Bien du courage à toi...
J'ai été plus folle que toi, j'ai acheté mon premier poulain alors que je n'avais qu'un CDD et quelques sous de côté.
Après avoir dévoré les annonces, avoir gavé mes plus fidèles amies de "Et celui-ci ? Et celui-là ?" je finis par flasher sur un petit poulain d'association tout juste sevré croisé ardennaisxTF.
Je vais le voir et en tombe littéralement amoureuse, il est timide mais tellement délicat. Il semble péter la forme.
Entre la réservation et le transport on m'envoie plein de photos, des vidéos où je le vois galoper follement dans son pré !
Malheureusement, 3 jours avant le transport, un coup de fil, on m'annonce que mon p'tit gars est pris d'une diarrhée depuis quelques jours et qu'il a carrément fondu. Immobilisation au box avec couverture, vermifuge, alimentation modifiée... etc. Les 2 vétérinaires appelés refusent de se déplacer (ils ont apparemment, des "priorités").
Qu'à cela ne tienne ! Consciente d'avoir trouvé une super pension, j'embarque le poulain dans l'espoir qu'on le soigne efficacement à l'écurie.
Je ne le cache pas, à ce moment là, c'est un sac d'os... Mais tellement adorable (il monte dans le camion d'un coup en me suivant, ne panique pas en arrivant à l'écurie, savoure les papouilles... etc.).
Il arrive dans son pré avec son jeune copain du même âge et là je réalise à quel point le mien est dans un état lamentable... On fait venir la véto pour pucer, je le nomme avec un Affixe qui me tient à coeur tout en gardant son nom de naissance. Elle préconise de la chaleur, une alimentation équilibrée et de surveiller l'évolution mais que ça devrait aller.
Rien ne change... Un deuxième véto intervient qui donne plusieurs médicaments (antispasmodique, charbon... etc.).
Bizarrement il semblait aller mieux, les crottins se remoulait. Mais ça n'a pas duré...
Troisième véto, encore des médicaments. Les factures s'empilent et moi je me décourage, on lave la queue souillée par la diarrhée dans un seau chaude, j'achète une couverture imper à une bonne centaine d'euros, on entre méchamment dans l'hiver, malgré la boue et le poil d'hiver, mon petit gars est maigre, très maigre, beaucoup trop maigre.
Sur les conseils de ma gérante de pension de l'époque, on finit par l'envoyer à Maisons-Alfort.
Analyse de sang, analyse de crottin, échographie, fouille... etc.
Verdict : le petit est plein de vers. "ça va se régler facilement avec un vermifuge progressif".
N'ayant pas pu l'emmener, je vais cependant le voir dans la semaine, on me demande d'enfiler une combinaison parce qu'il peut toute fois avoir une maladie. J'entre donc dans son box, à la fois heureuse de le savoir en bonne voie et déprimée par le contexte, la nuit, la pluie, l'état de mon poulain... J'ai les larmes aux yeux, je le caresse, je sens ses os, il me boude, semble avoir peur de moi, surement la tenue. Il mange son foin avec bon appétit.
Je m'en vais alors au bout de quelques minutes en appelant déjà ma pension pour prévoir le retour dans 3 jours...
Le lundi, jour du retour, une minute avant le début d'un partiel je reçois un appel de la clinique. Je ne peux pas répondre, d'ailleurs je pense qu'il s'agit simplement de me prévenir de l'heure à laquelle venir le chercher comme conclus à ma dernière visite.
J'envoie un message à ma gérante "Tu as des nouvelles de Cocktail ?" - "Je préfère que ceux soit eux qui te le disent"...
J'ai tout de suite compris et lui ai envoyé au bord des larmes... "Il va mourir ?"
"Il ne souffre plus, il s'est endormit tôt ce matin"
Je ne réalise pas tout de suite, pendant tout l'examen je pense à lui, à tout ça, au fait que se ne soit pas possible qu'après plusieurs centaines, que dis-je ! plusieurs milliers d'euros de dépenses en tout genre, après tout ce qu'on a tenté, ce n'est pas possible qu'il soit parti... Comme ça, si vite, alors qu'il allait mieux...
En sortant de la salle j'écoute mon répondeur, je reconnais la voix de ma véto "Mademoiselle R. euh... Ecoutez, il y a eu un problème, Cocktail allait mieux ce week-end puis il a eu un pic de température ce matin, quand on est repassé 2h plus tard... Il était mort... Nous n'avons rien pu faire... Désolée..."
Je les ai rappelé en sachant qu'étant école vétérinaire, il me demanderait de l'ouvrir, je savais que ma réponse serait oui, mais je ne pensais pas que se serait aussi dur à dire...
J'ai longtemps imaginé mon poulain mort, étendu sur une table le ventre ouvert avec des jeunes vétos fouillant dans ses intestins...
Le retour à la pension pour aller chercher mes affaires a été une nouvelle claque...
Là pour le coup, j'ai regretté d'avoir eu un cheval...
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