Des petites nouvelles des lasagnes qui poussent bien !
Cet hiver, on vit un peu l'enfer des clotures... je ne sais pas combien de crises de rage/découragement j'ai eu, mais je suis passée un peu en mode blasée. J'avais tenté de séquestrer mon troupeau sur une parcelle assez réduite pour pas qu'elles ne me bousillent TOUT le terrain (ça semblait raisonnable, avouez).
Oui mais.
Coco a décidé cette année qu'elle était un poney libre et sauvage et fuck ze system. Et les clotures.
bébé lasagne a mis plusieurs mois à bien calculer comment naviguer à gauche avec son oeil manquant
Et bien sûr, comme le problème des 15 tonnes de terre sur ma cloture principale n'est toujours pas résolu, on fait du bricolage avec du temporaire merdique qui ne résiste pas bien aux assauts des tanks.
Pendant ce temps, Sun, ma princesse polie trouve que c'est carrément injuste que tout le monde profite de l'air libre sauf elle, et Thames suit sa fille, ce qui me fait, allez-y comptez sur vos doigts, 4 saucisses ailées.
Ô joie.
Heureusement, on habite un peu en retrait de tout, donc pas de menace directe et elles tendent à rester sur le gazon. M'enfin les risques et moi... depuis leur escapade nocturne au village il y a un an...
Bref ! Coco étant désormais montée régulièrement par une copine, j'ai moins de soucis de gras/fourbure, elle a donc pu retourner vivre avec les autres
Bébé a FINALEMENT compris comment ça marchait grosso-merdouillo et vu que j'ai récupéré pas trop mal l'usage de ma jambe, j'ai pu refaire un système qui marche pas trop mal avec du jus.
C'est là que s'installe une certaine complaisance.
Je fais livrer des rounds à prix d'or cette année, deux par deux, par un gars du coin (d'ailleurs il n'en a plus, bienvenue en Galérie) et lundi dernier, elles finissaient le dernier round avec une galette encore épaisse par terre, mais moins goutue vu qu'il avait plu et qu'elles s'étaient roulé dedans, et probablement avaient pissé dedans aussi, gorettes qu'elles sont... bref, ça sentait le scandale.
Mais j'ai un odorat super nul.
Or donc, lundi de 10 à 12h, je donnais une leçon de français à des copains anglais et pour une fois, par chance, on faisait ça chez moi.
J'en étais à expliquer "à poil" (oui, c'est vachement intellectuel mes leçons) quand soudain un tremblement de terre a secoué la maison... tout le monde saute sur ses pieds, alarmé, prêt à se jeter sous la première table ou meuble pouvant servir d'abri...
Moi, j'ai poussé un soupir profond et résigné et j'ai décroché mon manteau.
"Have you met my horses?"
"Tes chevaux ? Tu veux dire ;..."
Et là, 4 lasagnes crinière au vent, naseaux dilatés et queue en panache (ça ressemble à quelque chose sur les shires, sur la ponette c'est juste video gag
) passent devant les fenetres en défonçant allègrement mon gazon-que-j'ai-payé-200-euros-pour-avoir-plat-et-net-il-y-a-2-ans (qui a besoin de taupes quand vous avez des bourrins ailés ?).
Ils ont compris. Et dans un magnifique élan de solidarité, ont pris leur courage à deux mains :
"On peut t'aider ?"
"Ah bah oui à la limite... je vais les attirer dans la carrière, si vous pouvez fermer derrière moi, ça m'éviterait un gymkhana !"
"Bien sur !"
Dans le doute, je crie quand même à doudou de se réveiller, qu'on a une Alerte Saucisse sur les bras, et je m'élance dans l'arène.
Immédiatement repérée par Poney Fougueux à qui on ne la fait pas, elle connait le numéro, et elle n'y participera pas ! Nanmého. Elle se casse donc à l'autre bout du verger, ce qui ne me dérange pas plus que ça dans l'immédiat. Je vais chercher un seau, me dirige vers la voiture où sont stockés les granus...
Et je suis repérée par Sun, qui n'est pas complémentée au quotidien et trouve ca hachement injuste, donc quand on parle de bouffe, elle est là !
Sauf que comme elle est surexcitée par l'aventure, madame aurait bien envie de grimper dans la voiture , de mettre son nez direct dans le sac et de me barrer la route.
