J’ai monté à cru pendant 7 ans en club quand j’étais enfant, sur des poneys. On faisait du plat, de l’obstacle, de l’extérieur et du cross, et beaucoup de jeux.
J’avais commencé à être à cheval durant quelques semaines avant d’arriver dans ce club, et ces premières semaines se sont déroulées avec des selles et des étriers sur des chevaux.
Il me semble qu’on ne tombait pas beaucoup plus dans mon club "à cru" que dans les clubs « avec des selles et des étriers ». Je n’ai pas eu le sentiment de mieux affronter mes craintes grâce à cet apprentissage sans étrier. J’ai toujours eu peur de tomber et je suis rarement tombé dans mon parcours. Les fois où je suis tombé je n’ai rien appris car comme le dit
mllealys , c’est la transmission de la technique quand on est à cheval qui sert, pas d’avoir les fesses dans le sable ou de finir aux urgences.
Pour autant, on recevait aussi des consignes et des conseils pour gérer les chutes, apprendre à tomber. Que ce soit parce que j'étais en situation de me vautrer moi-même ou un camarade, le moniteur balançait des conseils dans le feu de l'action pour qu'on ne se crispe pas, qu'on ne se raccroche pas à tout prix...et qu'on ne lâche pas les rênes pendant et après la chute

Je ne me suis jamais casser quoique ce soit en plus de 40 ans d'équitation, juste une entorse du genou et une du poignet sur des obstacles. Rien en balade, rien sur le plat. Je crois que mon moniteur de l'époque a su nous apprendre à tomber et avec l'expérience grandissante apprendre à gérer la chute

Il y a plein de sports comme ça, où on peut apprendre à gérer la chute. Alors on n'est jamais à l'abri de ne pas se louper mais au moins dans la grande majorité, ça évite bien des blessures.
Je trouve le "sans étrier" (surtout lorsqu’il s’agit de monter à cru) très enrichissant. Je pense que ça aide à développer une bonne lecture du mouvement, de la synchronisation, le sens de l’équilibre, la décontraction et une bonne assiette. Pourtant, une fois les étriers remis, les problématiques ressurgissent et il faut adapter ces apprentissages tant les sensations sont différentes. J’ai été très déstabilisée lorsque je me suis retrouvée avec selle et étriers au bout de 7 ans de pratique à l’indienne et j’ai du réapprendre et m’adapter à gérer ces 2 balançoires où reposaient mes pieds.
La mise en selle sans étrier ne résout pas la gestion des appuis sur les étriers, le placement correcte la jambe avec étrier, les allures en équilibre, etc… Pour moi, c’est comme comparer les petits pois frais et les petits pois en boite ! c’est toujours des petits pois pourtant c’est très différent ! lol
Concernant l’apprentissage des enfants, je reste convaincue que le trot et le galop sont une hérésie pour les plus petits tant pour le bien-être du cheval que pour le leur, que ce soit avec ou sans étrier. Je reste convaincue qu’il y a énormément de choses aussi utiles qu’intéressantes et amusantes à faire avec eux en restant au pas, pour les familiariser avec les poneys/chevaux et doucement poser quelques bons réflexes de postures, je ne vois pas pourquoi ça fonctionnait très bien avec les tout-petits dans mon poney club des années 80 et que cela n'existerait pas ou ne sera pas possible ailleurs et en d'autres temps.

Je pense encore que c'est juste une question de compétences.
Pour les enfants plus grands, ceux qui commencent à avoir une vraie conscience de leurs corps, de leurs mouvements, du corps et du mouvement de leur monture, qui commencent à être plus solide dans leur dos, ça me semble indispensable de transmettre dès le départ la technique de base pour qu’ils développent leur équilibre, l’indépendance de leur aide, leur décontraction et leur synchronisation, avec des mots, des exercices et des jeux pédagogiques adaptés.
Le moniteur qui répète 50 fois « redresse toi » jusqu’au moment où le gamin chute, n’est pas un bon moniteur à mes yeux, et la chute n’a aucune raison d’être, elle est juste l’expression de cette incompétence à reformuler une info incomprise, à prendre le temps d’expliquer, de montrer, de chercher et trouver les bons mots, les bons conseils, les bons exercices pour aider l’apprenant à savoir ce qu’il faut faire, à comprendre ce qui l’empêche de trouver la bonne réponse,… Bref, non, définitivement, pour moi la chute est un risque de l’équitation mais elle n’a aucune place pédagogique dans l’histoire. Et définitivement pour moi, le « sans étrier » n’a aucun avantage pédagogique par rapport au « avec étrier », les deux sont utiles et nécessitent d’être abordé au bon moment et de la bonne façon, pour que ni les chevaux ni les cavaliers ou cavalieres (quel que soit leur âge) ne se retrouvent à faire bêtement du tape-cul sur la pauvre cavalerie. Que ce soit 3 min ou 15 min, c'est trop.
J’en ai fait des tours de soi-disant « mise en selle » avec ou sans étriers dans ma jeunesse, à part me flinguer le dos et agacer les chevaux dans le meilleur des cas, ça m’a juste dégoûté. En revanche, des exercices progressifs pédagogiques et des séances de mise en selle en longe avec un accompagnement pédagogique de tous les instants pour trouver et garder ma place et mon équilibre, ça ça m’a appris, le travail sur cheval mécanique, ça ça m’a appris. Et une seule séance vaut plus que des années de pseudo mise en selle tape-cul avec ou sans étrier.