Reaction des chevaux face à la mort

Ma jument a vu son copain de champ mourir devant elle, dans un accident horrible, elle a pété les plombs dans les jours qui suivaient, ça a finit en rééducation comportementale.
Ma vieille shetland elle a eu du mal à retrouver l'appétit les jours qui venaient, elle attendait vers la barrière.
Donc .... ????

marlin

et pour qui s'intéresse à ces questions de la qualification de "personne" ainsi qu'un état des lieux pas encore trop dépassé des connaissances actuelles en terme d'intelligence animale.

"L'animal est-il une personne ?" - Yves Christen

ça ne me semble pas anthropomorphique de qualifier de "personne" ou de "quelqu'un" tout être vivant et pensant.
ça me semble plus anthropocentrique de penser que seul l'humain est une personne, quelqu'un, dont le passage à l'état de mort à besoin absolument d'une qualifiant le distinguant des autres êtres alors que finalement rien de rien n'est différent biologiquement parlant là-dedans.
Nous mourons des mêmes choses et de la même façon pour une même résultat.Nous conceptualisons tout à l'extrême, nous ritualisons tout, pleurons, déprimons, que sais-je... Et nous en concluons, sur la base de quoi, je me le demande encore, que si les autres êtres vivants ne manifestent pas les mêmes choses que nous, de la même façon, ou en tout cas d'une façon que nous reconnaissons, c'est qu'ils ne ressentent rien.

Egocentrisme. Anthropocentrisme.

L'anthropomorphisme c'est justement de vouloir attribuer aux animaux nos réactions. Or, nous ne réagissons pas de la même façon. Ils réagissent à LEUR façon.

kaskade
Mais que voudrais-tu observer en réaction à la mort d'un des leur pour penser qu'ils ressentent quelque chose ? Des cris ? Des larmes ? De l'hystérie ? Des évanouissements ? Qu'ils courent partout ? Se cabrent ? se jettent au sol ? Sans réaction physique visible à l'instant t, un peu avant ou un peu après c'est la preuve irréfutable qu'ils ne ressentent rien, ne pensent rien ?


Pas de réaction = pas d'avis ?.....

couagga mon dieu merci ! tu as résumé parfaitement ce que je pensais !

Les gens partent trop souvent du principe que si l'animal n'a pas des réactions similaires aux nôtres face à une émotion, c'est qu'ils ne la ressentent pas.
Attention, métaphore grossière, mais pour moi c'est un peu comme si on disait qu'un muet ne ressent rien parce qu'on l'a jamais entendu crier. D'ailleurs je rappelle qu'à une époque on les pensaient déficients mentaux simplement parce qu'on ne les avait jamais entendu se plaindre.. bah oui, pas possible pour eux hein, surtout à l'époque où le langage des signes n'existait pas.

C'est ça qui m'embête avec le fait de répéter "attention à l'anthropomorphisme". Oui, il faut faire attention à ne pas en faire quand on observe les animaux, mais d'un autre côté j'ai peur qu'on ne finisse par créer des barrières inflexibles entre eux et nous. Comme le dit couagga on risque de tomber à l'inverse dans une vision/compréhension complètement autocentrée. Et de ce fait, bien loin de la réalité.

Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de réactions visibles SELON nous qu'on doit en conclure qu'elles sont inexistantes. On ne sait pas encore tout sur eux. On commence tout juste à comprendre le principe des phéromones chez les chiens et chats qui sont un vrai outil de communication pour eux. Il y a peut-être d'autres choses qui ne sont pas à notre portée intellectuelle, car notre compréhension du monde est justement limitée par notre cerveau humain. Il existe sans doute des choses que l'on est même pas en mesure d'imaginer.

D'ailleurs, si ils avaient conscience de la mort, est-ce que cela serait forcément synonyme de tristesse pour eux ? Peut-être que c'est nous qui n'avons rien compris à ce concept, qui sait ?

couagga je ne pense pas qu'ils ne ressentent rien, mais à la différence de nous, ils acceptent ..........

