| michiwa a écrit le 17/11/2014 à 22h01: |
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Il me semble que c'est parce qu'il y a les poules pour les oeufs et les poulets pour la viande, ce sont deux sortes différentes. Les poules sont sélectionnées pour produire un maximum d'oeufs et les poulets sélectionnés pour produire un maximum de viande. Les poulets qui viennent de poules pondeuses ne sont pas assez intéressants donc ils sont broyés. |
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Clairement il y a une sélection génétique hyper précise en la matière. Il y a les pondeuses et les poulets de chaire. Aucun rapport entre les deux.
La pondeuse est vraiment moins bonne et a moins de viande. Mais dans beaucoup de pays du monde on utilise les pondeuses pour la viande quand elles sont vieilles. Seulement elles sont utilisées pour des plats en sauce type tajine, couscous, qui cuisent longtemps, ce qui permet d'éviter le problème de viande dure et inbouffable. Tu peux pas faire une poule pondeuse roties dans ton four, c'est juste dégueu.
Je pense que cet enjeu majeur de la consommation de viande doit aussi nous amener à réfléchir au mode d'alimentation des autres pays, et pas que riche. La bouffe ça relève du culturel, de la construction d'une société, de ses moeurs, de ses fondements, mais également de l'intime, du traditionnel, de la religion.
On ne peut pas faire l'économie de cette réflexion quand on pense à cet enjeu mondial qu'est la surconsommation de viande et au bien être animal.
Quand je parlais de ma pote à l'organisation mondiale de la santé animale, on a souvent ce débat. Quand elle nous racontait l'abattage immonde des dromadaires/chameaux au Tchad, ma première réaction était celle d'une gentille petite française qui s'exclame "mais c'est hoooorrible pauvre bête". Mais elle remet les choses dans un contexte plus vaste: certes c'est horrible, mais au moins il y a un abattoir et question hygiène ça a changé la vie de millier d'enfants qui ne crèvent plus de maladies liés à des prblèmes sanitaires. Et puis elle nous le remettait aussi dans le contexte d'épuration ethnique qu'a connu et connait encore le Tchad. Quand elle parle de bien être animal, elle remet toujours ça dans un contexte plus vaste.
Je pense qu'on ne peut pas raisonner sur "pauvre petit poussin" ou "pauvre petit chameau". C'est évidemment la première réaction. Mais après il faut évidemment pousser le raisonnement, imaginer les solutions, comprendre leur avantages, leurs inconvénients, accepter d'autres modes de penser tout aussi valables, d'autres cultures.
L'Inde m'a vraiment poussé dans mes retranchements en la matière. Je suis arrivée en me disant "wouhou pays des bisounours, les vaches sont sacrées". Mais la réalité est tellement tout autre. J'ai sincèrement envié nos vaches, qui certes finissent dans ma casserole à la sortie, mais en attendant elles ne crèvent pas dans la rue en bouffant des sac plastique, en étant renversées par des bagnoles, en vivant dans un état de détresse et d'abandon surréaliste. Résultat je fais un don chaque année à une asso qui récupère certaines vaches pour leur offrir une fin de vie meilleure.
Rappelons nous qu'au XIXeme la consommation de cheval était réduite à zéro. C'est la SPA lors de sa création qui milité pour que chevaux réintègre nos assiettes afin de les sauvé d'une fin de vie déplorable, après avoir été utilisé pour le travail des champs ou pour transporter les humains.
Tout est affaire de perspectives, de culture, de vision de la vie et de la société.
Aujourd'hui on surprotège nos animaux domestiques, de manière quasi pathologique (ce sont nos bébés). Certains sociologues associent se délire à une forme de compensation pour les traitements acceptés sur les animaux de rente. En gros on surinvestit émotionnellement l'animal de la maison pour se désinvestir émotionnellement de l'animal qu'on mange.