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Il ne se laisse pas attraper !
Posté le 14/06/2016 à 08h34
fugae
Posté le 14/06/2016 à 08h34
Hello,
Je pense que les conseils qui t'ont été donnés sont les bons ; certaines expériences sont assez révélatrices, et riches d'enseignement.
Pour ma part je ne pense pas non plus que la solution soit le retour au box. Qu'on parle de blessures au pré ou non, ça, c'est la vie en troupeau. Mes deux gros s'adorent, ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre, ça n'empêche pas qu'il y a des jours où si le dominant est grincheux, c'est l'autre qui prend.
Après, je crois aussi que tu n'as pas énormément de possibilités là où tu es. C'est soit pré avec tout le monde, soit box et basta, non ?
Ce genre de pension, quel que soit la qualité de l'enseignement, ça pose question. Car si la base n'est pas là, la prise en compte des besoins de l'animal, quel "travail" peut-on faire avec lui ? Et comment peut-on exiger quoi que ce soit de lui si on ne veille pas à son confort le plus élémentaire ?
Tu n'es pas la seule à vivre dans ce système, la plupart du temps on ne se pose pas de questions puisque "c'est comme ça" qu'un cheval vit et travaille. Pour ma part j'ai toujours vu des chevaux qui bossent beaucoup et bien, vivre leur vie de cheval au pré sans souci...
Et ma monitrice trouver toutes les stratégies pour les choper quand il y a un souci. Ou... adapter le boulot.
Dans mon cas, mes gros vivent au pré ; ils ont à manger, ils sont deux voire trois, ils ont ce qu'il faut pour marcher, profiter, s'abriter, s'activer, ou regarder l'activité (calme) au dehors. Ils sont hyper préservés. Et leur rythme de boulot est plutôt cool - mon fjord fait 4 ou 5 balades par semaine, et l'irish 1 ou 2.
N'empêche que fin mars début avril dernier, je me suis retrouvée face à l'irish impossible à choper au pré. Le seau, la bouffe, les compliments, lui courir après, marcher, rien n'y faisait, ni avec moi ni avec son cavalier préféré, ni même la dentiste qui était venue exprès pour mes gros (la honte).
J'ai re-pensé à ce qu'on avait fait, et je me suis rendue compte qu'il ne voulait pas se balader avec moi. Même si parfois je le sortais juste pour le panser, la plupart du temps quand je venais c'était pour une balade, et les miennes sont relativement "actives" - enfin en tout cas pour lui. Je n'avais pas adapté le boulot à lui, je continuais à faire comme avec mon fjord. (pourtant c'est vraiment pas un rythme soutenu...)
Il m'a simplement dit non, ce que tu me proposes ne m'intéresse pas.
C'est pas super agréable de se rendre compte que ton cheval te dit merde. Qu'il n'est pas bien avec toi. Qu'il a subit parce qu'il est sympa, mais que là, ça fait trop.
Comme il est sympa et bien éduqué, les fois d'après je l'ai fait courir un peu, et à chaque fois qu'il s'arrêtait, récompense (soit juste me caler pas trop loin de lui et le récompenser à la voix, surtout sans le toucher, juste lui offrir un moment de "pause"). Il connait aussi assez bien le "viens", et l'arrêt, donc je lui demandais de toutes petites choses dans ce sens ; quand je le sentais connecté à moi, et qu'il y avait le moindre début de réponse, félicitations.
Petit à petit il s'est rappelé de l'exercice, et j'ai pu revenir le toucher ; les fois d'après, j'ai réussi à lui mettre le licol.
Alors pendant plusieurs semaines, à chaque fois que je venais, c'était pour qu'on se balade et qu'on aille brouter, que je le panse ou que je le soigne. J'ai découvert qu'il me suivait partout s'il était en liberté (bon sauf si l'herbe est vraiment trop belle ^^) et sans stress, ça l'angoisse nettement moins qu'avoir un humain au bout de sa longe.
Donc on s'est baladé dans les bois tous les deux à pieds.
Il m'a juste dit "j'aime pas me balader tout seul, ça m'angoisse, tu ne vois pas que je stresse ?". Comme il prend énormément sur lui et passe partout, je n'avais pas réalisé à quel point ça pouvait être intense pour lui.
Désormais je peux le reprendre seule une fois de temps à autre ; j'y vais à cru, en licol ou en filet, et on va découvrir des coins sympa. Dès qu'il souffle un peu, je sais qu'il stresse, alors on regarde, on prend le temps. Je m'adapte à lui - il ne faut pas trop lui parler par exemple, il pense que je veux quelque chose de lui et ça l'angoisse. C'est un hyper émotif, sous tous ces poils et cette force.
Et quand on se balade de façon un peu plus active, c'est avec mon autre poney, comme ça à deux chevaux ça ne le stresse pas.
Au final j'ai redécouvert un super cheval avec lequel je me fais plaisir, différemment.
Personne n'a la science infuse, personne ne sait mieux que toi qui est ton cheval ; cela dit, nous sommes tous ici souvent pour partager nos expériences, et lorsqu'elles vont toutes dans le même sens, il y a forcément quelque chose à en retirer.
Bon courage à vous deux.