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L'alimentation du cheval
Posté le 13/01/2016 à 16h16
shalam
Posté le 13/01/2016 à 16h16
I) Comment ça vit, un cheval ?
Le cheval est un herbivore monogastrique (un seul estomac) qui, dans la nature, passe 75 % de son temps à manger. Il mange diverses herbes, et cette variété assure un certain équilibre alimentaire. Pour manger, il marche toute la journée : pas au pas de course non, il se déplace tranquillement, de touffe d'herbe en touffe d'herbe, de prairie en point d'eau, et cette activité contribue entièrement au fonctionnement de son système digestif. Par conséquent, moins un cheval marche, moins son système digestif est efficace. Pour vous donner un exemple que tout le monde connaît, les médecins conseillent souvent aux gens qui ont des soucis de transit de faire un peu plus de sport en plus d'une alimentation riche en fibres : c'est un moyen simple de réactiver un organisme devenu paresseux à cause de la sédentarité.
Le reste du temps, le cheval fait de petites siestes, glandouille avec ses potes et fait des papouilles à son best friend, quand il n'est pas occupé à compter fleurette à sa douce, où à s'occuper des bébés.
Bon, normalement, là dedans, il n'y a rien que vous ne sachiez déjà. Et pourtant, il y a les fondements de l'alimentation de nos chevaux de loisirs ou de sport.
II) Comment ça fonctionne ?
C'est là que ça devient plus compliqué. Donc je vais tenter de faire très simple.
Comme le cheval ne rumine pas, il est obligé de mâcher, beaucoup, beaucoup, afin de réduire n'importe quelle nourriture en tout petits morceaux. Et quand je dis petit, c'est vraiment riquiqui, c'est ça qui va permettre à la nourriture d'être dégradée efficacement dans le système digestif.
Moins la nourriture est bien mâchée, moins elle est bien digérée (d'où l'éternelle question qu'on pose quand il y a un souci : « ton cheval a t il vu le dentiste? ») Un cheval qui mâche mal, en clair, c'est un voyage instantané de la ration de la bouche au trou de balle... Votre cheval fait littéralement caca des euros. Et c'est un peu dommage, surtout par les temps qui courent, parce que c'est la crise, ma p 'tite dame !
Quand votre cheval mâche bien, il envoie donc une bouillie d'aliment, composée de ce qu'il a mangé, et d'une quantité à peu près équivalente de salive dans son estomac. Attention quand même, plus la nourriture est sèche, plus il a besoin de salive, donc... on pense à bien abreuver, surtout l'hiver, quand l'alimentation passe au 100% sec.
Le volume efficace de l'estomac est d'environ 12 litres. Voilà pourquoi les grosses rations de céréales sont inutiles : 5 litres de céréales + 5 litres de salive et le compte y est... (l'estomac n'étant jamais totalement vide, sauf exception dont nous parlerons plus tard)
Dans l'estomac, la trappe appelée cardia se referme. C'est ce clapet qui empêche le cheval de vomir. Ce qui entre ne sort donc jamais par la bouche ! Dans le meilleur des cas, si vous nourrissez trop, c'est poussé plus rapidement vers la sortie, les aliments ne seront que partiellement digérés... Et vous aurez encore jeté vos euros par la fenêtre.
Si vous avez nourri correctement, l'estomac va préparer la bouillie vers la suite, en la pourfendant en morceaux encore plus petits grâce aux enzymes. Attention, les enzymes ne sont pas assez forts pour dégrader la cellulose. Votre cheval ne digère donc pas son foin dans l'estomac, il le prépare !
Une fois tout bien préparé, direction l'intestin grêle, qui va poursuivre la digestion enzymatique. En gros, c'est là où est digérée la majeure partie des aliments concentrés, plus pauvre en cellulose que n'importe quel aliment fibreux.
Et après un court séjour dans l'intestin grêle, direction le gros intestin. Ici, c'est le repaire des microbes. Ils font un travail acharné pour assimiler tout ce qui a été délaissé par l'intestin grêle. Ces microbes sont ultra efficaces, et mieux encore, ils sont capables de se spécialiser : Plus l'alimentation du cheval est stable, plus les microbes sont efficaces ! Voilà pourquoi il n'est pas recommandé de changer violemment d'alimentation.
Imaginez... ça fait 10 ans que les microbes de l'usine à microbe sont habitués à découper du foin de pré et des granulés. Et tout à coup, BAM, vous leur envoyez de l'orge et de la luzerne. Branle bas le combat, personne ne sait comment dégrader efficacement ces trucs là ! Encore, ils auraient vu quelques grains d'orge passer ces derniers temps, ils auraient eu le temps d'élaborer une stratégie, de s’entraîner, et de former quelques microbes spécialisés. Mais là...personne ne sait, les microbes se trouvent aussi dépourvus qu'une poule qui a trouvé un clou ! Alors, faute de bien savoir traiter le nouvel aliment tout de suite, le microbe va faire ce qu'il sait faire. C'est pas bien adapté, mais en attendant d'avoir trouvé une solution au problème, le microbe va se débrouiller, et vogue la galère. Du coup, il est évident qu'il va mal faire le travail, puisqu’il n'est pas formé à sa nouvelle tâche : il va gaspiller...
Une fois que la digestion microbienne est terminée, il y a des restes, les fibres non digestibles sont évacuées avec tous les déchets, et c'est la fin de la digestion.
En tout, il faut compter de 24 à 48 heures pour un cycle complet de digestion, selon le cheval, et son alimentation.