blindh
Désolée pour le délai de réponse, j'ai fait un sevrage d'écrans du WE
Mais j'ai ruminé notre sujet, très intéressant et merci pour cet échange
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Cependant je doute en effet que tous soient capables de s'élever suffisamment pour se détourner de leurs intérêts égoïstes et pour servir une fin plus grande qu'eux-mêmes. D'autant plus dans une société qui valorise le circuit de récompense, circuit : je veux la satisfaction tout de suite maintenant.
Malheureusement je suis d'accord.
Cependant est-ce un soucis d'éducation (si correctement éduqués à cela dès le plus jeune âge, est ce que n'importe qui pourrait devenir un parfait dirigeant prenant en compte les intérêts de tous), ou bien est-ce intrasèquement lié à la personnalité profonde (personnalité qui de toute façon est façonnée en partie par notre éducation aussi)
En gros a quel point la société peut-elle façonner une personne? Peut-on complètement structurer/modifier une personne ou bien y a-t-il une base génétique/émotionnelle innée et non-modifiable? c'est un sujet passionnant je trouve.
Rien que prendre en compte à quel point notre culture structure notre cerveau/raisonnement/émotions (et moi qui connait un peu la société chinoise, c'est passionnant de découvrir à quel point nous sommes différents)
Et en plus, comment éduquer "parfaitement" une personne à ce rôle?
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Le problème c'est que la justice elle-même se définit de manière complexe. Est ce que ce qui est juste c'est de maintenir l'égalité à tout prix ? L'équité ? L'équité ne passe t'elle pas par une forme de compassion qui implique alors de ressentir des émotions ? L'équité c'est le redressement de la justice dans les cas particuliers. Parce qu'on voit bien que parfois la justice, qui par nature ne peut que être générale, parait défaillante pour régler les cas précis.
La question que j'ai mise en gras me perturbe
Je n'aurais pas penser à rattacher équité et compassion, mais oui tu as raison. Screugneugneu.
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
On peut penser qu'il y a des êtres humains assez désintéressés pour régner (Platon disait qu'il fallait mettre au pouvoir les philosophes, pour lesquels il propose un modèle d'éducation spécifique, afin de former des penseurs parfaits. Il estime en effet que les philosophes ne veulent pas du pouvoir et qu'ils sont alors les mieux placés pour ne pas en abuser.)
Disons qu'a l'époque de Platon, les contraintes de gouvernement n'étaient pas les mêmes.
Le monde était "plus petit", avec beaucoup moins d'interactions.
Actuellement, gouverner c'est prendre en compte une multitude de facteurs compliqués, notamment économiques, médiatiques, psychologiques (on est clairement beaucoup moins résilient que les gens de l'époque je pense ^^)
Avant, il y a avait d'autre contraintes (notamment une grande dépendance à la météo, aux récoltes pour ne pas mourir de faim, enfin je dis pas que c'était plus simple, mais différent)
Comprendre le monde est devenu très complexe, il faut donc s'entourer de plein d'experts dans leurs domaines.
Donc les avis sont forcément un peu tous biaisés et subjectifs.
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Je pense à titre personnel qu'il vaut mieux en effet éviter la solution de la tyrannie car tout homme peut souhaiter un jour abuser du pouvoir, et la question de la succession se poserait également. Maintenant clairement la démocratie factice n'est pas une solution, le peuple est en réalité contrôlé par ses pulsions, par l'appât immédiat du gain. Et face à cela, ceux qui souhaiteraient agir pour le bien commun en sont dissuadés car cela voudrait dire se mettre en danger face à l'égoïsme d'autrui.
Tout à fait d'accord et fabuleusement bien écrit
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
On peut supposer qu'elle calculerait les solutions faisant le moins de morts et les mettrait en place sans discussion possible. Ce qui dans notre cas serait une bonne chose. Mais oui elle mettrait de côté l'empathie au profit de la réussite de son projet. C'est le concept de l'utilitarisme, morale que l'on applique quand on trie les patients finalement. Pour les questions morales la série The Good Place est je trouve une superbe réussite.
OK, je finis ma série et j'attaque The Good place si le confinement se prolonge
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Oui en effet, mais il existe des adeptes de la théorie du complot qui sont en réalité extrêmement instruits. Mais même le plus savant est tenté par le mystère, c'est pas pour rien que certains scientifiques essayaient d'expliquer comment des magiciens parvenaient à tordre par la pensée les cuillères. Notre esprit aime penser l'irrationnel. Et de même nous aimons penser que la situation est en réalité bien plus complexe qu'elle ne le parait. Bon le monde politique devrait cependant tirer une leçon importante de cette montée du complotisme, à vouloir cacher aux citoyens la vérité on les amène à croire qu'elle est bien plus obscure qu'elle ne l'est vraiment. D'un côté que ferait un peuple non éduqué non instruit auquel on dévoilerait la réalité des décisions politiques ?
Je pense que pour un prof, démonter des théories du complot doit être à la fois un objectif à atteindre (apprendre à remettre en cause, à comparer les sources, etc etc) et un sujet de démoralisation
mais oui centaines théories du complot sont fantastiquement poussées. Leur construction dénote un grand savoir faire et une réflexion profonde.
Et effectivement on a tous une partie de nous qui aime le mystère.
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Pour la fin je suis d'accord avec toi. Et il demeurera des différentes de nature. Mais on peut espérer que l'éducation se répande comme un mauvais virus ;)
L'éducation je ne sais pas, mais j'ose espérer que cette parenthèse fera réfléchir les gens à plein de choses qu'ils ont toujours pris pour acquis dans notre société "riche et confortable"
Et accessoirement qu'elle nous permettra de changer au moins des petits choses dans notre quotidien
blindh a écrit le 20/03/2020 à 18h46:
Mais clairement actuellement on nous invite bien souvent à nous concentrer sur notre bien être égoïste, et comme on nous offre justement un confort relatif, je pense qu'on incite les hommes à défendre ce confort avec violence. Prenons le thème du réchauffement climatique. On sait quasiment tous que c'est dans notre intérêt d'agir pour la planète. Pour autant personne ne le fait (enfin trop peu). Pourquoi ? Tout simplement parce qu'on voit l'intérêt immédiat avant et tant qu'on ne sera pas menacé dans l'immédiat personne n'agira. Mais la faute ne réside pas seulement chez l'individu mais bien dans un système tout entier qui nous invite à guetter la satisfaction facile, à nous accrocher à notre confort même s'il risque de disparaître sur le long terme. On pourrait dire que l'abondance nous a offert un bonheur factice mais la spiritualité n'a pas accompagné ce développement, la morale ne guide pas nos conditions matérielles, donc quand on rentre chez soi au lieu de se demander quoi faire de notre liberté, on est crevé, on cède à nos désirs, nos besoins, parce qu'avant d'être un animal rationnel nous sommes surtout un animal comme les autres.
Complètement d'accord et encore une fois très bien écrit
Oui et clairement cette notion de "nous sommes des animaux avant tout" est trop peu considérée dans nos sociétés je trouve. Parce que par tradition notamment religieuse (mais même sans être croyant ou catholique, nous somme dans un pays de culture catholique, et donc empreint de ces croyances bien plus qu'on ne le croit quand on n'y réfléchit pas), on devrait être "au dessus" des animaux. Ou pas. Animal social et éduqué, avec une possibilité de reflexion immense certes, mais animal quand même génétiquement parlant