Méditation de pleine conscience

Coucou tout le monde, quoi de neuf chez vous?

Moi j'arrive à la fin du bouquin de Saki Santorelli, c'était une lecture magnifique qui m'a beaucoup touchée.
Les méditations guidées du CD sont très bien, mais pas forcément évidentes quand on débute.

D'un point de vue pratique je piétine un peu en ce moment, j'ai vraiment du mal à renouveler les méditations guidées que je trouve sur internet. Les ateliers auxquels je participais se sont arrêtés pour l'été, je me sens un peu seule dans ma démarche et je ressens beaucoup moins d'effet de mes séances depuis quelques semaines - je continue quand même 30min par jour, parfois plus ou moins.

Je me suis inscrite à un programme MBSR à la rentrée. J'ai hâte comme pas possible. J'ai une chance inouïe d'avoir une instructrice géniale dans le village où j'habite qui organise plusieurs programmes par an - personne recommandée par mon chef. J'espère que ça m'apportera plus d'autonomie dans ma pratique, et que ça m'aidera à davantage intégrer la pleine conscience à ma vie quotidienne. J'espère aussi que ça m'apportera l'émulation d'un groupe car même si c'est une pratique très intime je ressens vraiment le besoin de partager. J'espère garder le contact avec ce groupe par la suite... mais on verra bien. Oui je suis beaucoup trop dans la projection, tout le temps ^^

Mon objectif ultime à l'issue de ce programme c'est d'arriver à voir mes émotions. À les vivre pleinement, à sortir de l'anesthésie de ma vie jusqu'alors.

Je sais qu'on ne doit pas avoir d'objectif en méditation, mais je ne peux pas m'empêcher d'espérer... qu'il se passe quelque chose, peu importe quoi.

Bonne journée à tous ceux qui ont le courage de me lire

Hello à tous!

Quelques nouvelles du programme MBSR. Est ce que certains d'entre vous connaissent, ou en ont déjà fait un ?

J'en suis à la quatrième semaine du programme (sur 8). J'ai eu un déclic hier, grâce à notre merveilleuse instructrice.

Depuis le début du programme je suis focalisée sur mon absence d'émotions. Plus j'avance et plus ça me déprime de voir que je ne ressens rien. Hier ça m'a pété à la gueule pendant la séance en groupe. J'ai juste envie de me faire embarquer moi aussi dans un tourbillon d'émotions incontrôlables comme... tous les méditants en parlent en fait.

Je me sentais comme une machine, ou une coquille vide. Comme si j'étais pas humaine. Mon sentiment d'être pas normale s'amplifie de jour en jour avec la pratique.

Maintenant j'essaie juste d'être avec ce sentiment là. Ne pas le rejeter. Regarder ce qu'il me fait et... oh miracle. Il me fait pleurer en fait. Je suis peut être humaine quand même au final...?

Regarder la blessure, encore et encore. C'est ce que disait le bouquin de Santorelli et mon instructrice m'y guide avec tellement de douceur, d'empathie et de bienveillance. Elle est merveilleuse.

Et aussi "brisé mais toujours entier", autre phrase du bouquin qui m'aide beaucoup... on a tous quelque chose de brisé en nous sur cette terre. Mais ça ne nous empêche pas d'être parfait comme nous sommes.

Voilà où j'en suis. Je suis heureuse d'avancer à éplucher l'onion de mon coeur de pierre qui bat sous la couche métallique

Seul "problème" : mon chef voit que ça ne va pas aujourd'hui mais j'ai mon entretien annuel demain. Trouver le bon positionnement entre sa bienveillance qui invite à la confiance et à la confession et mes objectifs professionnels qui n'ont aucun rapport avec tout ça...
Mais ça va bien se passer

Programme MBSR terminé en confinement en novembre donc en ligne... c'était très étrange, nous avons partagé des moments très forts malgré la distance mais la présence du groupe était un vrai manque. Ce programme me laisse comme un goût d'inachevé...

