Camille m'a dit un truc très juste à propos de l'école, que je savais et que tu sais pcq on a été PE : l'école ne gomme pas les inégalités sociales. Et ça vaut dans tous les sens ! Ce que tu donnes à ton enfant, l'école ne peut pas lui enlever.
Je suis un peu fière quand tu dis des trucs comme ça!
Tu as sans doute raison pour l'école privée. J'ai fait un choix de proximité avec la localisation de mon taf et de celui de mon mari, mais aussi sur l'école en elle même. Je voulais une petite école, familiale et qui donne accès à des collèges de qualité. Je trouve les enseignants (qui ne sont pas nombreux) plutôt sympathiques. J'aime bien le côté un peu rigide vieille France du directeur. Ce mélange de bienveillance et d'éducation classique m'a séduite.
Après, les deux écoles publiques à proximité de l'école de Jeanne sont super super jolies, créer spécifiquement pour être des écoles à la sortie de la seconde guerre mondiale. Genre les espaces sont précisément adaptés pour être une école. Je les trouve vraiment bien. Je pense notamment à la cantine qui est de taille idoine pour éviter le bruit. Mais je ne connais pas le personnel. La cantine de notre école de village est pas mal, la mairie a fait des travaux pour gérer cet enjeux parce que le personnel s'en plaignait.
Après j'ai le sentiment qu'on est toute très projective sur ces sujets, à savoir qu'on vient souvent calquer nos propres angoisses, nos propres peurs, notre propre histoire sur les besoins/réactions de nos enfants, souvent par anticipation. C'est à la fois totalement normal mais en même temps un vrai point de vigilance à mon sens. En tout cas c'est un vrai point de vigilance pour moi, en quasi permanence.
Par exemple, j'ai un super vécu de l'école maternelle et primaire, pour moi c'est un vrai espace safe dans mon histoire personnelle. Je repense avec beaucoup de tendresse à cette période. Quand je reviens à Paris et que je repasse devant mon école, ça m'émeut beaucoup. Je revois précisément les lieux dans mon esprit, je saurais refaire le plan quasi par coeur de l'école.
Donc quand je décris le truc à Jeanne c'est avec des coeurs dans les yeux.
En revanche, je sais que si j'ai pu kiffer ma vie à l'école, j'ai toujours, invariablement, et sans aucun changement avec les années, eu très peur de la collectivité hors de l'école. Je n'ai jamais pris de cours collectifs au ski, j'étais avec un moniteur juste pour moi. Je n'ai jamais été en centre de loisir, je n'ai jamais fait de sport collectif, je n'ai jamais été en camp scout. Et j'ai tjs eu une appréhension de folie.
Et je sais que ma mère n'a jamais mais alors jamais songé une seule seconde à me mettre dans ce type d'accueil, et répète pour Jeanne "oh la pauvre" quand je parle du centre aéré. Pour elle c'est contraint et forcé à cause de notre travail et parce qu'on a pas de baby-sitter à domicile. Mais genre c'est par définition pourri dans son idée et limite un peu maltraitant.
Et elle l'a vécu comme tel pour moi évidemment. Et ça n'a pas dû être sans conséquence.
Je ne veux pas que Jeanne soit comme moi. L'enfant flippé de la collectivité, sans aucun doute lié au caractère projectif de ma mère, et qui a évité toute sa vie ce type de situation, sauf apprentissage scolaire s'entend.
Et de mon côté je suis super projective en pensant à ma propre éducation...