Mais où est donc passé le cheval professeur ?

Perso, j'ai un niveau galop 6 (j'attends juste que ma coach me le valide) et contrairement à ce que vous dites, je crois que je viens de passer mes deux meilleures années en club ! Je ne changerais pour rien au monde ! Evidemment il y a plein de facteurs comme celui que je monte deux fois par semaine si ce n'est pas trois, que je monte le plus souvent une jeune ou des chevaux ultra dressés mais de proprio (comprenez qui payent la pension complète mais que ça arrange que leurs chevaux fassent un peu d'instruction, sans pour autant les "donner" au club en prenant une DP club), parce que j'ai su trouver une pote d'écurie avec qui j'ai su partager mes doutes, peurs, incompréhensions, coups de geules et autres marrades.

Mon club a vingt ans, à l'époque la cavalerie était composée presque uniquement de VRAIS chevaux d'instruction. Mais évidemment les choses évoluent, résultat en un an -2 chevaux d'instruction du galop 3 à 6 tous les deux. Trois retraites d'ici mi aout : un grand poney G 2-3, une jument d'instruction G 4-6 (ou 7) et une petite jument de 19 ans qui faisait du G 3-5 qui va avoir la chance d'être maman avant de prendre une retraite bien méritée. Tous les cinq sont et ont été des passages obligés pour quelque cavalier ayant frôlé le sol des écuries.

Forcément, des pâtures, de la nourriture, des soins ça a un coût. Certains chevaux ont été confiés à des amis de ma coach, mais il en restera toujours à choyer et à nourrir. Inévitablement plus les chevaux vieillissent plus il y a de chevaux à entretenir et donc plus il y a perte d'argent. Alors évidemment, on fait comme on peut : recherche de chevaux de propriétaires à prendre en DP club, achat de deux jeunes chez un marchand...etc.

Donc en fait, en septembre prochain il n'y aura plus que quatre chevaux d'instruction dont deux réservés aux très bons niveaux. Cependant à mon sens le problème vient plus du fait que les chevaux "qui peuvent tout faire" (cinq dans mon club) sont au lieu d'être "préservés" (j'entends par là leur dressage, puisque les soins restent les mêmes) sont donnés H24 à des cavaliers peu expérimentés alors qu'ils sont en réalités de vrais maîtres d'école absolument adorables, qui pardonnent tout, sur lesquels un cavalier expérimenté pourrait vraiment s'amuser et qui en plus, je pense méritent mieux que des galops 3 sur le dos à longueur de temps.

Finalement je me demande parfois si ce n'est pas toute la vision de l'équitation qui a changé depuis quelques années. Une refonte complète des mentalités qui a du bon, et du moins bon. Il fut un temps pas si lointain, l'équitation était réservée à une élite. Beaucoup d'enseignants avaient été formés à l'armée ou par des enseignants issus de l'armée. Il y avait une grande rigueur dans les cours, nombreux sont les élèves qui abandonnaient dans les deux premières années.

L'équitation s'est démocratisée, on a ouvert de plus en plus de structures qu'il fallait remplir en enseignants et en cavaliers en herbe. Les formations d'enseignants se sont simplifiées, elles se sont axées plus sur l'animation que la formation de cavaliers. La plus grosse partie de la clientèle étant composée de jeunes allant du niveau débutant au niveau galop 5, le reste a suivi.

Les tarifs ont été tirés vers le bas. Pour rester rentables, de nombreuses structures ont dû trouver plus de clients donc donner plus de cours, ouvrir un pôle pension, etc... autant de temps en moins pour former les chevaux correctement. Autant d'argent en moins pour investir dans une cavalerie. Il a également fallu s'adapter à la demande qui pour la graaaaannnndeeee majorité des jeunes et de leurs parents n'est pas de faire du dressage mais de faire du saut et d'aller briller en concours le weekend.

On a inventé de plus en plus de matériel allant dans ce sens d'ailleurs et permettant aux cavaliers de masquer un faible niveau sous une tonne d'artifices. L'équitation a rejoint la société de consommation et toutes les lois qui la régissent. On veut tout toute suite, au plus bas prix possible, l'offre s'est adaptée.