Du coup je démarre un second programme, le même mais avec mon chef cette fois dans une optique de réduction du stress professionnel. Pour le moment la méditation ne m'a pas apporté ce que j'attendais sur le plan personnel mais bien plus : une empathie décuplée. En revanche je suis toujours aveugle sur mes propres émotions, mais qu'importe.

Sur le plan professionnel c'est encore plus impressionnant : capacités d'analyse, ouverture des Possibilités professionnelles, qualité des productions complexes, affirmation de soi par une prise de confiance auprès des collègues. Pour moi faire un programme MBSR au travail a encore plus de sens avec tout ce que ça m'a déjà apporté professionnellement.

Démarrage le 22 janvier :)

Coucou tout le monde,

Je voulais partager avec vous le grand moment que j'ai partagé avec mon cheval hier, grâce à la méditation de pleine conscience j'en suis sûre.

Juste une illustration de ce qu'un programme MBSR peut changer dans une vie de cavalière...

Pour vous dresser le tableau je fête bientôt ma troisième année avec mon cheval, et nous n'avons jamais pu partir en balade à cheval en solo, par manque de confiance mutuelle, malgré 3 ans de TAP et balades à pieds solo, à pieds ou même en longues rênes, qui se passaient toujours très bien. Mes tentatives à cheval sans être accompagnés se sont toujours mal passées... jusqu'à hier.
Séance 2 de mon second programme MBSR le matin même.

Et l'après-midi : première balade montée solo, de bout en bout, sans mettre le pied à terre à un moment, parce-qu'il monte en pression, et que je ne parviens pas à faire redescendre la cocotte minute autrement avant qu'elle n'explose.

Une balade sereine, comme j'en ai toujours rêvé.
Un Sunny aussi calme et paisible que lorsqu'il passe spontanément en tête avec ses copains.
Aucun fantôme derrière la haie,
Aucun danger au loin qu'il faut guetter plus que nécessaire,
Malgré un vent bien présent, qui avant,
le faisait paniquer rien qu'à pieds.

Juste un petit crottin au départ, et un deuxième au milieu de la balade, devant les champs des vaches qui sont vides en cette saison.

Une demande en approchant la fin de la balade de lui laisser les rênes, toutes les rênes, jusqu'à la couture, sur le bord de la route.
Un tout petit écart au trot devant une bâche bleue qui flotte à 3m dans un jardin ouvert,
Un tout petit coup de stress qui s'est bien vite éteint quand j'ai ri, amusée de sa réaction juvénile.
Aucun hennissement en croisant d'autres chevaux, dont certains sont des potes, dans le champ d'à côté.

Plusieurs petits trots, dynamiques et actifs, dans une écoute parfaite de mes demandes.
Des arrêts, des longs moments de pas,
Un poney aux boutons comme y'a pas...

Qu'est-ce qui a changé,
par rapport à ma dernière tentative de cet été ?
Quand il ronflait de peur, sur notre chemin habituel de balade à pieds, alors qu'il n'y avait absolument rien ?

Tout et rien à la fois,
C'est surtout moi qui a changé, j'ai l'impression...
J'ai appris à lui faire confiance, vraiment confiance à cheval,
J'ai appris à y croire, à ne plus douter inutilement de nous.
Je ne m'impose pas plus qu'avant,
Hier j'étais juste là, vraiment là,
Avec lui.
Très présente à chaque instant, comme m'a appris la méditation de pleine conscience,
A l'écoute de moi même, et rien que pour lui.

Je ne flânais plus en regardant vaguement le paysage sans le voir,
Je ne tentais plus d'avancer sans m'écouter moi-même,
Comment aurait-il pu imaginer que je saurais l'écouter lui,
Ses envies et ses peurs,
Si je ne savais pas lire les miennes ?

