La suite...
Confinement mars 2020
Pour moi, la seule chose de positive qui est ressortie du confinement, c’est cette prise de recul que nous avons tous dû prendre sur un sujet ou un autre. A ce moment là, ça nous tombe dessus « d’un coup » personne n’imaginais immobiliser tout un pays, ni empêcher les gens de sortir de chez eux.
A ce moment là, Oslo était en pension en box/paddock. J’avais rendu la pature que nous occupions quelques mois plus tôt, épuisée par 10 ans de débroussaillage, gestion des clôtures, du stock de foin, du crottin etc etc... Un quasi burn out. Trop de temps à tout gérer, pour un temps minime réellement passé avec les chevaux. Et puis désormais je travaille, je n’ai plus la disponibilité de ma jeunesse, par contre j’ai les moyens de payer une pension. Je décide donc de me prendre une pause, de confier la gestion d’Oslo à quelqu’un d’autre pendant quelques temps (ce qui n’était pas arrivé depuis ma prise d’indépendance et notre arrivée en pature 10 ans avant).
D’un coté ce n’est pas évident de prendre la décision de « ne plus faire ». Un peu comme une impression de l’abandonner, en plus avec un retour au box... Mais je sentais que j’en avais VRAIMENT besoin. Oslo passera donc ses journées dehors et sera rentré la nuit au box. Je vois qu’il s’y sent bien, je culpabilise un peu, mais la fatigue prend le dessus... et lui, il perd du poids, et je le vois revivre. Il se déplace beaucoup mieux, est plus alerte. Je le monte plus aussi (on a quelques installations) et il adore sortir, il est toujours allant.
Arrive l’hiver. Le mode de gestion des pâtures change. Les chevaux ne sortent qu’à la demi journée. Ça m’embête mais bon je n’ai pas vraiment le choix si je veux une vrai surveillance. Je prends sur moi, c’est temporaire après tout.
Et là arrive le confinement. Interdiction pour tous de venir voir les chevaux du jour au lendemain. Quelques jours après je découvre qu’en fait les chevaux sont lâchés par groupe selon leur groupe habituel de pature.
Du coup dans le cas d’Oslo, ils étaient lâchés à 6-7 dans un rond d’havrincourt en sable pendant 1H et ... voilà.
Je rappelle bien sur que nous ne pouvons pas venir les sortir en plus puisque nous avons toujours interdiction d’y aller.
Les gérants mettent des photos, des vidéos sur le groupe FB de l’écurie. Je vois mon cheval mal à l’aise. Il essaie de bouger, de galoper avec les autres, mais il n’aime pas la proximité, je le vois gêné, et je le comprends : ça fait vraiment petit comme espace... je demande si une autre solution est envisageable : faire des sorties par 2-3 (ils ont environ 15 chevaux à gérer donc pas la fin du monde de faire des petits groupes), ou les lâcher en pature ou dans la carrière. C’est un non, accompagné d’un « je suis chez moi, je fais ce que je veux ». Ça c’était la première semaine du confinement... Autant vous dire que ça a été trèèèès looooooong.
Heureusement, j’allais voir ma ponette qui était chez ma tante. Mais je n’ai pas vu mon cheval pendant quasiment 2 mois. Ça n’était jamais arrivé, j’y étais chaque jour depuis 10 ans.
Il m’a manqué, je me suis ennuyée, je me suis aussi demandé ce que faisaient les gens « normaux » (comprendre : ceux sans cheval)
. J’ai tourné en rond, encore et encore... j’ai vraiment ressenti un manque. Et là je me suis dis que non, je ne me voyais pas sans cheval. Parce que ben oui, comme j’ai eu ma ponette vers mes 8 ans et mon cheval à mes 13 ans, je n’ai aucun souvenir de ma vie avant eux. Aucun souvenir de ce que cela fait de ne pas avoir de cheval, tout a toujours tourné autour d’eux.
A la sortie du 1er confinement, j’avais donc pris 2 décisions :
1/ envoyer mon préavis et me barrer le plus vite possible de cette pension
2/ ne plus dire qu’après Oslo je n’en reprendrai plus, parce que ne plus en avoir n’est clairement pas envisageable...