Juste pour rappel, jusque dans les années 70 ou 80 (oui oui, aussi incroyable que ça puisse parraitre) on opérait les bébés sans anesthésie parce qu'on les croyait insensibles à la douleur.
Heureusement ça a changé et on a aussi admis que les animaux la ressentent aussi, c'était pas gagné (Merci Descartes ).
Tant de choses restent à découvrir ! ..... Y compris pour ce qui concerne l'intelligence, la conscience, l'affect..... On sait aussi que les arbres ont une forme de communication entre eux

Couagga: même si nos avis diffèrent, effectivement je reste persuadée que les animaux vivent des émotions.
Mais si nous prenions le problème à l'envers? (Ceci pour étayer mon argumentation )
N'est-ce pas nous humains qui avons peur de la mort et perdu son sens face à celle-ci? C'est un sujet tabou qui justement à force le rend effrayant.
Bien des civilisations la vénéraient et encore actuellement cela fait partie de certaines traditions.
Nous avons peur de la mort et réagissons différemment des animaux, se ne sont pas eux qui réagissent différemment de nous!
Là je suis à court d'arguments

Ce qui est certain est qu'ils ressentent la douleur, la détresse de leurs congénères. Il n'y a qu'à voir comme le stress ou l'apaisement se communiquent vite au sein d'un troupeau. Ou la réaction d'un chien ou d'un cheval qui entre dans une clinique vétérinaire pleine de signaux de détresse.
Après je pense que les chevaux n'ont tout simplement pas cette connotation terrible qu'on donne à la mort, c'est quelque chose d'aussi naturel que de manger ou dormir. Je ne pense pas qu'ils ressentent la mort comme quelque chose d'aussi négatif que nous. Par contre je suis certaine qu'ils la ressentent (comment peut on penser qu'un cheval ne ressent pas la mort? Ils ressentent tellement plus de choses que nous), et surtout qu'ils peuvent sentir le manque du compagnon mort, le stress et l'agitation des humains autour, peut être leur changement de comportement à eux, et puis le changement des habitudes, même s'il reste des copains ça chamboule forcément un peu les choses.
Pour mieux connaitre les chats, on observe souvent des changements de comportement après la mort d'un d'entre eux, ça peut être dans beaucoup de sens d'ailleurs, plus câlin, plus calme, plus agité, passe plus de temps dehors etc ...

Pas tout à fait le même contexte, puisqu'il ne s'agit pas de "mort" mais ma shet Bounty n'était pas bien (impossible de déterminer ce qu'elle avait, mais vraiment pas bien) donc je l'avais sorti du troupeau en attendant le véto, mais elle était juste à côté d'eux (à 2m quoi), tous les daltons (c'est comme ça que j'appelle mes poons car j'ai toutes les tailes) étaient en rang d'oignon devant la clôture à regarder la ponette.

Ma shet servait de dame de compagnie aux autres, ils y étaient tous très attachés, car un jour où l'autre ils s'étaient retrouvés à n'avoir qu'elle comme point de repère, même si c'était uniquement au moment de leur arrivée pour être intégrer au troupeau.

Celle-ci était très faible, se couchait, se relevait, titubait et se re couchait...bref, rien de très normal quoi.

Le véto est arrivé, le temps que je lui explique ce qu'elle avait, elle est tombée par terre et s'est mise à convulser.

Les autres sont devenus hystériques derrière la clôture, à lui hennir dessus et ils voulaient tous la rejoindre, mon haflinger a failli déglinguer la porte, les petits essayant de ramper en dessous, les costauds de tout démonter, et les sportifs ...de passer par dessus.
L'histoire étant assez sportive pour les bipèdes, puisqu'il fallait immobiliser Bounty au sol, pour qu'elle ne se blesse pas et permettre au véto de lui faire une piqûre et se précipiter en même temps vers la clôture pour calmer les autres.

La crise est passée (merci le valium), Bounty s'est relevée chancelante...les autres se sont calmés quand elle a été debout, et ils se sont mis à "mumumer" au lieu d'hennir comme des perdus.
J'ai emmené la ponette hors de leur vue puisqu'elle est partie passer les 24h suivantes en box pour s'en remettre, ils ont surveillé son départ, et sont retournés à leurs occupations, mais le lendemain soir, quand elle est revenue dans le troupeau elle avait son comité d'accueil, et franchement ils semblaient tous ravis de la revoir sur pieds.

Bien sûr c'est de l'andromorphisme...mais bon, difficile d'expliquer autrement le truc...

Et bien moi je peux vous dire, d'expérience, que la mort peut être à la fois acceptée et fêtée ! Je n'ai qu'une expérience mais elle a été tellement choquante pour moi, humaine morale et réfléchie...

Rina, shetland du voisin, est avec trois ânesses. Elles appartiennent toutes à la même personne, sont dans le même parc 10mois/12 et ensemble depuis... Une dizaine d'année au moins !!