Je lui ai beaucoup parlé, pour lui partager mon entrain,
Lui dire ce qui m'inquiétait ou me faisait rire,
Pour la première fois j'ai réussi à être presque vraie avec moi-même,
Et alors bien plus sincère avec lui que je ne l'avais jamais été...

Il l'a senti sans aucun doute,
Vu la différence dans son comportement,
Savoir où je voulais aller je l'avais déjà avant,
Essayer de lui montrer la voie sans lui laisser le choix c'est ce que j'avais déjà essayé sans succès,
Aujourd'hui c'était différent.
Il a su dès le début où je voulais aller,
Et à aucun instant n'a voulu le remettre en question,

Comme s'il voulait aller dans la même direction que moi,
Pour la première fois...

Magnifique message

Pour la suite de mes péripéties, le second programme MBSR a démarré en janvier en milieu professionnel.
Pour rappel c'est un programme de méditation laïque qui se déroule en 8 semaines, avec 1 séance de pratique en groupe hebdomadaire, et 1 journée complète de méditation en groupe lors de la 6ème semaine.

Mon employeur a décidé de proposer un programme MBSR à ses collaborateurs pour réduire le stress professionnel, en tant que programme de prévention des risques socio-professionnels.

Nous avons donc fait 2 séances en présentiel,
Puis nous sommes passés en visio à partir de la 3ème séance.

Pour ma part les séances 3 et 4 ont coïncidé avec des événements assez intenses, avec une forme de lâcher prise que la progressivité du programme m'a vraiment permis d'expérimenter. J'ai aussi perdu mon petit chat adoré au cours de ces semaines là, ce qui a sûrement été un petit électrochoc émotionnel.

Je ne l'avais pas forcément partagé en début de ce topic, mais la méditation m'est vite apparue comme un besoin existentiel pour me reconnecter à toute une partie de moi-même que j'ai perdu il y a 15 ans de ça. Une déconnexion totale aux émotions et au corps, suite à un événement survenu dans mon enfance, qui a généré un fonctionnement interne particulier avec des mécanismes de sur-protection qui m'empêchaient d'avoir accès à tout ce qui se passait à l'intérieur.
Protections sûrement utiles sur le coup,
Obsolètes aujourd'hui,
Dont j'espérais me débarrasser avec la méditation de pleine conscience.

Pendant 15 ans je n'ai connu ni joie ni peine,
Je pensais être une femme forte qui ne se laisse atteindre par rien,
Qui peut tout traverser fièrement sans ciller,
Il y a un an, j'ai réalisé que des inconnus ou presque, avaient plus de lucidité sur mes émotions que moi-même,
J'ai découvert la méditation,
Et alors j'ai réalisé que j'étais juste morte de l'intérieur,
Que mon coeur s'était asséché,
Durant toutes ces années.
Je traversais un désert,
Et la vie n'avait aucune saveur,
Car on ne peut jamais être heureux,
Si l'on ne connaît pas aussi la douleur de la vie,
Celle qui nous montre en comparaison la beauté des moments heureux.

La reconnexion à mon corps et à mes émotions s'est déroulée lors de ces semaines 3 et 4,
Je ne peux pas dire qu'elle soit totale encore mais déjà je me sens revivre,
Comme si j'arrivais à un oasis après une longue traversée du désert,
Grâce à mes deux instructeurs MBSR qui ont planté ces palmiers bien avant mon arrivée.

J'ai juste l'impression de me rencontrer pour la première fois,
de m'aimer, de me respecter, pour la première fois.
Car mon corps m'a toujours protégée,
Je l'ai tellement haï, je l'ai tellement maltraité sans même m'en rendre compte...
Je lui ai juste promis, pendant ces semaines 3 et 4, que je l'écouterai toujours,
et que désormais il passerait toujours en premier, quoique les autres en disent.

