Alors Lyia, déjà il faut être vraiment à son écoute parce que chaque cheval a ses peurs et ses réactions. La mienne, j'ai la chance qu'elle soit super douce et souple dans ses réactions, un peu comme un chat qui saute en l'air tout en souplesse mais elle ne tire jamais. Avec d'autres, ils peuvent t'arracher un bras ou te monter dessus.
Quand quelque chose l'inquiète, ça commence toujours par une tension : elle s'arrête, dresse la tête et les oreilles, ronfle ou saute. Mais avec d'autres, ça peut aller à l'acculement, l'arrachage de longe, la fuite. Il faut toujours éviter d'en arriver à ce qu'ils rencontrent quelque chose qui leur fasse peur à ce point, mais on ne maitrise pas toujours l'environnement.
D'abord, on commence par "cercles concentriques" en partant de son univers connu vers quelques zones moins connues, tout doucement, peu à chaque fois,
en prenant tout son temps. Je la tiens
toujours avec une longe lâche pour ne pas la "punir" par une traction si elle marque un écart. Elle n'a pas fait de bêtise, elle a le droit d'avoir peur, elle apprend. Elle doit accepter de rester avec moi, sans avoir l'impression d'être prisonnière face à sa peur.
Dès que je la sens se tendre, je lui parle beaucoup, comme on parlerait à un enfant qui a eu peur, en riant, en plaisantant un peu sur sa peur (ils se vexent pas, c'est bien

). J'instaure des codes vocaux : "tu as eu peur ma puce, regarde,
non, ne fuis pas, regarde" et je nomme ce qu'elle voit (ça va faire sourire mais après 28 ans avec ma vieille, j'ai pu voir que ça marche) : c'est un vélo, c'est une voiture, c'est un chien, c'est un train ... ils apprennent.
Parfois, quand quelque chose me semble pouvoir lui faire peur et qu'elle ne l'a pas vu, je lui montre, lui amène la tête vers la chose et lui explique ce que c'est, en la caressant beaucoup, sur l'encolure, les yeux, la tête.
Je veille toujours à ce qu'elle regarde longuement et des deux yeux ce qui lui fait peur, qu'elle lui fasse face. Si elle regarde ailleurs (parfois le corps suit le regard, c'est à dire que sous peu, ça va sentir la fuite), je lui ramène le regard vers l'objet, je parle, je caresse et on reste là aussi longtemps qu'elle ne s'est pas détendue (tête qui se baisse, regard qui s'apaise, machouillement, corps qui se détend). Ensuite seulement, on reprend la marche tout doucement, pas à pas s'il le faut, on s'arrête, on regarde, on sent, et
on n'avance que si tout va bien pour elle.
Dans certains cas, je me place entre ce qui lui fait peur et elle et je lui parle encore : "là tu vois, je suis là, je te protège" et je vois que ça la détend. De plus, cette position est plus sécurisante car je préfère qu'elle tire qu'elle ne m'écrase si la "chose" était de l'autre coté d'elle.
Parfois, il faut savoir faire marche arrière si la peur est trop grande pour ne pas les forcer. On leur demande de nous faire confiance, il ne faut pas en abuser. L'autre jour, avec les boites électriques, elle bloquait vraiment : elle me suivait mais ronflait, tendue comme un arc, j'ai préféré changer de trottoir, on a tout le temps ...
Voilà la façon de faire de "maman-gateuse"