mais il est heureux en troupeau dans des ha de prairies. C'était un cadeau, pas un choix.
J'ai attendu d'avoir une situation correcte pour décider d'avoir MON rêve, MON cheval. Un cheval choisit selon des critères précis. Pourquoi reprendre un poulain vu les résultats mi-figue mi-raisin d'avant ? car j'ai "appris" à avoir peur des chevaux... Manque de confiance et besoin de vaincre cela par la construction d'une relation, d'une implication avec un cheval que je verrais évoluer et que je pourrais mieux comprendre.
Donc, j'ai décidé de réaliser mon rêve : avoir un... trait ardennais. Ben oui...
J'ai établi MA liste pour être sure de tomber sur la perle et j'ai contacté des élevages pour voir si :
Petit modèle (je suis petite et j'aime les petits chevaux donc critère de base indiscutable)
Bonnes lignées de travail et pas à viande, assurées sans tares communes chez les traits (indiscutable aussi)
Un mâle (car 95% finissent en délicatesses culinaires et que ça passe mieux avec les mâles)
Un rouan bleu. Mon rêve et là, pas question de déroger non plus !
Printemps suivant, j'ai commencé à être avertie des naissances et j'ai craqué, baf ! le coup de cœur total sur... photo. re-baf ! Petit (yheeeeee) poulain (re-yheeeeee) pas encore totalement sorti de sa maman et... alezan. Ha... mwai...
Visite programmée des poulains 2 mois plus tard, pis qu'un recruteur avec ses critères et tout et tout "yes I can trouver lui".
On a commencé par l'alezan. Baf, prends toi ça dans la tronche... c'est un al-e-zan non de diou. Y correspond pas, zoup.
On continue avec des rouans, des papiers beaux comme des pedigrees Royal Canin.
Le soir même, je virais l'acompte de réservation pour... l'alezan.
Je suis allée le voir toutes les 2 semaines à l'élevage. il n'en avait rien à fiche de l'humain sauf... la dernière visite. Il a découvert le pouvoir de la gratouille de la fesse. Il est arrivé à 8 mois, pas manipulé, caractère de m***. Il a aujourd'hui fêté ses 8 ans, caractère de m**** et... c'est ma moitié, ma perle, mon roc.
Il m'en a fait baver, j'ai rédigé 2x l'annonce pour le revendre, j'en ai pleuré et... j'ai évolué. Il m'a fait changer et on s'est accordé. En bien. Il veille sur moi, il sait dire non. Il sens que j'ai un soucis physique et est très attentif. Je suis bien avec lui. J'ai envie d'évoluer, d'aller de l'avant, de découvrir plein de chose.
Mes envies équestres ont avorté suite aux séquelles d'une ancienne chute avec mon DSA mais pas grave, je veux continuer avec celui qui est un rêve devenu réalité. Parce que je sais que rien n'est acquis et que j'apprend à chaque fois que je suis à côté de lui.
C'est un "monstre" de 850 kilos qui m'a appris à avoir confiance et à ne plus avoir peur. Et il a toujours son caractère de m****
L'affreuse photo qui a fait baf et encore baf et au final baf :
Première visite, il a 2 mois :
Photo à 9 mois à la pension : il est moche
Débourrage, hyper stressé le pov'cheval (2em fois que je montais sur lui et... je n'avais plus monté depuis 7 ans)
On joue et on câline
Et ici ce dimanche, deux heures à brosser, câliner et faire un peu de cliker : le bonheur pur et... l'impossibilité de prendre des photos potables car j'ai un pot de glue câlin à souhaits.
Un poulain ? la première fois, une grosse désillusion un peu amère... mais ici... Ca valait vraiment la peine de revivre cette aventure. Et mes envies équestres sont boostées... à pied. Et peut être en attelage, plus tard. On a tout notre temps.