C'est ce que j'ai appliqué lors de cette 4ème séance du programme,
Face à un appel très fort de mon corps,
J'ai choisi de le suivre lui, plutôt que les interpellations des autres participants et de l'instructeur,
Car mon corps demandait trop de concentration pour que je puisse la partager.

Je ne sais pas trop ce qui s'est passé, j'étais bien consciente,
Plus proche de mon corps que je ne l'ai jamais été,
Mais il semblerait que cette manifestation de mon inconscient ne soit pas compatible avec le programme MBSR,
Que j'ai dû arrêter après cette 4ème séance.
Déchirement, frustration, sentiment d'abandon, d'injustice,
D'être expulsée d'un programme très bien vendu et qui m'apportait tellement,

Mais j'ai fini par comprendre que j'avais mon propre chemin à suivre,
Avant de revenir dans un groupe.
Mes instructeurs m'ont guidée vers la bonne voie,
Vers une pratiquante plus expérimentée qui va m'aider à suivre ce chemin,
Ils ne m'ont pas vraiment laissée tomber au fond,
Et depuis nos derniers échanges je me sens faire partie du monde pour la première fois.

En ce moment j'expérimente, je ressens lors de mes méditations personnelles,
Dans mon corps et dans mon âme,
La solitude de ces 15 dernières années,
L'injustice de ce qui m'a traversé,
L'abandon des adultes lors de mon enfance,
Les violences qui ont décimé ma famille et qui détruisent tant de vies dans ce monde,
L'ampleur du vide qui m'a entourée durant toutes ces années,

Mais aussi la chance que j'ai eue de croiser les bonnes personnes, au bon moment,
La beauté de la nature qui s'éveille en ce début de printemps,
La bonté des personnes qui m'entourent, de mes proches et de mon fiancé,
La perfection de ma vie actuelle, que j'ai bâtie avec acharnement durant ces années désertiques.

Aujourd'hui la méditante qui m'accompagne affirme que je suis une personne très sensible,
Que c'est cela qui explique une coupure brutale et si longue,
Moi qui me suis toujours vue comme une machine, un monstre insensible.

Bref, je peux vous dire que je suis en train de naître,
Vraiment je goûte à la vie pour la première fois,
Celle que vous connaissez tous et qui m'était interdite.
Je découvre l'amour et la confiance de mon corps,
Je touche à la véritable appartenance au monde,
Comme si j'y avais ma place pour la première fois...

Voilà ce que me permet aujourd'hui la méditation de pleine conscience, que je pratique depuis bientôt un an...

Cela fait sens avec ce qu on échange sur l autre sujet...

J adore ce que tu as écrit... je sais de quoi tu parles... ca fait plusieurs fois que tu me mets la tête à l envers
Profite bien de tout ça...

sfamily mes excuses pour la tête à l'envers ce n'était pas le but...
Mais oui tout se rejoint toujours

Petite pensée pour ce post avec l'écoute hier de ce podcast scientifique sur la méditation de pleine conscience

La Méthode Scientifique

khady ah non j aime bien ça ! Je découvre que je ne suis pas seule dans mon bordel.sous.mon.crane c est cool.

sfamily haha oui nous sommes nombreux en fait

khady j ai envie de te dire : où étaient les autres pendant mes 30 ans de solitude ? Mais je n etais sans doute pas en état de les voir... tout comme de les écouter...

Coucou tout le monde, j'ai hésité à mettre ça ici sur une partie publique du forum mais... je crois que ce que je voulais vous livrer est aussi intime qu'universel finalement.

4 méditations formelles de la semaine dernière ont scellé ma renaissance, et j'avais envie de vous les partager...

16/03/2021

Petite fille tapie dans l'ombre. J'ai peur de l'approcher. Elle dégage une fumée noire qui pue la mort. Je lui dis que je suis là mais c'est un mensonge.
" arrête de me repousser !" Me dit elle. Non, elle le crie.

