Un cheval dans un bon environnement n'a pas besoin d'être travaillé. Un pré suffisamment grand pour pouvoir se mouvoir à toutes les allures sans être empêché, des copains qui le sollicitent physiquement et mentalement par des interactions naturelles, ce sont simplement les conditions normales que tous les chevaux devraient avoir et qui les façonnent naturellement.
Le travail produit un physique de travail. Celui que le cavalier construit par rapport à ses envies et ses objectifs. C'est un physique "artificiel", résultant d'une activité équestre qui n'a aucune place dans la nature réelle des activités d'un cheval.
Pour ma part, un cheval qui se démuscle en 10 jours d'arrêt, ça m'interroge sur la qualité de sa construction physique

à moins d'être atteint par une pathologie qui le met très à mal, ce n'est pas normal de perdre ses muscles en 10 jours de repos
En général la musculature qui part vite c'est une musculature de "gonflette", celle des muscles superficiels, de l'effort par réaction et non de l'effort posturale...
Pour moi, un cheval qui se dégrade dès qu'on arrête le boulot ça me laisse plutôt interrogative. Si le boulot est profitable au cheval, il doit rester bien ou au minimum correctement en forme lors des pauses ou à l'arrêt.
Quand je dis régulièrement que la facture arrive à la retraite, c'est exactement à ce genre de choses que je pense. Pour moi, en dehors de pathologie responsable, le seul arrêt du travail ne doit pas entrainer une dégradation brutale et importante de la forme physique.
Ma trotteuse, réformée des courses, puis de club, a été très en forme longtemps, très longtemps. j'ai diminué l'activité progressivement non parce qu'elle avait des problèmes de santé mais parce qu'elle prenait vraiment de l'âge et que je sentait qu'elle était moins endurante et moins enthousiaste. Une fois en retraite complète (à 27 ans) elle a mis des années à changer physiquement, c'était très progressif. Elle a vécu jusqu'à 36 ans un trés belle vie, très en forme, comme une petite vieille, avec tout ce que ça implique en raideur et perte de force mais très belle pysiquement. Pourtant à la base, c'était une ablette pas super bien fichue, j'aurais plutôt pensé qu'elle allait se défaire et faire peur à voir, mais pas du tout.
Ma SF je l'arrête à 22 ans. Elle est magnifique physiquement, super chouette à monter, longer, sortir mais sa santé est trop fragile, ça me stresse, je ne veux pas prendre de risque et le travail est trop irrégulier pour lui être bénéfique. Au fil des ans où l'activité a baissée, son physique a changé mais c'est pas radical non plus, elle n'a jamais travaillé intensivement, elle a un parcours très morcelé, c'est plus moi que ça peine qu'elle.
Par contre j'ai des relations très amicales et fusionnelles avec mes juments. En activité ou non, je passe beaucoup de temps avec juste pour le plaisir, des pansages, des brouting, des câlins, des soins, des visites de courtoisie au pré, juste du temps à proximité pour les groomer. Ma compagnie est appréciée, on partage du temps ensemble et en fait, c'est l'essentiel à mes yeux.
Je ne pense pas qu'un cheval s'ennuie lorsqu'il n'est pas travaillé. Ce n'est pas l'arrêt du travail ou d'une quelconque activité physique organisée par l'humain qui peut poser problème. Ce qui me semble important c'est d'une part l'organisation du quotidien qui doit répondre aux besoins de déplacements, d'exploration, de prise de nourriture au long cours et d'interactions sociales avec les congénères et d'autre part la présence et l'interaction avec l'humain qui doit être dans la continuité.
Les chevaux qui ont l'habitude de beaucoup de présence, d'interactions, de sollicitations peuvent être perturbés si il y a un changement brutal.
Animal sociable, sensible et attaché à ses habitudes, le cheval peut être fortement impacté par un changement de vie trop radical.
Certains chevaux longtemps isolés des autres, c'est à dire n'ayant pas possibilité d'interagir quotidiennement et librement entre eux, peuvent être profondément perturbés en se retrouvant au sein d'un groupe ou avec un congénère, restant à la porte du pré, appelant, préférant les interactions humaines à celles des congénères... parce que complétement dénaturés

C'est d'une tristesse absolue, il faut parfois des semaines, des mois pour qu'ils retrouvent des comportements normaux et sains.
Je vois autour de moi pas mal de chevaux qui ont peu été mis au travail et qui ne fond plus rien depuis longtemps, certains qui n'ont rien fait de leur vie, franchement, ils sont magnifiques, en bonne santé et de bel aspect. Ce qui n'est pas le cas de tous les retraités qui ont eu une "carrière"