Se construire individuellement en étant en couple.
Posté le 14/10/2021 à 22h41
elysia
Posté le 14/10/2021 à 22h41
Salut.
J'ai longtemps hésité à écrire ce que je m'apprête à poster ce soir... D'ailleurs, ça fait des années que je n'ai pas écrit une ligne, pas posé avec des mots ce que je ressentais. Je ne sais pas si c'était parce que je n'en éprouvais pas le besoin, ou parce que j'évitais de le faire... Pourtant, je me rends à l'évidence : aujourd'hui, faut que ça sorte !
Je me suis même dit que je ferais mieux d'en parler à une bonne copine plutôt que sur un forum... Mais en vrai, j'ai peu d'amies, ou bien je n'ai pas envie de les embêter avec mes histoires. Et surtout - j'y reviendrai - elles s'accordent toutes pour dire que mon mec est génial et que j'ai de la chance de l'avoir.
Voilà. Ca fait des mois que ça ne va pas... Que dis-je ? Des années.
Pour vous mettre dans le bain, ça fait 8 ans que je suis avec mon homme. C'est une relation plutôt saine, simple... Qui m'a aidée à me stabiliser à un moment où j'en avais besoin. Pour la faire courte, j'avais l'habitude de m'attacher follement à des mecs qui me voyaient à peine. Finalement, je me suis mise en couple avec celui qui avait l'air de m'aimer pour qui j'étais, et de me porter l'attention dont j'avais besoin à ce moment-là.
Sincèrement ? Ca n'a jamais été passionnel (de mon côté en tout cas), sans doute parce qu'il n'y a jamais eu de mystère, jamais de textos/messages pendant des semaines à tourner autour du pot... Mais au bout de quelques mois plutôt concrets, je me suis plu dans cette relation et on a fait notre bout de chemin ensemble. Et je pense que c'est réellement le meilleur cadeau que je me suis faite en tant que femme.
En huit ans, j'ai évolué et grandi avec lui à mes côtés : on a adopté un chien, traversé la France pour le boulot ensemble, j'ai acheté mon poney, on a accueilli un chat... Ouais ok : on a jamais voyagé (d'ailleurs ça m'angoisse terriblement de voyager), pas fait les 400 coups ensemble comme des ados dans les films... Mais on s'est soutenus et supportés l'un-l'autre tout ce temps. Même avec des hauts, et des bas. Parfois quand je vois d'autres couples qui s'engueulent sans arrêt, je nous trouve presque parfaits...
Pourtant aujourd'hui, j'ai l'impression que la différence entre le "presque parfaits" et le monotone ne tient qu'à un fil.
En fait, c'est vrai que lui et moi, on n'a rien en commun - à part les souvenirs qu'on a construits ensemble et le quotidien... Vous vous en doutez, si je suis ici c'est que je suis branchée poney : facile 2/3h par jour aux écuries, en plus du boulot (indirectement dans le monde du cheval), du chien... Lui, il est plus jeux vidéos. Facile 3h par jour en semaine et 6h par jour en week-end, quand on fait un truc ensemble en journée, il a vite fait de retourner à ses jeux vidéos...
Moi ça ne m'a jamais dérangée en soi, parce que je sais que ma passion est chronophage. La sienne l'est tout autant au final... Il lui arrive de venir aux écuries, et à moi de "le regarder jouer" sur la TV, tout en trainant sur Youtube, ou sur le forum. Finalement, l'un dans l'autre, je nous ai toujours trouvé plutôt complémentaires.
Mais c'est vrai que si on creuse... On n'a jamais réellement construit d'activité commune. On sort peu : pas faute de temps, parce qu'on dégagerait facilement l'un et l'autre une demie-journée ou une soirée, mais plus faute d'envie... Il est souvent en déplacement la semaine, il n'a pas envie de courir partout le week-end. Et moi... Moi je préfère claquer mon argent en tapis de selle et en cours de poney plutôt qu'en ciné ou en restaus !
Mais cette petite monotonie (peut-être évidente pour certains, mais pour moi qui suis une angoissée chronique, c'est tellement rassurant) s'est réveillée il y a un peu plus d'un an... J'ai rencontré quelqu'un. Un type qui "passait par là" et que je voyais tous les jours sur mon lieu de travail. Alors il ne s'est rien passé ! Sauf que ça m'a suffi pour me laisser une drôle de sensation : j'ai eu l'impression de louper un truc, je me suis dit "et si je ne retombais plus jamais amoureuse ?". Tu sais : les papillons dans le ventre, l'envie de plaire, les échanges de regards. Et là, je me suis rendue compte que j'avais une petite vie, bien rangée de trentenaire ennuyeuse à mourir, qui n'a rien à raconter à des inconnus.
