allez on arrête de faire flipper les gens qui veulent s'y coller sinon on n'aura plus jamais de remplaçant les amis!!!
Blague à part.
Je me suis reconvertie à l'âge de 30 ans. Avant je faisais de la recherche. J'avais donc un job aliénant et passionnel dans une spécialité totalement inconnue des profanes. Si je me suis reconvertie c'est parce que je me sentais à l'aise et douée pour enseigner, parce que j'étais trop spécialisée et donc frustrée de ne pas pouvoir m'amuser avec la culture générale, parce que j'en avais marre d'être envoyée aux quatre coins du monde pour continuer sur des contrats précaires, et parce que j'avais envie de faire qqchose d'utile pour la société.
Pas du tout parce que c'est un métier passion.
Je pense qu'il faut éviter de mêler la passion à ce métier. Il est bien assez obsédant comme ça.
Donc j'ai réussi ma reconversion, et je suis devenue PE il y a 16 ans.
Je n'ai pas démissionné!!!
Donc bon, tu vois, y en a qui tiennent quand même.
J'ai débuté à la campagne dans une classe à 5 niveaux et ensuite je n'ai travaillé que dans des quartiers sensibles ou en éducation prioritaire.
Je suis directrice depuis 7 ans et coordonnatrice éducation prioritaire depuis 5.
Le vécu de ton métier va dépendre du contexte socio-économique de l'école dans laquelle tu vas travailler.
Dans les écoles que j'ai connues, la relation aux familles est différente d'une école de centre ville aisé.
Je préfère l'éducation prioritaire personnellement.
Il y a des points sensibles dans ce métier:
- la société et l'information en flux continu rendent comme dans toutes les professions impliquant des rapports humains, ceux-ci de plus en plus délicats. Les enfants ne sont plus les mêmes ajd qu'il y a 10, 20, 30 ans. Les parents non plus. La relations aux parents c'est très très energivore, c'est gratifiant et destructeur en même temps. Une des questions à te poser c'est est-ce que je suis en mesure d'avoir et de conserver une énergie qui va me pousser vers l'avant quand je me sens remise en cause, menacée, questionnée... Et est-ce que je suis capable de couper, est-ce que j'ai qqchose pour le faire. Est-ce que mes proches vont encaisser ces moments, où il sera important qu'ils soient là, et source d'énergie
- une administration difficile, peu tournée vers l'humain paradoxalement, et disposant de peu de moyens. Je suis directrice d'école et en situation de crise il faut le dire: on se sent seul. Ou du moins isolé. Ne pas attendre de se sentir gratifié par l'administration. Remplir le cahier des charges avec bon sens.
C'est possible. Moi à la base j'ai un gros caractère, je suis sensible à l'injustice de manière congénitale, je me pensais trop volcanique pour des missions autres que la classe, et ce job m'a beaucoup posée.
Je pense qu'il faut garder aussi en tête qu'à un moment dans sa carrière c'est intéressant de quitter la classe. L'EN offre des opportunités qu'il faut bien souvent débusquer tant elles sont méconnues. Ma mission de coordination est géniale. C'est vraiment par hasard on va dire que j'y ai accédé. Je la considère comme privilégiée par rapport à bien des postes hors classe existant dans ce corps. Il y a pas mal de chargés de missions, je pense que ce sont eux qui font les choses les plus intéressantes hors de la classe.
Bref, tu vas adorer ce job tu vas le détester aussi, parfois en même temps. Il n'est pas pire qu'un autre, il est quand même très confortable dans le rythme qu'il offre malgré la rigidité du calendrier.
Les PE ont une affectation départementale, c'est quand même beaucoup plus avantageux que celle des PLC. Tu peux être loin de chez toi dans ton département mais tu as aussi, pour le moment les avantages liés à la fonction publique. On ne peut pas tout avoir.
Le mieux à faire c'est une bonne introspection:
- capacité à supporter la critique et à répondre stratégiquement à des enfants, à des adultes
- capacité à s'engager un peu physiquement (l'inclusion, l'éducation prioritaire ou tout plein d'autres contextes, c'est aussi devoir contenir physiquement des enfants. et d'une manière générale c'est un métier qui engage la fatigue physique).
- capacité à s'exprimer à l'écrit, à l'oral, avec une orthographe la plus irréprochable possible.
- capacité à accepter et à s'emparer de la polyvalence (trop de collègues invoquent au nom de leur cursus l'absence de volonté de pratiquer EPS, sciences, arts... C'est une faute)
- capacité à travailler en équipe. Ca j'ai appris sur le tas
Bon voilà.
Mon mari: reconverti à 31 ans, est devenu PE aussi. Et c'est le meilleur.
Donc tu vois tu n'es pas seule.