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Le post des supers mamans de ca...
Posté le 27/10/2023 à 09h39
emy_k L'enfer... Je compatis de ouf.
Ca me fait repenser à Jeanne, à l'époque du déménagement chez mes parents (gros gros travaux chez nous). On est resté pendant 7 mois chez eux. Le premier mois chez mes parents, enfer absolu avec Jeanne. Impossible de la coucher dans le calme, le soir elle était dans un état d'excitation ultime, oscillant entre les cris de joie, les pleurs hystéro, le bain était chiant comme la pluie, et le couché s'est rapidement fait dans la tension de ouf. Elle hurlait, voulait sortir de sa chambre, sautait sur son lit, n'écoutait absolument rien. Le truc qui te fait péter une pile, j'étais à deux doigts de lui en coller une, mais de toute manière gueuler, lui hurler dessus, menacer, discuter calmement à froid, absolument rien ne marchait pour calmer le truc.
Moi j'étais démunie et dans une culpabilité de ouf. Je me disais que c'était le déménagement le pb, qu'elle avait quitté sa maison adorée, qu'elle se retrouvait ailleurs, dans un environnement certes connu mais différent. C'était quelques mois après la rentrée de PS donc je culpabilisais encore plus en mode ça fait beaucoup de changement qu'on lui impose.
Donc j'y voyais la traduction d'un mal être de sa part, dont j'étais responsable.
Et puis j'ai lu un article d'un pédopsy dont je ne me souviens plus du nom, je crois dans Le Monde, qui soulignait d'une part à quel point on, la société et les parents, psychologisait tout ce qui concerne nos enfants alors que dans 99% des cas il s'agissait uniquement d'éducatif et pas de psychologie, et, d'autre part, que l'éducatif se joue sur la journée, sur mille et une toutes petites choses sur lesquelles on lâche et qui petit à petit finisse par entraîner de gros pb éducatifs. Il prenait l'exemple du repas ou de la politesse, le merci qu'on exige pas ou d'autres minuscules trucs où on se dit que ça ne prête pas à conséquence.
Et une lumière s'est allumée.
Depuis le déménagement chez mes parents, en effet il y avait plein plein de trucs que j'avais lâché qui était présent avant, mais je ne voulais pas me "battre" là dessus parce que fatiguée et parce que je ne voulais l'embêter avec ça alors même qu'elle était perturbée par ce déménagement et que je culpabilisais de le lui faire vivre. Cf. raisonnement au dessus.
Donc bah le fait de rester à table pour les repas, j'ai mis de la souplesse, le fait de demander de sortir de table, pareil, j'ai lâché, la politesse de base (merci maman, s'il te plait maman, ou tout autre personne), abandonné.
Et puis il y avait mes parents qui ont eu beaucoup Jeanne seule pendant cette période et qui sont au delà de laxistes. Genre ils lui laissent absolument TOUT faire, de manière un peu délirante.
Enfin en gros c'était un peu la foire à la saucisse et on était tous en mode "pauvre petit bébé d'amour siiiiiii perturbée".
Le pauvre petit bébé d'amour s'est transformé en L'Exorciste le soir pour le couché. Franchement c'était pas loin, elle m'aurait regardée en disant "ta mère suce des bites en enfer" c'était cohérent avec son comportement! lol! Des hurlements. Un soir d'épuisement elle a "dormi" avec son père et je suis allée dormir dans sa chambre tellement on arrivait pas à lui imposer de rester dans son lit. Ceux qui me connaissent ici savent à quel point c'est un cassus belli pour moi ça, c'est genre jamais no way, le lit parental c'est le lit parental, jamais, donc pour que j'en arrive là c'est que j'étais totalement in the merdasse. Le tout à 23h30 évidemment après 2h30 de négociation, hurlement, fâcherie.
Donc là j'ai sonné la fin de la récréation. Je me suis ressaisie. On déménage pas parce qu'on est dans la merde, on refait cette putain de maison pour qu'elle soit mieux, on refait sa putain de chambre pour qu'elle soit canon, elle vit le temps des travaux dans 175m2, elle a sa chambre, nous aussi, on a notre propre salle de bain, donc les conditions d'accueil sont top, elle est entourée d'amour, de sa famille, elle a tout ce qu'elle veut sur le plan matériel (trop d'ailleurs), tout ce qu'elle veut sur le plan émotionnel, on fait plein de choses avec elle, on l'aime, on la berce, on l'écoute. On a déménagé avec TOUS ses jouets. On allait à l'école en trottinettes parce qu'on était à 5 minutes, alors que nous nous habitons en campagne, on a profité de cette localisation en centre ville pour lui proposer plein de choses. Merde.
Alors oui c'est un peu perturbant mais c'est pas le bagne.
J'ai suivi le truc du psy: l'autorité, le cadre, ne se joue pas au moment du couché. Le couché n'est que la matérialisation de la journée. On pète pas une pile à ce moment là, s'il fallait matérialiser le cadre et le faire respecter positivement, dans l'action c'était avant.
Donc reprise en main de l'enfant chéri. J'ai reposé les règles de la maison en les lui exprimant très clairement à froid dans un moment de calme (le trajet à l'école) en lui disant que je ne les avais pas fait respecter ces règles depuis quelques semaines mais que désormais elles retrouveraient pleine et entière application à compter de ce moment et que j'entendais qu'elle les respecte. Et j'ai énuméré les quelques règles en question avec elles, elle les connaissait.
J'ai mis le truc en route. J'ai réappliqué les règles et surtout j'ai arrêté de culpabiliser de cette période et de lui demander de respecter les choses. Ca a mis du temps à s'apaiser quand même.
Le premier soir, on a refait l'exorciste et pour le coup je l'ai empêché de sortir de la chambre physiquement en la prenant dans mes bras, en lui disant que j'étais là pour l'aider à se calmer et pour l'aimer. Sans aucune autorité pour le coup. Juste affirmer qu'elle devait se coucher. Elle s'est endormie dans son lit à 22h. Le soir suivant c'était un peu plus tôt sans hurlement. Et puis le truc est rentré dans l'ordre.
Ce long propos qui fera peut être échos à ce que tu vis en ce moment.
J'ai trouvé le propos du psy assez révolutionnaire dans ma vie de maman je dois dire. Ca m'a donné une clef d'analyse différente des situations que je rencontrais avec Jeanne. J'étais tjs tentée de me flageller, de culpabiliser, de voir du mal être partout, d'analyser sous ce prisme ces situations. Alors qu'objectivement nos enfants sont choyés, aimés, écoutés, et vivent une belle vie, on les protège, on leur donne notre max, on s'interroge chaque jour sur ce qu'on pourrait faire mieux pour eux, ce qu'on pourrait faire différemment. Ils ont ce dont ils ont besoin et même plus.
Donc perso j'ai arrêté de psychologiser un mal être éventuel (sans l'écarter pour l'avenir, mais en acceptant que ça n'est pas l'essentiel des situations qu'on rencontre mais le résiduel).
Mais j'ai aussi compris chez ma fille ce besoin impérieux de cohérence dans l'application des règles de vie et surtout de permanence de celle ci. Si je lâche du leste sur ces règles, si je bordelise trop longtemps tout ça en mode "la pauvre" ou même "c'est les vacances c'est pas grave", invariablement ça l'insécurise et elle va déborder. Elle a besoin de limites claires et invariables pour se construire, comme tout enfant bien entendu mais Jeanne elle a besoin de la permanence de cela.