Je n’avais jamais eu envie d’être propriétaire jusqu’à ce que je rencontre celle qui fut ma première jument.
J’ai pourtant côtoyé les chevaux depuis l’âge de 3 ans, quotidiennement dans mon environnement, car j’habitais Maisons-Laffitte. La fenêtre de ma chambre donnait sur le rond d’Havrincourt d’une écurie, c’était ma télé
. Les allées cavalières longeaient le chemin de l’école et vers le centre ville. Pour moi les chevaux faisaient partie du décor. Jusqu’à ce que mes parents déménagent dans le sud, j’avais 10 ans, je suis tombée de l'arbre en réalisant qu'il n'y avait pas de chevaux dans les rues de toutes les villes de France
. Et c’est là que j’ai commencé à monter à cheval (car avant je n'avais même pas pensé à demander !!!
) et que je n’ai jamais cessé.
Les chevaux ont toujours été la priorité de mon intérêt par rapport à l’équitation. Les animaux en général sont mon centre d’intérêt. J’ai rencontré pas mal de chevaux, j’en ai monté pas mal, dans des environnements très différents : clubs, élevage, écuries de proprio, chevaux d’enseignement ou de particuliers… mais j’avais le même intérêt à aller relationner avec n’importe quel équidé que je croisais que de poursuivre mon parcours de cavalière. Pour moi monter c’est passionnant mais c’est surtout une dimension supplémentaire et différente dans la relation humain/cheval. Elle n’est pas indispensable mais p***n que c’est transcendant à faire naitre, développer et nourrir cette relation de collaboration équestre, celle où on confie sa vie à cet animal fascinant.
J’ai rencontré la jument qui m’a donnée envie d’être sa propriétaire en club. Elle n’était pas à vendre, j’ai attendu sa réforme pour avoir le bonheur de prendre cette responsabilité. Je n’ai jamais voulu un autre cheval, je la voulais elle et je suis devenue propriétaire à l'âge 33 ans, elle en avait 17. Ma seconde jument, quelques années plus tard, a aussi été une rencontre, au départ, je ne devais pas l’acheter. Je l’ai même perdue de vue plusieurs années et un jour les planètes se sont alignées pour nous, on s’est retrouvé et j’ai eu cette opportunité, c’était une évidence. Et de 2 !
Je n’ai jamais l’impression de devoir sacrifier quoique ce soit pour elles. Enfin maintenant je dois dire « elle » puisque ma première est décédée il y a un peu plus d’un an
, un chagrin qui ne s'estompe pas. Jamais je n’ai eu l’impression de faire un effort pour mes juments ou mes autres animaux. Pourtant, financièrement c’est très loin d’être facile, j’ai vécu des situations très dures en stress, en tristesse, en ruine financière. Je ne suis pas consommatrice…les fringues, les sorties, les voyages, les appareils connectés, abonnements trucs bidules choses, le neuf,... bref, quasiment presque tout ce qui sort du nécessaire…tout ça m’indiffère. Mon truc « pour le plaisir » à moi, ce qui me motive dans la vie, ce sont mes animaux, dont ma jument, et mon lieu de vie… ça me fait suer chaque fois que je dois mettre des sous dans la voiture, une fringue, une réparation quelconque ou un achat obligé, que je dois passer du temps à aller chez le dentiste ou l’ophtalmo, faire de la paperasse, des courses… tout ça me demande des efforts et je le vis comme un sacrifice, ça me donne le sentiment de perdre du temps et de l’argent que je pourrais consacrer à ce(ux) que j’aime : mes amis et mes animaux. Mes autres centres d'intérêt sont compatibles et ne se sont pas au détriment de mes animaux.
Mes juments m’ont apporté tellement de choses positives, je referais les mêmes choix même en sachant les dures épreuves que nous aurons à traverser.
Je ne monte plus depuis 1 an car j’ai décidé de mettre ma seconde jument à la retraite. C’est un choix pour elle, moi je ronge mon frein en tant que cavalière car l’équitation me manque. D’abord celle que j’ai partagé avec elle, comme celle que j’ai partagé avec ma première jument, de cette équitation qui nous a unit, je dois faire le deuil définitivement. Puis ensuite l’équitation de façon générale, celle-ci dépendra de l'avenir.
Ma jument est près de moi, je continue à l’admirer, partager ses activités à elle et ça me comble. Le reste c’est un plus, qui reviendra peut-être un jour d’une façon ou d’une autre. Je ne suis pas propriétaire pour monter à cheval. Je suis propriétaire parce que j’ai rencontré des juments qui m’ont donné envie de prendre soin d’elles pour le reste de leur vie, mon bonheur est de travailler aux leurs.
Je pense qu’il existe de nombreuses raisons différentes, bonnes ou mauvaises, pour vouloir devenir propriétaire. Je pense qu’il vaut mieux ne pas l’être pour de mauvaises raisons car il y en a bien des mauvaises et dans ce cas, propriétaire comme cheval en paient les conséquences. Personnellement je ne conçois pas l’achat d’un cheval, ou de tout autre animal d’ailleurs, comme un acte de consommation mais comme une prise de responsabilité. Pour moi, ce n’est pas une fin en soi quand on pratique l’équitation ou toute autre activité liée au cheval.