Reaction des chevaux face à la mort

De ma propre expérience je n'ai jamais observé de comportements particuliers de mes chevaux vis à vis de la mort d'un de leur congénère même proche , ils passent très vite à autre chose , même une jument envers son poulain mort , je parle bien sûr de chevaux qui ne se retrouvent pas du coup complètement seuls à cause de cette perte .

Oui ils ressentent parfaitement cela mais les manifestations ne s'apparentent pas aux nôtres. Et comme les chevaux vivent intensément l'instant présent, show must go on !
En fonction des liens d'attachement entre eux, on remarquera plus ou moins des réactions durables ou non.
Pour ma part, je pense qu'il est important pour les chevaux d'un même groupe social ou dont les liens d'attachement étaient fort de pouvoir voir leur compagnon décédé.
Je pense d'ailleurs que ceci est aussi valable pour les chats, les chiens, etc...

J'avais une vieille ponette et un jeune cheval de 3 ans. Lorsque la ponette est décédée, à un endroit où on ne pouvait pas la voir, on a vu le jeune arrivé au grand trot, assez désorienté. Ca a été sa réaction sur le coup. Après je pense qu'il l'a un peu cherchée (c'était il y a 9 ans, je ne me souviens pas très bien), puis c'est vite passé. Il y avait un autre cheval, ce n'était pas sa seule compagne.

Je n'ai jamais vu de réaction d'un cheval face à la mort. Je pense personnellement qu'ils ne la comprennent tout simplement pas.
Ils vont avoir une réaction quand leur copain qui a passé 20 ans dans le même champ va disparaître car ils vont se retrouver seuls, mais c'est tout je pense.

J'ai connu une jument qui, avant de mourir, a passé plusieurs semaines très affaiblie par la maladie. Elle avait un rôle de matriarche, dominante. Elle était la plus vieille et vivait avec sa fille et une autre petite jument. Du jour où la maladie l'a affaiblie, les deux autres se sont rapidement complètement détachées d'elle, la hiérarchie s'est modifiée, elle s'est retrouvée en bas de l'échelle et les deux autres n'étaient pas forcément sympas avec elle.
Quelques semaines plus tard elle est morte sans modification perceptible de comportement pour les deux autres juments avec lesquelles elle partageait pourtant son champ depuis des années.

Un autre exemple, le cheval que j'avais en demi pension l'année dernière allait au champ avec un pur sang. Un jour, et on n'a jamais compris ce qui s'était réellement passé, une des employées de l'écurie est allée dans le champ dans lequel ils étaient pour les rentrer au box. Scène d'horreur, le pur sang avec une jambe tellement brisée qu'elle ne pendait plus que par un fil. Il était tétanisé, sur trois jambes avec un postérieur presque arraché.
Coup de pied de la part de ma demi pension avec laquelle il était au champ ? Possible quoi qu'étonnant car jamais de méchanceté de la part de ma demi pension et ils étaient copains, même si on ne peut pas savoir si ce qui se passe dans un champ. Ou alors jeu, un mauvais coup de cul qui retombe au mauvais endroit ? Ou une grosse chute du pur sang en question peut être qui a joué et tombé ? On ne saura jamais.
Le fait est que tout ceci a eu lieu sous les yeux de ma demi-pension, il a été euthanasié également sous ses yeux et il n'a plus jamais eu de nouveau copain pour aller au champ.
Son comportement n'a absolument pas changé, et pourtant il a vu une scène d'horreur. L'employée qui les a trouvés a été très choquée par ce qu'elle a vu car c'était très violent comme image. Mais le cheval, lui non ça ne l'a pas du tout affecté.

Donc je pense personnellement qu'ils n'ont pas le sens de ces choses là. Je crois qu'ils sont très centrés sur eux-mêmes, ils ressentent un manque qui va être lié à la solitude, mais si cette solitude est immédiatement comblée alors ce manque n'a pas lieu d'être. Ce sont des animaux très instinctifs, de mon point de vue. Je ne veux pas dire qu'ils sont bêtes, mais très soumis à leur instinct. A la différence d'un chien qui a été sélectionné pour arriver à obtenir un animal très exclusif, le cheval a plutôt été sélectionné pour ses performances physiques et a gardé un comportement instinctif. Dans la nature c'est marche ou crève en gros donc je pense qu'ils sont peu affectés par ce genre de chose.