Mais arrivé à un certain niveau, à moins d'avoir son propre cheval (et un enseignant d'un niveau supérieur) l'évolution est quasi impossible.

couagga
J'adore le travail du jeune cheval, mais qu'est ce que j'aurais aimé apprendre le changement de pied, decouvrir le passage ou le piaffer, ou même un vrai allongement (pas une acceleration du trot) et qu'on m'explique pourquoi tel ou tel exercice.

J'ai eu la chance de faire un cours d'initiation à la monte en amazone sur un cheval dressé il y a 2 ans. J'ai découvert le passage et le pas espagnol, et ouah çà n'a plus rien à voir avec l'equitation plus classique, j'ai découvert l'importance du poids du corps, et de beaucoup de choses en 45 minutes. Ok je connaissais la théorie et j'ai réussi à me faire comprendre mais parce que c'était un maitre d'ecole qui connaissait par coeur chaque exo.

Grâce à ça j'ai compris que ma jument me faisait du trot espagnol à notre dernière séance et j'ai réussi à établir un code pour lui redemander et j'ai profité de cette longueur majestueuse avant de descendre presqu'en pleurant. Parce que c'est CA qui m'a appris à arrêter sur un bon exercice plus que mes enseignants. Comment avoir de bonnes sensations si on ne sait pas ce qu'on cherche.
C'est ce que j'apprends aux gens qui me demandent des conseils d'ailleurs. Pourquoi on fait çà, ( y a pas lontemps une ancienne palefreniere qui montait en club et représentation camargue m'a demandé pourquoi et comment elle devait faire une détente...) et montrer la sensation à avoir. Un cheval qui s'incurve c'est joli à dire on si on sait pas ce que çà donne c'est compliqué.

J'aurais vraiment aimé découvrir ce que c'était d'enchaîner propre un tour à l'obstacle plutot que finir premier à tout prix avec des machins qui couraient après leurs têtes.

Petite amertume, pourtant Dieu sait que j'adore récupérer des tordus pour qu'ils donnent le meilleur d'eux. Quand j'aurais remis les comptes à flot, j'essaierais de prendre un vrai cour sur un vrai cheval de dressage. Juste pour voir...

couagga
Une fois n'est pas coutume, je ne partage pas ton point de vue.
Ce n'est pas sur un cheval qui ne sait pas, que l'on apprend à faire les choses.
Comment apprendre une EED et savoir quelle est juste si le cheval l'apprend en même temps ? Cest sur un cheval d'école que l'on apprend.
Surtout lorsque l'on a déjà un jeune cheval à côté comme dalhiot
Cest tout à son honneur de se perfectionner sur des chevaux qui savent faire.
Cest aussi mon cas, jai mon 4 ans que j'adore bosser.
Mais j'aime monter des chevaux aux boutons à côté pour se concentrer uniquement sur moi ou sur mon avancée sur le dressage pur, pour pouvoir, dans longtemps savoir si mon poulain aura le mouvement attendu, les sensations que je connais déjà pour les avoir ressenti sur des chevaux qui savent faire.
Il est évident que l'on se s'ennuie pas sur un jeune :) mais c'est pas la que l'on apprend la technique !

kuryeuse

ah mince, faut que j'aille parler très vite à tous les chevaux avec qui j'ai appris des choses de concert pour leur dire que ce n'était pas vrai Surtout à ma première jument d'ailleurs, ça va lui faire un choc

Quand on a de bons professeurs c'est tout à fait possible. c'est plus long, évidemment mais c'est possible et l'intéressant c'est qu'on apprend à apprendre en même temps

L'EEd c'est un super exemple car c'est justement l'exercice sur lequel j'ai le plus travaillé et quand elle est juste, tu le sens ! waouh ! Et ton cheval qui la fait la première fois juste, il la sent aussi, vu l'effort. Pas de doute quand elle passe enfin correctement c'est première foulée d'EEd, que tu la cherches avec ton cheval depuis des mois, c'est à en pleurer de bonheur comme sensation Pareil pour al première foulée d'appuyer, la première pirouette au pas....etc...

Je pense que chaque club se spécifie dans un domaine ou une discipline qu'ils prônent.
Tous les clubs ; du débutant au g4/5 doivent avoir à peu de chose près la même cavalerie ; avec des poneys et chevaux capables de sortir en club4/3/2 CSO, faire une cession et départ au galop du pas et promener 15/20min en extérieur.

