eric61 a écrit le 06/11/2025 à 07h05:
Puisque personne n'a rien à gagner ou à vendre avec les bises, il faut croire qu'il y a quand-même un "besoin" qui fait partie de notre identité. Nous restons malgré tout un animal social...
Assimiler la bise, ou les contacts physiques, à un besoin de l'humain en tant qu'animal social, c'est méconnaître que la notion d'espace et de territoire est, chez l'humain, totalement culturelle.
Ceux que ça intéresse trouveront abondance de littérature et d'étude sur le sujet, mais pour faire court : si l'éthologie montre que le langage corporel des chevaux vivant à l'état naturel est à peu près identique partout, à l'inverse, chez l'homme, les notions d'espace et de territoire personnels sont des faits culturels (ce que Edward T. Hall en son temps nommait "la dimension cachée" : même si son travail date et que de nombreuses études depuis ont affiné, étayé, éclairé son propos, il reste une entrée en matière accessible et passionnante sur cette question)
Dans certaine cultures, la proximité physique qu'implique une bise, ou même une simple poignée de main, est considérée comme, au mieux totalement inapproprié, au pire comme une offense ou une agression.
Et il n'est pas besoin d'aller au fin fonds d'un autre continent pour constater ces différences : j'ai un souvenir très net d'un impair que j'ai commis ado, dans un pays aussi exotique que l'Allemagne.
J'étais au collège à l'époque et nous avions pour habitude de nous taper la bise tous les matins. Notre classe part en Allemagne pour un séjour d'échange linguistique, durant lequel nous étions mélangés à une classe de collégiens allemands qui à l'évidence, eux, ne se faisaient pas la bise (ni check, ni aucun contact physique : le bonjour naturel était un "hola" accompagné d'un signe de la main). On intègre naturellement ces codes, sauf qu'un matin, je ne sais pas pourquoi, je vois s'approcher une fille dont j'avais fait la connaissance la veille lors d'une soirée et avec qui nous avions beaucoup sympathisée, et qui vient spécifiquement me dire bonjour (elle ne faisait pas partie de notre groupe). Un moment de fatigue, la force de l'habitude, je m'avance et je lui claque la bise : elle a eu un mouvement de recul, et il y a eu un gros malaise dans l'assemblée. En quelques heures, le scandale avait fait le tour du collège et on nous prêtait une idylle, ce qui a sûrement été difficile à vivre pour elle qui est restée sur place (moi je partais quelques jours plus tard). La barrière de la langue (je n'étais pas douée en allemand) nous empêchant de nous expliquer, cette pauvre jeune fille m'a fui comme la peste pendant la fin de mon séjour et aucun jeune allemand ne s'approchait plus de moi à moins d'un bon mètre!
Au delà de cette anecdote, ce qui est certain c'est que la bise n'est clairement pas un code social généralisée, mais au contraire très connoté culturellement. Et comme les sociétés occidentales, du fait des nombreuses vagues migratoires et de la facilité des mouvements de population, ne sont plus du tout étanches culturellement, on peut aujourd'hui se soustraire à ce rituel sans que ce soit interprété comme un manque de politesse ou une difficulté à vivre ensemble.
Perso comme
klavel j'évite les contacts physiques quels qu'ils soient, hors du cadre familial ou intime (amis très proches) et même dans des groupes ou c'est une habitude assez générale, je parviens à instaurer une forme de salut qui reste poli et convivial mais sans contact physique tout en étant parfaitement intégrée.
Je trouve d'ailleurs qu'aujourd'hui, avec les évolutions de la société, c'est même l'insistance pour une forme ou l'autre de contact physique qui fait l'objet d'une déconsidération sociale et relève d'un manque de savoir-vivre ensemble.