Sentiments et cheval... quel sujet !
Citation :
Le cheval ressent certainement quelques chose pour certains humain , à quel degré nous ne savons pas .
Cependant pourquoi ?, certainement pour la nourriture, la sécurité, le respect comme cité plus haut .
Si, si on sait à quel degré et de quels types de sentiments il s’agit
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. Enfin, on….. plutôt les personnes qui ont la démarche d'étudier le sujet. Les autres continuent à débattre sur leurs croyances ou incroyances et ça produit des échanges intéressants, curieux ou inquiétants mais toujours très passionnés
L
Citation :
e cheval étant un grand sensible son degré de "sentiments " doit être léger à percevoir, je pense que seul une personne qui connaît le cheval peut déceler quelques indices
Personnellement, je trouve justement les chevaux très expressifs et j’ai du mal à comprendre que certains ne voient pas la manifestation de leurs sentiments. A part les reptiles, les poissons et les crustacés, je trouve d’ailleurs tous les animaux très expressifs ! Peut-être que je ne cotoye pas assez de reptiles, poissons et crustacés en fait
Mais c’est sûr que si l’on attend des bêtes qu’ils rigolent comme nous, pleurent comme nous, sourient, tapent dans les mains, rougissent, fassent des blagues ou remuent la queue comme les chiens parce que ce sont les seules manifestations que l’on comprend, ça va être compliqué !
Il y a quelques décennies il y avait des croyances populaires, des intuitions qui se heurtaient aux limites des données scientifiques : tant que la science n’apporte pas de preuves on préfère douter de l’existence des choses même si ces choses s’accomplissent sous nos yeux… ça marche pour tout sauf pour Dieu !
Mais voila, de nos jours c’est la science qui a quelques décennies d’avance sur la connaissance et l’intuition populaire, en tout cas en ce qui concerne le potentiel cérébral des animaux. Et comme cette connaissance scientifique n’est pas assez vulgarisée et diffusée, elle est tout simplement ignorée. c'est regrettable
« l’animal est-il une personne » de Yves Christen
Voici un excellent et très dense ouvrage qui synthétise toutes les connaissances scientifiques actuelles en matière d’intelligence animale, de sentiments, de génétiques, de cultures, d’organisations sociales, de langages…. Il s’appuie sur un nombre monumental de références en la matière (le dernier quart du bouquin quasiment est la liste des ouvrages et études scientifiques sur lequel il s'appuie !), à travers le monde entier, sur les travaux de scientifiques reconnus dans tous les domaines ayant apportés leur contribution à la preuve scientifique que l’animal et l’être humain n’ont pas grand-chose de différent en terme de génétique, d’émotion, de sentiment, d’intelligence, de sensibilité… nos différences reposent finalement sur des détails. De ces détails découlent des apparences physiques très variées, des performances impressionnantes dans certaines compétences d’une espèce à l’autre, mais sur ce qui nous compose biologiquement, hormonalement, notre fonctionnement affectif, nos gènes, la construction et l’expression de nos comportements, de nos fonctionnements cognitifs, de nos sentiments, tout cela nous le partageons.
La présence ou non du néocortex n’est pas ce qui détermine la capacité au sentiment, au raisonnement, au langage, à la souffrance. Empathie, solidarité, altruisme, amitié,…. Rien de tout cela et bien d’autres choses encore ne sont des exclusivités humaines. Il va falloir s'y faire.
L’homme est un animal parmi les autres. Il n’existe plus aucun scientifique sérieux dans ce monde qui dise le contraire depuis des décennies.
Grâce à l’imagerie médicale, aux études comparatives, à l’observation rigoureusement cadrée en milieu naturel, aux expériences comportementales variées dans des centres d’études, les preuves sont là et elles sont bien loin d’être anecdotiques. Du coup, je suis toujours très interpellée qu’on puisse débattre d’hypothétiques sentiments chez le cheval, ou autre bêbête, en 2016 ???