Après on a bien sûr des chevaux qui sortent du lot, certains d'entre eux ont un comportement différent parfois mais je pense que c'est loin d'être la majorité.

olivette.01

comme j'ai observé des réactions (par l'absence mais aussi en présence du corps), je ne suis évidemment pas d'accord sur leur incapacité à comprendre la mort
Et du coup, en l'absence de réactions apparentes, je me garderais bien d'en conclure qu'ils ne perçoivent rien.
Parfois, on ne voit rien. Parfois si, clairement et c'est bouleversant.

couagga

Peut-être, tout est possible en fait on ne saura jamais ce qu'ils perçoivent réellement.
De toute façon j'imagine que quelle que soit la réaction qu'ils puissent avoir, elle est probablement incompréhensible pour nous car très différente.

De mon expérience en tout cas j'ai un peu de mal à changer d'opinion pour le moment, je reste sur mon idée. Je n'ai pas l'impression qu'ils comprennent la mort. Pour moi ils sont très centrés sur le sentiment d'absence qui peut en découler parfois mais qui est vite comblé par d'autres congénères.
Je trouve qu'on pourrait dire qu'ils réagissent un peu comme un bébé en bas âge : très centrés sur eux-mêmes et uniquement leurs émotions, ce qui les empêche d'appréhender la mort ou toute autre chose émanant d'un congénère. C'est pour cela qu'on avait extrêmement mal au cœur en voyant la petite jument malade se faire rejeter, mais eux ne comprenaient pas la chose comme telle, c'était juste une modification de la hiérarchie et c'était tout. A sa mort, ils ont remarqué son absence quelques heures car il me semble qu'ils l'ont un petit peu cherchée puis c'est passé.

Je suis surprise de voir qu'aucun d'entre vous n'est vu de réaction, alors nous c'était pas toujours le cas, mais il y a un décès qui m'a marqué face à la réaction d'un des membres du troupeau, Dartel est mort au sein des siens, de vieillesse probablement à 25 ans, l'un des autres à protéger sa dépouille dent dehors, c'était le seul, mais sa réaction avait été vraiment violente tant que le cheval n'avait pas été évacué. Une fois Dartel disparu, tout est rentré dans l'ordre. En vous lisant je me pose donc la question de pourquoi lui avait réagit comme cela...

Pour le coup j'ai un exemple récent, de cet automne.

J'ai dû faire euthanasier mon shet un mercredi fin Septembre après 48H séparé de mon cheval et du cheval de mon copain. Quand je dis séparé, il était dans un paddock face à leur paddock habituel donc avec un visuel.

Je n'ai pas constaté de changement dans leurs comportements dans les heures ou les jours qui ont suivi. J'en étais assez étonnée d'ailleurs parce que mon cheval et mon shet se connaissaient depuis des années et étaient proches.

Sur ce constat et ayant moi-même besoin de me changer les idées, le dimanche suivant je suis partie en rando comme prévu avec mon cheval. C'était une belle erreur . . .
J'ai du demander à mon copain de venir nous chercher le 2ème jour ! Mon cheval était à plat . . . Alors oui ok il a des soucis de pied aux antérieurs mais il n'y avait pas que ça. Clairement il n'était pas avec moi du tout et n'avait aucune niaque / motivation.

Donc je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a fait une dépression suite au départ du poney mais clairement ça a eu un impact sur lui (et ma co*nerie de partir en rando en le séparant AUSSI de son autre pote comme ça).
Les deux balades qui ont suivi cette rando, à chaque retour il allait voir le cheval de mon copain et ensuite appelait quelques minutes avant de retourner à ses occupations.

Tout simplement qu'une fois qu'un des leurs est mort, les chevaux n'ont pas peur de celle-ci. Et par pitié un animal même un cheval meure et ne décède pas cela est propre aux humains.
Si l'on met des termes adéquats sur les mots on peut facilement comprendre leur étymologie.
Bien que persuadée que les animaux ressentent de la tristesse, ils l'oublient vite. Finalement un cheval est une proie qui peut mourir à tout instant, leur "code equin" l'a intégré depuis leur naissance.

olivette.01

il y a de quoi s'instruire sur le sujet des capacités cérébrales de beaucoup d'espèces.
L'instinct nous anime tous, humains ou non humains. Les mammifères ne sont pas réduits à leurs seuls instincts, ils raisonnent, apprennent, ... parfois différemment de nous, parfois proches, mais les connaissances actuelles en la matière ont clairement démontrés leurs capacités.

