solange27
T'inquiète, il y a pas mal de personnes qui ne comprennent pas non plus, mais en général c'est plutôt des jeunots de 16ans, moins des adultes.
Je ne suis pas d'un tempérament casse-cou, ça joue aussi. Parfois, il suffit d'une expérience pour nous vacciner : pour ma part, à 15-17ans je trouvais rigolo d'avoir un cheval à bascule, et une fois mon cheval s'est emballé sur une sortie plage, galop pleine balle ventre à terre. Jument en réalité tout juste dressée, et comme le prof savait que je n'en n'étais pas à mon premier galop sur la plage, il me l'a donnée sans trop me dire où elle en était dans le travail.
Revenus au club, mes parents discutent avec le prof une fois que je leur ai raconté la sortie : "Ah oui, je lui ai mis cette jument car ça la pousse un peu, ta fille, ça lui fait du bien !"
Bah non, en fait. J'avais 17 ans, un niveau 4-5 à tout casser, je n'étais pas là pour tester ses chevaux sans qu'on m'en parle avant; et surtout, je n'avais pas besoin d'être poussée, j'étais loin d'être mijaurée à cheval. Ça ne veut rien dire non plus "être poussée", en donnant des chevaux tout juste débourrés pour aller galoper sur la plage.
Cette histoire m'a vaccinée des chevaux idiots et qui bougent trop. Toujours peur de ne plus contrôler quoi que ce soit, de mal terminer, de me faire peur sans que ça apporte quelque chose de constructif.
Le prof n'avait donc pas réussi à me pousser, juste à me faire reculer.
Les gens qui disent que c'est drôle les chevaux qui bougent, je ne comprends pas.
C'est tout sauf marrant de manquer de tomber sur du bitume avec un cheval sur soi, d'imaginer que Pompon risque de se tuer s'il se ramasse dans un trou en plein galop, de se faire embarquer sans savoir quand on s'arrête, d'avoir les lombaires en vrac à cause de coups de dos violents, de se dire : "je n'ai plus aucun contrôle, je suis assise sur son garrot, il veut juste me dégager, s'il me remet un troisième coup de dos j'ai le choix entre me ramasser la lice, me prendre un chêne de 70ans ou finir sur ce petit contre-haut de cross en pierre..." Et d'avoir finalement le temps de compter "1-2-3 saute" pour terminer dans le sable saine et sauve.
Je n'ai pas eu besoin de cours spécifique pour apprendre à tomber, mais maintenant, à vélo ou scooter, je sais parfaitement tomber.
Je pense aussi que beaucoup de jeunes cavaliers se font une gloire de monter LE cheval intenable du club. Dans combien de vidéo de Youtubeurs ou combien de jeunes filles ici racontent que "Pompon est un cheval difficile, il n'y a que moi qui le monte alors que j'ai un niveau Galop 2, mais avec moi c'est une crème." ou "J'ai acheté Pompon alors qu'il faisait peur à tout le monde sauf à moi, et j'étais là seule à lui donner de l'amour et à le comprendre."
Du coup, dès qu'il y a un poney qui bouge un peu, c'est trop stylé de le monter... ça fait mousser, on se dit qu'on a un don spécial.
En réalité, à 15ans je trouvais marrant de monter la ponette un peu pisseuse du club (je n'étais pas là seule à la monter
), mais à 20ans, ça n'avait plus rien d'intéressant pour moi, je préfère un cheval dynamique mais tranquille, avec qui je vais passer 1h sans craindre ses réactions, juste être tous les deux ensemble, se balader rênes longues ou travailler consciencieusement.
Ses petites réactions de gaieté, ce n'est jamais méchant ni violent, il se calme de suite après.
C'est du bonheur et à mon sens, cette vraie sensation de liberté que je recherche à cheval. L'osmose avec ma monture, sans crainte et ni qui-vive.