Alors je l'approche vraiment. Mon corps tremble. Je rencontre la peur. Ma peur d'elle. La fumée noire m'empêche de respirer et me compresse la poitrine. Comme une fumée toxique. Mais je l'accepte. Mon corps peut l'accepter. La forge de mon coeur peut accueillir cette fumée noire et la transformer en lumière jaune.

Elle me dit à quel point elle a honte d'elle même. Sa haine d'elle même est intense, sa honte aussi mais elle n'est pas capable de me montrer toute son ampleur encore. C'est la haine, sa fumée noire. Elle me dit qu'elle n'a pas droit à la vie. Qu'elle est une tare pour l'humanité. Elle aurait dû mourir il y a longtemps mais elle sait qu'alors elle aurait fait plus de mal encore à ses proches. Alors elle s'est tapie dans cette grotte pour les protéger et se protéger du monde.

C'est la première fois que je peux approcher la petite fille d'aussi près.
Je la berce et je lui dis que je reviendrai la voir...

17/03/2021

Elle est toujours tapie dans sa grotte sombre. Elle se cache au creux de mon diaphragme, qui reste fermé pour me protéger d'elle.

Je dois affronter ma peur pour m'approcher d'elle. Une peur panique qui me fait suffoquer. Qui fait fondre mon corps et trembler mes jambes. C'est ok. Je peux accueillir la peur. La lumière jaune de mon coeur peut l'accepter.

Je finis par m'approcher vraiment. Je lui demande de regarder sa fumée noire. C'est une décharge de mort et de pourritures. Un mélange de vomi d'asticots, d'os et de chair morte. Elle pue la mort. J'essaie de nager dans la pourriture car il faut lui donner de l'espace, sinon je vais me noyer dedans.
Les sensations de peur dans mon corps sont intenses. La respiration, le rythme cardiaque, c'est un vrai marathon alors que je suis assise sur mon coussin de méditation.
Accepter cette aura funeste. La pourriture s'étale autour de la petite fille.

Ce n'est pas juste Ia sienne mais celle du monde. La pourriture pénètre dans les parois de la grotte. Elle partage ce pourri avec le monde. Elle respire avec la terre de la grotte qui aspire ses souffrances. La pourriture est toujours là mais elle n'est plus seule pour la porter.

Elle se sent nue. Je lui demande si elle veut venir à la surface avec moi. Rencontrer la vie. Elle me dit non elle n'est pas prête. Nue elle est trop fragile. Elle a peur des autres. Peur qu'ils voient sa pourriture.
C'est ok si elle a peur. Elle reste dans la grotte. Mais elle ne porte plus la mort du monde.

Et si elle s'effondre en arrivant à la surface? C'est ok aussi. Mais ça fait peur aussi. Elle n'est pas encore prête.

Je la laisse dans cette grotte plus légère qu'avant. Je reviendrai la voir. Je reviens à la lumière sans elle, mais elle est dans mon coeur. Je l'étreins avant de la quitter. Je sais où la trouver maintenant.

Elle est cachée dans une grotte au fond du creux de mon diaphragme, et sa grotte pue toujours un peu la mort du monde qui s'étale.

18/03/2021 : retour du sentiment de séparation

Aujourd'hui elle a froid dans sa grotte à force d'être nue, libérée du poids de sa pourriture. Elle se souvient de la dernière fois qu'elle a vu la lumière du jour au Sénégal, dans cette pirogue au milieu des dauphins noirs du Sine Saloum. C'était la première fois qu'on lui prenait la main, qu'elle pouvait juste être elle. Qu'on la voyait, qu'elle était en sécurité et qu'elle pouvait juste laisser être. Mais le retour dans la grotte a été trop dure à son arrivée sur Bordeaux. La chute dans l'obscurité trop rude. Comme si elle avait été brûlée par la lumière du soleil. Elle a peur d'y revenir encore.