Pour éviter la subjectivité du mot aimer, il faut plutôt parler d’attachement. Il s’agit d’un lien affectif. Celui de la mère à l’enfant mais aussi celui de 2 êtres quel que soit leur lien familial ou non. L’attachement entre 2 chevaux, sans que ne soit impliqué une relation sexué est facilement observable. Pourtant, l’un ne nourrit pas l’autre. Et pourtant, leur séparation provoque des comportements de stress et d’agitation. La présence réciproque est rassurante, il y a des échanges amicaux, des signes d’attention, des contacts affectueux, de l’intérêt pour l’autre, envie de rester à côté, de le suivre, de le rejoindre….
Ceci n’est pas non plus limité à la sphère d’une même espèce. L’attachement existe en inter-espèce classiquement surtout pour chez les espèces sociables. je suis passionnée par çes questions depuis plus de 30 ans, je me suis donc un peu documentée
Le problème c’est que l’humain cherche désespérément chez les autres animaux des manifestations comportementales comparables aux siennes. Or d’une espèce à l’autre un même sentiment, ou une même émotion, peut s’exprimer de façon tellement différente.
Par exemple : le singe qui montre ses dents le fait pour se soumettre parce qu’il a peur, le chien pour menacer, l’homme pour être amical. Tous expriment une émotion différente à travers un comportement similaire.
Inversement pour manifester son affection, chat, chien, cheval, homme, vache, cochon, singe auront des comportements différents. Comme l’homme manque souvent d’observation quant au langage corporel, parce qu’il appartient à une espèce qui a particulièrement développé un langage oralisé, il passe à côté de ce que les autres animaux lui disent. Et peut-être passe t-il d’ailleurs à leurs yeux pour un idiot qui ne comprend rien ! Et bruyant en plus !
Je pense que pour développer une relation affective avec un animal il faut s’interdire d’être dans la comparaison avec une autre espèce, être réceptif, très soucieux de ne pas s’imposer, ni d’imposer son mode de communication, faire acte de prévenance, de bienveillance, d’humilité et de générosité. Il faut regarder les animaux comme Elliot regardait E.T. avec amitié et curiosité.
Anthropomorphisme (Déf. Larousse) : tendance à attribuer à Dieu, à un dieu, les sentiments, les passions, les idées et les actes de l'homme.
Par extension, c’est projeter sur l’autre ses propres idées. Comme par exemple penser que le cheval a froid l’hiver parce que nous on a froid ! Or le cheval a son propre ressenti sur les notions de froid et de chaud, incomparable aux nôtres. Non pas qu’il ne ressente rien mais que ses seuils ne sont pas les nôtres. Et pour le coup sur ce point, il est bien plus performant que nous !
Dire que le cheval fait exprès d’avoir peur pour se foutre de son cavalier, c’est anthropomorphique. C’est une interprétation hyper subjective qui ne repose que sur un sentiment de frustration ou d’incompréhension du cavalier, en se basant sur des comportements humains. Dire que le cheval se fout de son cavalier ou ne l’aime pas parce qu’il refuse de se laisser attraper au pré, c’est pareil : antrhropomorphisme. Le cheval est motivé par d’autres choses lorsqu’il agit ainsi, des choses logiques avec ses centres d’intérêt à lui et son comportement de cheval. Bref…. Admettre que le cheval à des sentiments, des raisonnements, un langage, etc… n’a rien à voir avec l’anthropomorphisme.
Après on peut aussi débattre sur sa propre définition de l’anthropomorphisme mais on peut aussi réinventer toute la langue française.
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Et là, la discussion risque de devenir compliquée
Quant à penser cheval, c’est juste une poétique formulation littéraire. Seul un cheval pense cheval. L’humain se contente d’essayer de le comprendre et de trouver un terrain de communication, et ça demande déjà un sacré boulot si on ne veut pas être à côté de la plaque. Croire qu’on pense, parle, agit en cheval, c’est juste prétentieux et un peu ridicule à mon sens. Et prendre un peu le cheval pour un idiot
Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’on puisse cotoyer des animaux sans percevoir leurs sentiments, sans s’attacher à eux, et encore moins sans accorder une importance primordiale à cette fameuse relation affective.
Oliveira disait : « Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est. » Il faisait partie de ceux qui n’avait pas besoin d’attendre la preuve scientifique pour savoir.