La ponette un matin fait une colique. J'epargne les détails... Les ânesses à ce moment n'en n'ont rien eu à faire d'elle, elles étaient même pressantes et bourrinaient pour entrer dans la stabu.

À la mort de la ponette, les ânesses ne sont pas allées la voir, quand on l'a emmenée les trois vilaines ont eu un comportement pour le moins... Galop, de nouveau de bonne humeur, elles ont récupéré leur territoire et elles avaient la sérieuse attitude de vainqueur à faire le tour du quartier.

Les ânesses ont toujours chassé la ponette et la pauvre à toujours subi des traitements limites avec elle. Là, le départ a semblé être une victoire et un soulagement pour les trois autres...

À contrario, ma comtoise qui n'est pas du tout dans le même parc y a été mise avec mes vieille pendant 1 semaine, un mois où deux après. Quand elle s'est rendu compte qu'il manquait la ponette, elle a hennit sans arrêt pendant des heures, galops, transpiration de stress extrême, les yeux exhorbite. Pour la calmer, j'ai dû lui faire sentir le tapis qu'on avait mis sur la petite pour la réchauffer... Ma jument a été apathique et méchante avec moi pendant pas moins de 15j...

tysolfege

Ma seule expérience sur le sujet est avec des chiens.
Mon chien Loki et la chienne de mon mari vivaient ensemble, la chienne était 1 an plus jeune et Loki avait fait office de 'grand frère'. Il est malheureusement décédé percuté par une voiture, les 2 s'étaient enfuis (la chienne est croisée husky...) et elle est rentrée seule.
pas du tout d'attitude triste ou choquée ou quoique ce soit sur le moment. Bon. Quelques jours plus tard, on retrouve le corps de mon chien qui était bien caché... mon mari et moi avons le coeur totalement brisé. Pour qu'elle comprenne qu'il ne rentrera pas, mon mari montre son corps à la chienne qui le prend pas la manche pour l'entrainer plus loin.

On enterre mon chien, hors de sa vue mais il reste l'odeur j'imagine. Elle est maintenant seule donc assez abattue, on essaie de lui remonter le moral en lui jetant des pommes pour qu'elle aille les chercher... elle en a fait une pile sur la tombe de Loki. Paie ton brise coeur 2eme édition.
Elle semblait vraiment déprimée, on a rapidement pris un nouveau chien pour lui tenir compagnie (elle n'est pas très proche des humains).
Elle l'a mal accueilli. Avec le temps ça s'est arrangé, mais on sent que l'un comme l'autre ne serait pas très affecté si l'autre disparaissait de la circulation.
Elle a changé de caractère : elle attaque maintenant les chiens inconnus (au sang directement), pendant presque un an elle a été très léthargique, sans problème physique, puis d'un coup a semblé retrouver le moral
Allez savoir ce qu'il se passe dans leurs têtes...

punaise oui je l'ai pas écrit mais ce sujet m'a fait repenser à ça... c'est dingue quand on y repense maintenant !

Je ne sais pas si la comparaison est la meilleure qu'il existe, mais je suis autiste, et certaines personnes pensent clairement que je ne ressens pas les émotions. Alors que ce n'est pas du tout vrai, je ressens les choses, j'ai des sentiments, mais je ne les exprime pas, ou alors différemment.

Pour les chevaux je pense que c'est la même chose, il ressentent et comprennent sûrement la disparition d'un congénère mais ne l'exprime pas, ou alors sans qu'on puisse s'en rendre compte, dans le "langage" qui leur est propre!

Je pense que les animaux comprennent le fait que l individu n est plus la.

Pour moi c est plutôt le concept de mort qu ils ne vivent absolument pas comme nous. Je dirais que leur raisonnement est beaucoup plus simple d ou leur facilité a " passer à autre chose ". Ils sont " obligé " de continuer à vivre et de poursuivre leur petit bonhomme de chemin.

Leur rapport à la mort est tout simplement différent comme il l est dans d autres cultures.

jinssa ouaie, enfin on ne peut quand-même pas comparer les sociétés humaines, aussi différentes soient-elles entre elles et éloignées de la nôtre, et les chevaux...
Il y a en effet autant de façon de concevoir la mort et de la ritualiser qu'il y a de sociétés humaines, mais toutes ont un socle commun.... (le fait de lui donner un sens et de la ritualiser, plus ou moins).