Elle se sent trop nulle. Trop transparente, trop petite. Seule et nulle par rapport aux autres. Trop bête, trop insignifiante, pas assez sociable. Elle est juste trop différente, elle l'a toujours été. Sa différence l'a toujours poussée à sortir du monde, et à sentir les autres la repousser hors du monde en retour.

Alors elle s'est réfugiée dans les étoiles à ses dix ans. Elle y est toujours restée ensuite. Sa grotte aujourd'hui est au milieu d'une comète. Elle ne sait pas si elle pourra venir sur terre un jour. Ce n'est pas sa place, elle vient du cosmos. Elle sera toujours une extra terrestre sur terre. Pas assez sociable pour être normale. Pas assez intelligente pour être HP. Une humaine des étoiles qui sera toujours seule.
C'est pour ça, le vide qui l'aspire depuis deux mois. Elle est en apesanteur.

Accepter cette solitude? Accepter la transparence? Accepter de ne jamais faire vraiment partie du monde ?

Je berce la petite fille dans sa grotte étoilée. Même si l'on reste seules, on le sera ensemble et c'est rassurant.

19/03 : revenir à la surface du monde

La petite a froid dans sa grotte sous terre. Elle est nue. Elle se sent sale.
Accueille ça aussi. Le sentiment de saleté. C'est celui du monde. Tu te sens sale pour ce qu'il vous a fait. Ce que les hommes comme lui font aux femmes de l'humanité. La saleté est sur eux et pas sur nous. Accepte cette saleté, ces injustices qui font partie du monde. Tu ne la portes pas seule. Tu as pris ta part avec ta soeur, tu l'as soulagée aussi.

Tu te sens encore seule. Ta mère t'a abandonnée. Elle t'a chargée d'un poids bien trop lourd pour toi. De toute sa souffrance à elle.
Mais tu n'es plus seule aujourd'hui. D'autres te tendent la main. D'autres te ramasseront si tu tombes.

Accepte ça aussi. L'abandon de ta mère et les gens qui te prennent la main aujourd'hui. La vulnérabilité est une force. La faiblesse un courage. Tu as le droit de tomber.

Le sentiment d'infériorité est aussi partagé. Tu n'es pas seule avec. C'est le lot de tous tes pairs.

Mon coeur s'emballe. Tu as peur. Ou honte. Des vagues te traversent.
Tu montes cette échelle qui remonte de ta grotte vers la surface.

Je n'avais pas vu la rage de vivre de la petite fille. Celle qui surpasse sa peur du monde. Elle grimpe cette échelle à toute vitesse. C'est sa soif de vivre qui remonte à la surface.

Accueille cette peur aussi. Cette panique de s'effondrer une fois en haut. C'est ok. Il y a des gens pour te rattraper en haut. Le coussin de ce groupe que tu revois ce midi. Tout est safe autour de toi. Tu peux continuer ton ascension.

Je te protégerai de la lumière. D'autres gens te protégeront de ta mère. Tu as le droit d'être ici.

Et elle arrive à la surface dans un calme absolu. Un apaisement parfait. Tout mon corps se détend profondément. Le bruissement des feuilles. La brise du printemps sur son visage. Elle peut rester à l'ombre de cet arbre un moment. Pour s'imprégner doucement de la lumière de la vie. Laisser ses yeux et son corps d'habituer. Rien ne presse.
Elle est épuisée de l'ascension.
Fais une sieste au pied de cet arbre millénaire. Le monde est beau et désormais je reste toujours avec toi. Je te protégerai.

12:15
La petite fille et moi réunies arrivons à la salle pour ce déjeuner partagé avec le groupe MBSR duquel nous avons dû nous écarter il y a 4 semaines pour suivre notre chemin.
Nous sommes complètement nues. D'une fragilité extrême. Nous sommes à l'ombre des arbres et en sécurité pour l'instant, mais notre entrée dans le monde, au milieu du groupe, déterminera si la petite fille peut rester à la surface ou retourner dans sa grotte. Elle est tellement vulnérable ce matin.

