Pour moi, il existe un certain nombre de préalables au relevé de l’encolure (qui n’est pas inutile non plus au demeurant) et au placer :
- Une bonne relation mains/bouche : contact stable, accepté, bouche qui suit, mains expertes.
- Un dos musclé et assouplit. Tant que le cheval ne dispose pas de moyens physiques suffisant pour soutenir et contrôler sa masse, en assurer l’équilibre longitudinal et latéral, il est néfaste de le contraindre à s’assoir trop sur son arrière main, au risque de figer son dos, ruiner ses jarrets, contracter sa nuque. Donc renvoyer sa masse sur l’arrière main par le relévement seul et comme point de départ du travail n’est pas, à mon avis, une bonne option ni une panacée.
-Au delà de sa disponibilité physique, la disponibilité mentale est également essentielle car la mise en équilibre sur les hanches est un effort considérable, renvoyer le centre de gravité en arrière sans être sûr que le cheval est capable de le recevoir, ce n’est pas gentil pour lui ! Si le cheval est mentalement délicat, il peut s’en défendre.
Pour moi avant de savoir par quel bout prendre le cheval, il est indispensable de prendre en compte, son âge, sa morphologie, son tempérament, son niveau de travail, son passif.
Quant au placer et à la mise en main c’est encore des choses différentes.
La mise en main (plutôt que sur la main) c’est la qualité de la relation mains/bouche. Elle doit permettre d’avoir un dialogue constant et sans heurt avec un cheval. C’est une base à mettre en œuvre dans les premiers temps du travail.
Le placer c’est la hauteur prise par la nuque et les nuances de fermeture l’angle tête /encolure. C’est évolutif au fil de l’avancée du travail. Plus le cheval est musclé, assouplit, savant, plus son placer s’élève et son angle se ferme jusqu’à avoir un chanfrein vertical. De plus, naturellement, chaque cheval à un placer qui lui est propre et qu'il faut prendre en compte pour construire le travail.
Clever, donc le seul conseil que je puisse te donner, c’est de comprendre/d’apprendre quel placer engendre quel niveau d’effort pour le cheval et ainsi savoir pour quel type de cheval tel ou tel placer est accessible et comment le mettre en œuvre sans prendre le risque de lui faire mal ou de détériorer sa locomotion. Intéresse toi à la morphologie des chevaux à leur locomotion, à leur biomécanique

Décortique avec curiosité les mécanismes mis en oeuvre lorsqu'on utilise telle technique, telle position de mains, telle action... Tu verras, les choses prendront alors du sens et tu comprendras mieux que pratiquement tout est intéressant mais pas utilisable tout le temps avec tous les chevaux. Et tu deviendras alors une cavalière savante et autonome
Vu la conformation de ma première jument, la travailler par le relèvement lui aurait ruiné les jarrets et bloqué le dos. Quand je vois son magnifique état à 30 ans passés, je ne regrette pas de ne pas l’avoir fait. Ma seconde jument pourrait avoir les moyens et la maturité physique d’être ainsi abordé, quoique à la base, son attache d'encolure n'est pas idéale..., mais dans sa tête, de toutes façons, c’est trop compliqué et son passif la rend délicate. Elle passe dans la contraction totale, la rétivité et régresse si l’effort n’est pas mesuré. Si je gère correctement la progression délicate de l’effort, elle sait être royale et progresse. Je me confine donc au conseil de Nuno : « faites en un ami », exit le relèvement. J'ai testé, j'ai renonc, je remets mon travail sur l'ouvrage d'une autre façon.
Pour d’autres chevaux, la question était moins compliquée et le relèvement progressif une bonne option. Mon expérience m’invite donc à la prudence et à l’analyse avant de choisir une « méthode ». c’est mon humble avis.