Bonjour
clochette11
Je vais tenter de répondre à tes questions, ça devient pointu comme sujet mais c’est intéressant. attention roman
Chez Karl, D’Orgeix et quelques autres, je n’aime pas leur façon d’obtenir les descentes d’encolure car ils préconisent des actions de main déclenchant des réflexes d’opposition (ils montent les mains, augmentent l’exercice de la pression du mors dans la bouche jusqu’à ce que ce soit suffisamment désagréable afin que le cheval tente de s’y soustraire brutalement en plongeant vers le bas). Ce qui ne correspond pas à l’état d’esprit de l’équitation que je vise.

c'est juste un choix technique.
Pour moi, qui fait un autre choix technique, l’objectif est d’avoir un cheval qui suit la main en toute circonstance. Je veux donc obtenir les descentes d’encolure en avançant mes mains dans la direction où je veux positionner le bout du nez.
Cela nécessite donc au préalable d’avoir suffisamment travaillé la qualité de la relation main/bouche, et de bien utiliser son dos et son assiette pour contrôler l’équilibre et la cadence de son cheval. C’est long, la descente se fait bien plus progressivement mais pour moi c’est plus durable, plus bénéfique en terme gymnastique et plus respectueux de la relation avec le cheval : on cherche sa coopération, il descend parce qu’il le peut et non parce qu’il n’a pas le choix et on n’use pas de réflexe défensif, négatif pédagogiquement. Ce n’est que mon point de vue.
Généralement je suis très méfiante de tout ce qui s’obtient en actionnant de réflexes de fuite, de défense, basés sur une douleur ou un « inconfort ». Pour moi, on n’a pas besoin d’être désagréable pour obtenir les choses. Par contre on peut être désagréable pour se défendre soi même si le cheval est menaçant mais il ne s’agit pas du registre de l’équitation. Je trouve qu'actuellement on a facilement une vision binaire du rapport cheval/homme avec ces histoires de confort/inconfort et que, de mon point de vue, la relation doit être bien plus nuancée, riche et intelligente que ça. En tout cas c'est ainsi que j'ai appris et que je fais et ça me convient
Dans le même ordre d’idée, lorsqu’un cheval bouge ou recule sans qu’on lui demande, je ne le fais pas bouger ou reculer jusqu’à ce qu’il en ait marre. Pour moi, ça n’a pas de sens, ça initie un rapport négatif, contraignant ou on cherche à faire renoncer le cheval pour obtenir ce qu’on veut de lui. Tant que j'ai el choix, je préfère essayer de lui donner envie de faire les choses par enthousiasme, curiosité, parce qu’il en retire un plaisir, qu’il comprend et que ça l’intéresse. Pédagogiquement c’est une démarche plus longue pour avoir des résultats (quoique…) mais ça développe un lien relationnel tout à fait différent, et c’est uniquement ça qui m’intéresse dans l’équitation
Pour revenir à la cession de nuque, je la demande sur un cheval décontracté qui a déjà donné des cessions de mâchoires. En fait, je la demande rarement car pour moi, c’est plutôt le cheval qui la donne de lui-même parce qu’il est bien dans son exercice. Mais si je dois aller la chercher, je le fais à l’arrêt, au pas ou au trot en demandant le pli léger, du côté où je sens qu’il reste des résistances. Je mets mon ischion interne en pression en direction de l’antérieur externe, je tourne légèrement mes épaules vers l’intérieur en ouvrant mon épaule interne (omoplate qui se rapproche de la colonne vertébrale), je joue avec mon auriculaire sur la rêne pour la faire un peu vibrer si nécessaire. Si ça résiste encore, je reprends un travail d’assouplissement et de décontraction plus global car j'estime qu'insister serait forcer, et ça, c'est non
La cession de nuque permet d’avoir le cheval en place mais ce n’est pas ce qui met le cheval en place.
L’idée c’est que l’articulation de la nuque doit être rendue mobile par le travail d’assouplissement et de décontraction. Le cheval qui porte le cavalier et sent les mouvements des mains de son cavalier dans sa bouche via le mors. Ces sensations ont tendance naturellement à le figer dans une attitude un peu tendue, plus ou moins ouverte ou à la renverse.
En gymnastiquant le cheval (combiner les figures de manège, travailler équitablement à chaque main, faire du 2 pistes, aller au pas, au trot, reculer, s’arrêter, etc, étirer le cheval : extensions, descentes d’encolure…) on cherche à l’assouplir et le décontracter.
Cette gymnastique ne peut aboutir que si par ailleurs le cavalier a une bonne position, une main accueillante, des aides précises et claires, un bon usage de son dos, de son assiette, une bonne maitrise de son propre équilibre et de son poids.
Si on réunit tous ces éléments (sans être parfait, il faut au moins être à peu près correct) ou du moins les plus importants alors le cheval ne sera plus figé, et toutes ses articulations seront disponibles et mobiles : mâchoire et nuque incluses. Et parce qu’elles seront disponibles, alors le cavalier pourra décider de placer plus ou moins son cheval, de le rassembler plus ou moins pour lui faire exécuter des exercices plus complexes.
L’obtention du placer dépend donc de la cession de nuque qui dépend de la cession de mâchoire qui elle-même dépend de la décontraction de l’ensemble du cheval.
Donc, il me semble qu’il faudrait aborder les choses dans cet ordre :
1 - décontracter le cheval (c’est parmi les exercices de gymnastique qu’on trouve les extensions, les flexions et descente d’encolure)
2 - obtenir une cession de mâchoire (en fait en devrait écrire : se voir offrir une cession de mâchoire par le cheval !)
3 - obtenir une cession de nuque (idem la cession de mâchoire)
4 –Rassembler
5- Placer (d’ailleurs le cheval se place seul si ce qui précède est correctement fait !)
Le point 1 demande 99% du travail du cavalier, c’est ce qui doit occuper sa vie !
2 et 3 sont liés, c’est la réponse du cheval au point 1.
4 c’est la demande du cavalier qui ajuste le cadre du travail pour augmenter le niveau d’exécution
5 est lié à 4 et en dépend. Le cheval se place de lui-même si 1, 2, 3 et 4 ont été correctement gérés. Mais le cavalier peut agir pour monter aussi le niveau d’exigence.
Je souhaite préciser que tout cela repose évidemment sur la qualité de la locomotion globale du cheval. Faire céder la nuque pour placer alors que le cheval ne tend pas son dos, n’engage pas ses postérieurs, ne plient pas harmonieusement toutes ses articulations, c’est juste une arnaque visuelle.
Voilà, j’espère avoir répondu à tes questions, c’est un exercice très difficile aussi que d’expliquer ça via un forum, sans avoir un cheval en mouvement et au travail sous les yeux, ça repose aussi sur des sensations précises donc je ne suis pas sûre de bien traduire tout ça clairement.