La porte s'ouvre. Derrière nous nous habituons aux odeurs douces, aux rires lointains, au sol lisse et souple sous nos pieds nus. Nous observons de loin alors que l'instructeur, notre guide, nous invite à nous approcher avec une infinie douceur. Les regards chaleureux du groupe. Les clins d'oeil. Les gestes d'affection, comme si nous n'avions jamais été séparés.

Ça y est. La petite fille est définitivement sécurisée, accueillie dans le monde. Elle y est désirée et y a sa place. Elle va pouvoir prendre son envol en sécurité dans les bras du groupe. Nous sommes elle et moi réunies pour toujours.

L'oasis dans lequel j'arrivais il y a quelques semaines ne s'est finalement pas asséché. Le désert ne m'a pas happée de nouveau, et aujourd'hui il s'est transformé en une prairie verdoyante qui ne pourra jamais plus s'assécher si facilement.

Car la petite fille et moi même sommes réunies dans ce monde qui s'ouvre pour nous. Notre corps a toute sa place ici et d'ailleurs le monde entier le voit désormais. Notre coeur sensible aura la force de tout accueillir, tel une forge qui fera de toute souffrance une substance chaude, souple et lumineuse. Nous sommes prêtes à découvrir les vraies saveurs de la vie, après 15 ans de mort intérieure, et à recevoir le monde dans ce coeur ouvert.

31/03 : explorer la vie

La petite fille est toujours cachée à l'ombre sous son arbre. Je lui dis qu'elle a droit aux plaisirs de la vie mais elle me dit que non. Elle me dit qu'elle est sale et n'a pas le droit d'exister.
Alors je lui rappelle cette lumière jaune qui sortait de son coeur face à la fumée noire de la peur et de la mort. Je lui rappelle que la forge de son coeur a déjà été capable de transformer la noirceur en lumière. Elle me dit qu'elle a les deux en elle. La noirceur et la lumière.
Alors je lui dis que son coeur n'est que lumière. Entièrement. Complètement. C'est un joyau qui brille entièrement. Qui n'a rien à voir avec le mal. Il n'a toujours fait que le bien ce coeur.
Je lui demande de regarder ce coeur lumineux et plein d'amour. Elle voit alors que son coeur battant est sans tache. Immaculé. Parfait.
Je lui demande peux tu rester avec ce coeur lumineux et parfait?
Elle me répond que oui.
Alors je lui dis qu'elle peut jouir des plaisirs de la vie mais elle n'est pas prête.
Elle doit d'abord prendre le temps de voir ce coeur parfait, immaculé et débordant d'amour.
Alors elle voit que la lumière jaune de son coeur s'étend dans tout son corps. C'est elle même qui brille de cette lumière, elle est même trop lumineuse à l'ombre de cet arbre.
Elle n'a plus à avoir peur du soleil. Elle ne sera plus brûlée, elle est à elle seule un petit soleil.

Elle me dit qu'elle a le droit d'être heureuse. Oui, elle le voit maintenant. Cette lumière de l'amour lui donne droit au bonheur.

Alors je l'étreins et la berce. C'est notre coeur à nous deux qui est parfait de lumière. Elle me dit "je t'aime". Je lui dis que je l'aime aussi. Avec ce coeur immaculé que je découvre, même s'il a toujours été là, depuis toujours et pour toujours, je commence à m'aimer vraiment.

Bonjour tout le monde, je découvre avec joie ce post qui m'intéresse fortement ! En effet dans el cadre de mon mémoire en psychologie j'envisage éventuellement de travailler sur la méditation de pleine, les programmes MBSR et les effets qu'ils peuvent avoir sur les bien-être des travailleurs.
Je suivrais donc avec une grande curiosité tout ça !

alecto ton lien me redirige vers l'accueil de cheval annonce...