L'éthologie est justement là pour nous expliquer les comportements. Même s'il reste énormément de choses à découvrir, ce qui est d'ores et déjà mis en lumière devrait nous ramener à certainement plus d'humilité.

En fait tant qu'on interprète et analyse les choses d'un point de vue humain, on se trompe souvent.

Les animaux blessés ou malades sont des dangers. Il y a donc un phénomène de rejet très logique.
pour autant un congénère en détresse attirera l'intérêt et engendrera des comportements d'alertes, de secours, de cohésion. Je pense notamment à chaque fois qu'un cheval se coince au box, la réaction des autres et leur capacité à comprendre le moment où nous, les humains, on prend les choses en charge et combien cela ramène l'apaisement. Mais aussi les compagnons de pré, dans des situations anormales qui entrainent des comportements attentifs et d'alertes.
Les chevaux qui appellent l'absence de leur compagnon préféré, dont les personnalités se modifient après le décès (en le voyant ou non), de chevaux qui restent auprès du corps du copain, leurs regards, troublés pour certains, à la vue du corps qu'on évacue...

Les chevaux sont des animaux sociaux et ils développent parfois de forts liens d'attachement.
Ils ne faut pas se fier qu'à ce qu'on voit et il existe bel et bien de la documentation pour comprendre le fonctionnement comportemental de l'espèce. Empathie, solidarité, cohésion, ... tout y est ! ça se manifeste différemment d'une espèce à l'autre, pas aux même degré d'un individu à l'autre (comme chez les humains !) mais la science n'a plus aucun doute la dessus. Pour une fois, la connaissance populaire à bien du retard sur la preuve scientifique !

ceci n'est pas valable que pour les chevaux car on peut aussi observer ces liens et les effets de la séparation et de la mort en relation inter-espèce.
J'ai l'exemple à titre perso, en inter-espèce, d'un de mes chats avec un de mes chiens. Et pourtant pendant plus de 10 ans de vie commune, même s'ils s'entendaient bien, je n'aurais par affirmé qu'ils se sentaient indispensables l'un à l'autre. Mais les dernières heures de vie de mon chien et la période après sa mort m'ont prouvé de part le comportement du chat combien j'étais passé à côté de leur attachement fusionnel.

Des réactions face à la mort des copains avec les chats, j'en ai aussi vu pas mal.

Bref, maintenant, quand je perds un animal, je prend toujours le temps de présenter le corps aux compagnons. Et pour les chevaux, notamment les vieux quand on peut prévoir, on s'arrange pour proposer de nouvelles figures d'attachement pour que ce soit moins dur et on présente aussi les corps aux compagnons les plus proches.

Je ne sais pas si c'est une réaction face à la mort ou non, mais je vais te partager mon expérience.
En 2015 j'ai dû faire euthanasié mon cheval, un énorme selle français d'1m85.
Il avait une copine qu'on a connu en 2011, blessée en 2012, le mien aussi, rééducation faite ensemble, bref c'était des potes quoi, et pourtant avec la jument c'était pas gagné car vraiment très pisseuse, elle ne supportait pas vraiment les autres chevaux.
En 2013 on déménage de pension. On avait le droit de mettre les chevaux par 2 au paddock à condition que ce soit de notre responsabilité. Ils se sont toujours très bien entendu.

Jéricho est mort en 2015, cela fait seulement 2 mois que la jument accepte un nouveau cheval à côté d'elle, et mieux encore, d'aller au paddock avec un autre...

Pourtant on avait essayé avec les chevaux les + gentils du monde et rien à faire.

Alors je ne sais pas si c'est lié à la mort de mon cheval étant donné qu'il n'y avait que lui qu'elle supportait, mais en tout cas, elle a mis du temps avant d'accepter un nouveau pote.

marlin

décéder c'est un synonyme de mourir

oui mais utilisé uniquement pour les humains, c'est comme une jument n'est pas enceinte mais portante

couagga après, les chats ont une extrême sensibilité. J'ai également remarque cela avec mon Berger Allemand de 15 ans atteint d'un cancer... Dès lors qu'il a lâché prise, ma petite minette Biscotte a passé tout son temps couchée en boule entre ses pattes... je crois que dès ce jour, la mort de Vito était déjà intégrée pour elle...

Je crois aussi que si les animaux vivent ensemble il est impératif qu'ils puissent voir leur copain mort, afin d'assimiler celle-ci.
Ils vont d'ailleurs le renifler, parfois que quelques instants, mais c'est crucial.