Moi, qui était restée en pantalon de pyj en pilou pour la leçon et passablement rancunière d'avoir du m'interrompre et enfiler un pantalon de guerre crade, pas d'humeur, je lui colle trois coups de sticks bien sentis sur l'épaule sous le regard horrifié des anglais et de Sun elle même, qui en bonne élève qu'elle est se prend rarement le stick, encore moins avec élan et encore moins plusieurs fois de suite !
Par vengeance, elle me laboure donc un peu plus la pelouse mais au moins dégage de mes environs immédiats !
Je me mets en route vers la carrière, et j'attire aussitôt l'attention de deux groupes :
- Groupe 1, les anglais qui sont déja à la base plutôt terrorisés par les chevaux qu'autre chose, mais plein de bravoures et ne voulant pas me laisser tomber
- Groupe 2, les trois shires qui ont repéré la gamelle et font des rondes autour de mois avec la délicatesse de tractopelles en roue libre avec un conducteur ivre et myope. Le tout sur de l'herbe détrompée par des mois de pluies, avec glissades non maitrisées dans tous les sens et un bébé borgne.
Ce qui entraine le retrait immédiat des forces brittaniques, complètement ahuries de me voir avancer calmement sans dévier ma trajectoire, fouettant l'air de mon stick de dressage au milieu des lasagnes en folie, avec une foi inébranlable dans le fait que j'allais survivre et que ma baguette magique allait les maintenir à distance
Le système étant bien rodé, j'incite de ma voix mélodieuse ("Allez bande de morues, on me suit et on rentre sans faire d'histoire, on bouge sa grosse croupe et dans le calme !") à me suivre dans la carrière, pendant que, heureusement, Doudou arrive à la rescousse pour fermer derrière moi.
Parce que mes zanglais sont choqués sur le seuil de la maison, en hauteur et en retrait, et ne se sentent pas du tout de passer sur le champ de bataille
L'affaire étant dans le sac et les poneys dans la carrière, je rentrer donc finir ma leçon...
Et ma copine anglaise toujours sous le choc de me dire "Tu sais, quand tu me racontais que quand ils sortent, tu ne peux pas le rater parce que ça fait comme unt remblement de terre, je pensais que tu exagérais..."
Là, elle me prend dans ses bras pour un gros *hug* "Oh, ma pauvre, ma pauvre !"
Nan mais ça va, on a tous survécu hein
Bref, suite à de récentes discussions avec doudou, une décision a été prise concernant nos lasagnes... pour l'instant, Coco reste avec nous (on en reparlera au printemps/été), par contre nous avons eu une conversation concernant Moonlight.
Je ne comprenais pas pourquoi il s'investissait aussi peu dans son éducation, alors qu'il en était tellement gaga, qu'il avait tant de projets...
Il m'a finalement avoué qu'avec ses problèmes de moral déja bas, il n'arrivait pas à aller la voir sans avoir une boule dans l'estomac. Il s'estime responsable de la perte de son oeil... bien sur ça n'a aucun sens puisqu'il était à l'hopital à ce moment, mais ça ne se commande pas. Asperger un jour...
Ca fait 6 mois maintenant, ça ne fait que le déprimer et lui mettre le nez dans son "incompétence" de la voir, du coup on a décidé de prendre le taureau par les cornes et de la proposer à la vente, quand on aura fait ce qu'il faut, à savoir
- chirurgie pour fermer son oeil gauche correctement pour éviter les infections
- réception des papiers anglais et faire les papiers français
- la laisser profiter de maman et continuer son éducation quelques temps, pour qu'elle grandisse comme il faut dans un troupeau, sans stress
Elle va sur ses 7 mois, on la laisse faire sa vie tranquille. Elle accepte déja le licol, on a commencé à marcher en longe, elle donne les antérieurs, se laisse toucher partout, complètement désensibilisée du côté où elle ne voit pas... on va continuer les pieds, céder à la pression, respecter l'espace de l'humain qui ne pose pas de problème jusqu'à présent mais sait-on jamais, et puis si quelqu'un s'intéresse à notre bébé... on va voir les choses ensemble.
Et puis en mai, maman retournera voir son étalon et on retente l'aventure
C'est rageant car Moon est "parfaite" : 4 balzanes chaussées juste comme il faut, un super caractère, zen et docile... mais bon c'est la vie !