Celui qui avoue mieux maîtriser son cheval sur son dos, c'est qu'il a besoin d'artifice pour le retenir, ce qui n'est pas le but de l'équitation juste.
Et celui-ci devrait aussi descendre pour apprendre à connaître son cheval et développer une meilleure relation avec lui, dans le bon sens du terme.
Et cela, grâce à la communication visuelle !
Alors je trouve ça complétement erroné et subjectif.
Je maitrise bien mieux à cheval qu'à pied un cheval qui a une peur panique et sans lui arracher la bouche. Simplement en utilisant la communication kinesthésique, en utilisant la propre vélocité et le propre poids de mon cheval pour le "maitriser". Là, on est d'égal à égal. Je lui parle, parce qu'il est très sensible au ton que l'on emploie. Je l'apaise ainsi, je le contrôle physiquement, je reste totalement connectée. Plus on tient un cheval sous la coercition lorsqu'il panique plus on renforce sa peur. ce n'est pas le but d'une équitation juste.
Pour avoir eu aussi à gérer une jument particulièrement en panique et émotive à pied, je peux aussi te dire que c'est bien ma voix, mes gestes, ma posture et mon attitude qui m'ont permis de ne jamais me faire marcher dessus, arracher la longe et surtout de l'apaiser et de la contrôler pour la ramener au calme et lui faire affronter ses plus grandes peurs. Dans ces cas là, elle ne me regarde pas pour chercher sur mon visage des informations, mais ses oreilles elles, oui, elle cherchent en permanence des informations rassurantes. c'est bien mon attitude entière et ma voix qui l'impactent. Et je te parle bien de panique totale, pas de simple peur.
Tu peux aller voir tes chevaux au pré avec une cagoule sur le visage, ils capteront tes émotions, tes intentions et communiqueront avec toi sans problème.
Si tu n'as pas une longe pour les canaliser et les garder à portée de tes informations, tu ne les retiendras pas en souriant ou en ayant une expression avenante et rassurante. c'est ta voix, tes gestes, tes caresses qui les garderont avec toi. Lorsqu'ils fixent la source de leur peur, ton visage ne te sert à rien puisqu'il ne te regarde pas. Le chien cherche le regard de son maitre pour détecter sur son visage des signes, anticiper ses désirs, capter son attention.
De plus, les chevaux ne voient pas particulièrement net. Les reliefs leur échappent, tout comme l'immobilité des choses qui les rend "floues", c'est pour cela que le moindre changement les inquiète parce qu'ils identifient mal les choses, ils ont besoin de les sentir, les toucher pour les valider. Toutes les subtilités de nos expressions leur échappent par contre ils nous considèrent dans notre globalité et nous lisent finement dans notre gestuelle et notre attitude. Un grand sourire qui découvre nos dents, des sourcils qui se froncent avec des yeux qui plissent, peut-être mais à part jouer au mime Marceau en permanence, ça va rester limité et à plus d'un mètre c'est mort. L'article que tu cites mentionnes d'ailleurs précisément que les expressions testées sont des expressions "extrêmes" (colère et joie) et que si la colère les fait assez clairement réagir c'est moins prononcé pour les expressions de joie. Ce qui est assez logique pour un animal prédaté.
La vue des chevaux est sensible aux mouvements. c'est grace aux mouvements qu'ils perçoivent alors le relief des choses et qu'ils peuvent alors les identifier. C'est pour cela qu'ils créent un mouvement artificiel avec leur tête lorsqu'ils ont eu peur de quelque chose sans savoir où c'est précisément. Ils se mettent en léger retrait, font face et oscillent de la tête pour créer un mouvement qui leur permet de faire "la mise au point".
Le cheval est un animal égocentré très à l'écoute de ses émotions qui guident ses choix comportementaux. Le contact tactile permanent entre le cavalier et le cheval est un échange d'information constant où les moindres tensions ou relâchements musculaires de l'un est ressenti par l'autre, et réciproquement, trahissant ses hésitations, ses craintes, ses enthousiasmes, ses douleurs, sa volonté.... Bien au delà de sa propre conscience. C'est, à mon sens, le plus grand intérêt de l'équitation : conscientiser ce bavardage tactile permanent pour s'en rendre maitre et devenir un cavalier centaure conduit par sa seule pensée.
Le cheval est en recherche permanente de cet état d'équilibre sensoriel intérieur.