missmarie
On a vécu les mêmes choses.
Mes formateurs m'ont souvent répété qu'on participait à une co-éducation, qu'on n'était pas juste des nounous, qui donnions de notre temps pour occuper les enfants quand les parents partent en week-end. Je ne parle même pas des parents qui nous ont dit "L'an prochain, ma fille va arrêter, ça bloque nos week-end pour aller à Carnac..." . J'ai hurlé intérieurement: "Mais votre fille est heureuse ici!!" *facepalm*
Et le côté co-éducation est vraiment important, car ce type de structure n'apporte pas seulement une occupation à l'enfant, mais apporte un plus à l'éducation que les parents donnent à la maison, et remettent parfois des pendules à l'heure.
Certains enfants manquent de règles, de cadres. Le changement d'univers leur permettait d'accepter plus facilement ces règles et de les suivre. Beaucoup réalisaient que c'était pas mal de les appliquer aussi chez soi.
Le principe, ça n'était évidemment pas de punir - car nous n'étions pas là pour ça - mais de faire grandir les enfants. Leur apprendre la vie en communauté, l'écoute de l'autre; mais une grande part était aussi basée sur les talents et les capacités personnelles: pousser un enfant de 12ans qui chante super bien, à accepter de chanter devant le reste des enfants, c'est souvent un pari, mais lorsqu'on voit le regard et le sourire de l'enfant ensuite, on sait qu'on a réussi quelque chose.
Les enfants ont tous besoin de se sentir écoutés, poussés dans leurs talents et leurs qualités, remerciés, félicités. Je ne sais pas si c'est que les gens appellent "L'éducation positive", mais je trouvais ces méthodes très enrichissantes pour les enfants.
Toute la pédagogie de mon mouvement était basée sur les talents de l'enfant, mais aussi sur leur responsabilité: à 17ans, nous leur confions une équipe de 5 à 6 jeunes de 12 à 16ans. Ils partaient seuls dans la nature une journée entière et devaient organiser toute cette journée: lieu de bivouac, trajet, etc. A 17ans, c'est très formateur, très responsabilisant, et le jeune se découvre à travailler avec son équipe, à coacher les plus jeunes, à écouter leurs besoins etc.
Il faut aussi de temps en temps accepter que son enfant grandisse, et lui donner ces responsabilités selon son âge. Par exemple demander à l'enfant de participer aux tâches ménagères me semble complètement normal: ma mère nous le demandait très peu, et ça m'a gêné adolescente, quand je réalisais qu'elle faisait tout. L'enfant se doit de participer, d'avoir une tâche dont il doit se charger correctement. Il sait que s'il la fait mal, ça peut ennuyer le reste de la famille.
Si besoin, nous remettions parfois les pendules à l'heure avec bienveillance, et les enfants comprenaient parfaitement pourquoi nous agissions ainsi: nous expliquions le problème, nous leur demandions de changer, de faire attention et lorsque les jeunes n'acceptaient pas de changer de comportement, nous agissions plus fermement. Nous avons eu de la chance car généralement, les parents nous soutenaient.
Je dérive un peu, mais en effet, il est possible de faire une éducation non violente, à partir du moment où tout est en cohérence. On ne peut pas être laxiste sur un point, et très strict sur un autre. Il faut fixer des règles.
Ce que j'appelle "violente", c'est bien sûr les coups et les actes violents non nécessaires, répétitifs et/ou injustes. Mes parents ont été non violents avec moi, mais j'ai été enfermée dans ma chambre quand je piquais une colère, que je n'obéissais pas en tirant sur la corde, et que la punition était largement méritée. J'estime que mes parents ont eu une éducation cohérente...
Après, il y a toujours des erreurs de faites, des injustices que les parents peuvent regretter bien plus tard: je pense qu'il est aussi important d'en parler, de crever d'éventuels abcès si l'enfant est devenu adulte. S'il est encore jeune, c'est bon aussi d'admettre qu'on a eu tort, car l'enfant, je trouve, vit plus difficilement qu'un adulte une injustice, et peut garder ça longtemps.