Vraiment : me demander pourquoi j'aime mon mec, c'est comme me demander pourquoi je respire ! C'est tellement évident, tellement... facile ?
C'est pour ça que concernant ce "quelqu'un d'autre", je me suis fait une raison sur sa disparition plus ou moins calculée de ma vie... C'était fun, cette impression de plaire à "quelqu'un d'autre". Mais ça a foutu un sacré bordel dans ma tête. Et ça a soulevé certaines questions dont je n'arrive pas à me défaire depuis des mois !
Cette petite voix qui me dit dans ma tête : sais-tu qui tu es ?
Je suis incapable de me projeter dans ma relation de couple. Ca ne date pas d'aujourd'hui hein... Je pense que je suis comme ça depuis le début, je soupçonne le manque de passion - même celle du début - d'y être pour quelque chose. Je me suis autorisée cette relation "par raison", par contre c'est vrai que je me suis toujours "contentée de ça".
Mais la petite voix, elle, il lui arrive de chercher des toutes petites maisons - ou des appartements rikiki sur Le Bon Coin - de toutes évidences, pour y vivre seule. De trainer sur Ikea pour se choisir un fauteuil plutôt qu'un canapé, et de se dire que "chez moi, j'aurai pas de télé". Elle se projette en tant qu'individu... Comme si sa vie de couple ne lui suffisait plus, et... C'est terrifiant !
J'ai cette sensation de couple incomplet à cause de cette stabilité-monotone... Mais surtout, et c'est ce qui me bouffe le plus, d'individus incomplets. Est-ce que lui, de son côté, se satisfait vraiment de sa vie ? Si je lui demande, il va me dire que oui pour ne pas me froisser... Mais dans le fond, je le vois comme un miroir de ma frustration.
En réalité je crois que j'ai bel et bien fini par essayer de m'accomplir ces derniers mois en m'investissant ENCORE PLUS dans l'équitation : changer d'écurie, avoir des projets concours... Penser équitation/poney du matin au soir. C'est le bordel pour tout le reste ? c'est pas grave, j'ai mon poney. Une véritable petite autruche, si bien que j'ai fini par ne plus penser au malheureux fauteuil mais à repartir en quêtes des tapis de selles à collectionner.
Mais... Et lui dans tout ça ?
Aujourd'hui, mes projets équestres tombent à l'eau : Poney est arrêté pour six mois mini (boxe complet deux mois, puis remise au pré au printemps, bref, il s'est pas loupé). Après le passage du véto, j'ai pleuré. Pas parce que mon poney allait mal : non, ça... J'ai bien compris que ce serait passager ! Mais j'ai pleuré parce que je savais que ça allait me laisser seule face à moi-même, face à mon homme-miroir qui m'a dit au bout de quelques jours que de toutes façons avec moi, quand ça ne va pas au poney, rien ne va...
Et il a raison : les projets équestres tombés à l'eau, re-voilà cette petite voix qui me crie "profites-en pour te trouver d'autres passions, te construire un peu d'une autre manière"... Et dans ces idées qui fusent : Chéri n'est pas là. Je me demande pourquoi : est-ce qu'il arrive un jour où l'on a tellement l'habitude d'être à deux qu'être seul devient un fantasme ?
Voilà. Je ne sais pas trop comment conclure ça ?
T'façons, je ne peux pas me barrer comme une mal-propre : je nous aime trop pour ça... Puis mes économies "rêves de vie en solitaire" viennent de s'envoyer en l'air avec un véto, des radios et des échographies... Sans compter les mois de pension boxe. Et des frais à la con dans la voiture qui sont à prévoir.
Merci de m'avoir lue...
Ce sujet n'attend pas forcément de réponse : celle de mes copines sont de toutes façons toujours les mêmes quand je leur parle de mes doutes... "C'est un homme bien, tu as de la chance de l'avoir." Bah oui : je sais... Mais moi aussi je crois que je peux devenir une femme bien, et j'aimerais avoir la chance de le découvrir. Parce que là, avec mes envies de fauteuil, je me demande comment me construire, comment m'accomplir... Sans avoir l'impression de délaisser cet autre individu qui partage ma vie.