Citation :
Alors j.c Barrey parce que l'on est sur la bulle, c'est lui qui l'a inventé/expliqué si on avait été sur le cognitif je t'aurais cité probablement Cyrulnik....
Je me suis pas mal intéressée à Jean-Claude Barrey au moment où il est monté au créneau lors du débarquement des chuchoteurs. J'étais d'ailleurs très en accord avec sa réaction. J'ai suivi stages et conférences avec lui, beaucoup discuté avec lui et beaucoup appris, c'était passionnant. Mais il y a aussi d'autres éthologues équins reconnus, et comme avec les écuyers, on trouve des lignes communes, des nuances et des divergences....
Non, il n'a pas inventé la bulle. Cette notion d'espace vital intime n'a pas été révélé par JCB, il l'expliquait en revanche très bien et en faisait même la démonstration des effets en liberté avec n'importe quel cheval. Je me souviens qu'il avait démarré un de ses stages en disant que tout ce qu'il disait était à 90 % une synthèse de ce qu'il avait appris de ses prédécesseurs et qu'il apportait sa contribution personnel dans les 10% restant. Il avait d'ailleurs une admiration certaine pour Claudia Fey.
Pour Cyrulnik, dont je suis une immense fan, je suppose que tu pensais à la notion de "résilience" qu'il a mis en évidence et vulgarisé auprès du grand public, plus que "cognitif" qui est une notion très générique et pas plus incarné par Cyrulnik que par les autres
Pour en revenir aux chevaux qui vont au contact physique, la posture de Barrey c'était plus de dire, dans mon souvenir, que l'usage de la chambrière ou du stick devait se faire uniquement par contact direct et non par menace car, disait-il un cheval qui veut mordre ne loupera jamais sa cible s'il en a vraiment l'intention et qu'il ne le faisait jamais dans le vide. Donc pour lui, de ce que j'avais compris, il était inutile de menacer avec un stick ou ue chambrière mais quite à avoir une intention vindicative, il fallait aller directement au contact.
Je ne partageais d'ailleurs pas cet avis et son discours m'avait interpellé car j'ai souvent vu et vois encore, des chevaux se menacer apparemment très violemment sans aller au contact alors qu'ils pourraient clairement le faire. J'ai toujours lu dans tous les documents d'observation des animaux, que justement il y souvent beaucoup de menaces, d'effets spectaculaires, un vrai concours de grandes gueules avec des coups rares mais tout cela ne débouchant que rarement sur des blessures graves car l'instinct de survie rend les animaux bien plus enclin au renoncement qu'à la bagarre. Pas de sacrifice pour la gloire ou par fierté dans le règne animal. Par d'acharnement chez les sujets équilibrés.
Pour autant, si à la demande d'un dominant à un dominé, le dominé ne réagit pas assez vite ou clairement, la menace augmente jusqu'au contact. c'est clair net et sans bavure.
Concernant les poulains ou tout autre jeune dans n'importe quelle autre espèce, tant que le jeune est immature, c'est à dire non concurrentiel en terme de reproduction, les adultes sont tolérants et modèrent leur intervention. Ils ont une attitude éducative, ils agissent pour transmettre des codes et non pour les appliquer comme ils le ferait avec des congénères matures et donc potentiellement concurrents. Il y a donc une progressivité dans les rapports.
Ainsi, les contacts répressifs sont mesurés car n'importe quel animal est en capacité de mesurer la force exercée et de l'adapter.
Finalement, dans notre rôle d'éducateur avec un poulain nous pouvons, nous devons, à mon sens, avoir cette clarté et cette mesure dans nos comportements pédagogiques. Beaucoup d'informations à envoyer et écouter sur plusieurs modes de communication et parfois une montée en intention pour définir un cadre relationnel cheval/humain. C'est exactement ce que le cheval fait avec nous ! L'enjeu, pour réussir, c'est d'avoir le rôle du mentor en toutes circonstances.
La relation humain/cheval repose sur une éducation construite sur la mise en commun d'une partie des référentiels de communication équin et une partie des référentiels de communication humain. C'est la communication inter espèce où chacun prend connaissance du modèle d'expression de l'autre, le décode en partie, se l'approprie en partie, le reproduit en partie dans la mesure de ses moyens.
Le cheval a toutes les compétences requises pour s'adapter à nos spécificités et adapter son comportement et sa communication.
Les chevaux posent des limites entre eux pour s'organiser socialement, nous fonctionnons exactement de la même façon entre humains. Poser des limites n'a donc rien de dramatique. Avec les chevaux avoir parfois recours à une montée en intention et dans des cas exceptionnels aller au contact fort n'a rien de dramatique.
Il faut simplement être juste, clair dans sa demande initiale, avoir de la rigueur et de la constance, utiliser toutes les phases d'avertissement préalables avec clarté et ne pas tergiverser.
Pas d'acharnement, pas de volonté de faire mal, usage exceptionnel et bref de la répression, retour à la normale instantanément. La mise en danger du cheval comme de la personne qui le manipule n'est pas acceptable.
Le curseur de la brutalité n'est pas le même pour le cheval et l'humain, c'est une évidence. Le cheval n'a aucune notion des dégâts qu'il peut infliger à un humain en agissant pourtant avec une mesure qui passerait quasi inaperçu avec un congénère. C'est à l'humain à lui indiquer au plus tôt que la limite acceptable est bien plus basse en sa présence.
Le risque encouru pour l'un et l'autre n'est pas comparable. Une morsure à l'épaule "par jeu" ou "inattention" sera bien plus préjudiciable à l'humain qu'un coup de stick sec à l'épaule du cheval.
La répression physique juste et pédagogique avec le cheval est brève, instantanée en réponse et n'a pas vocation à blesser, harceler, se défouler, exprimer son énervement ou sa frustration ! Elle disparait avec la même instantanéité qu'elle apparait. Elle a un objectif de poser une limite infranchissable dans l'esprit du cheval pas de lui faire payer une faute. Elle s'impose comme une porte qui se referme, une option comportementale à oublier.