Ensuite les clubs doivent choisir la discipline de prédilection avec de bons chevaux dressés pour. Je sais que mon ancien club c'est hippique CSO et les chevaux de G6/7/+ ont pour but de former les cavaliers pour aller sur du 145 un jour. A qu'a 15km à coté y a un club de dressage pour aller en ama. A l'opposé on a un centre rando et d'endurence. A 25km y en a un spécialisé cense et a coté un CE mfr...
Par contre il y en a un à 10km qui fait tout. Il y a peine 5 proprios, de moins en moins d'inscrit, et les concours sont toujours annulé parce qu'il n'y a aucune inscription. Les chevaux sont polyvalent, sans exceller dans quoi que ce soit, donc forcément un moment où un autre les cavaliers stagnent et s'en vont.

couagga

Mais justement oui, c'est ce que tu recherches avec un cheval que tu montes régulièrement, plusieurs fois par semaine ou tout simplement ton cheval !

Je serai ravie de le faire avec MON cheval.

Mais quand je viens monter en club, à raison de une fois semaine quand je suis assez dispo ou moins quand j'ai pas le temps...Quand je monte un cheval 1h comme ça...Je ne vois franchement pas l'intérêt....Surtout pour que me dise arrête de faire l'exercice vu qu'elle s'énerve, contente toi de la cadencer derrière les autres....Non, franchement non je n'adhère pas.

Ton cheval tu le connais, il te connait.

Un cheval "comme ça", il te met froidement devant les faits. Tu sais ou tu ne sais pas t'adapter et si tu ne sais pas, tu n'as plus qu'à apprendre
Pour moi c'est aussi ça être cavalier, c'est être capable de comprendre rapidement un cheval inconnu et s'adapter. Et si tu n'es jamais confronté à ça tu ne peux pas apprendre à le faire Donc, il arrive bien un moment où on se retrouve "comme un débutant" parce que le cheval ne sait pas et que nous on doit apprendre à apprendre.

en fait, là, à travers ton sujet, on met clairement le doigt sur cette jonction entre utiliser un cheval qui sait et apprendre à un cheval qui ne sait pas.
On a beau avoir tourné des heures sur un cheval maître d'école et connaitre la sensation de la justesse d'un mouvement, on ne sait toujours pas comment on l'apprend à un cheval qui ne le sait pas si on n'a jamais été confronté à ça. Apprendre à apprendre c'est une autre dimension, une autre façon d'aborder l'équitation.

kikinoux a ce sujet le vraie allongement et non acceleration je l ai ressentis la premiere fois sur une petite juju arrivee au club peu de temps avant et qui avait fait que des ballades avant. Elle avait des predispositions pour le dressage et a appris assez vite. C etait finalement confortable. J avais l impression de voler!

En parlant d'allure, la juju que j'ai monté...Un galop horrible, une vraie balle de ping pong
Ca cumulé à une vieille selle hyper inconfortable...J'ai mal au cul depuis deux jours.

+ les rênes arrache peau comme je les appelle....

kikinoux

Je sais que j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours équestre. J'ai eu des enseignants capables d'apprendre à apprendre à des cavaliers débutant sur des chevaux débutants (adulte, débourrés depuis longtemps mais sans travail véritable) et j'ai aussi eu quelques chevaux pas mal mis en club (passage, piaffer, changement de pied).

Bien sûr pour moi, on ne donne pas un jeune cheval (sorti de débourrage) à un cavalier débutant. Il faut déjà commencer à avoir une base solide pour travailler un jeune. Une base solide ET un bon encadrement pour justement apprendre à apprendre.

En fait, il faut, il me semble un peu de tout pour construire un cavalier. Il faut qu'il goûte à la justesse et l'exigence avec des chevaux dressés, à l'adaptation, la remise en question avec des chevaux non dressés et à la délicatesse, l'écouté, la pédagogie avec des jeunes chevaux. Au travail de longue haleine, à la complicité, au pardon avec son propre cheval. Après on aborde le débourrage parce qu'on de la ressource sous le pied !

le sujet du post me parle beaucoup car c'est également ce que je suis en train de vivre !

J'ai commencé l'équitation en club à l'âge de 7 ans, c'était super à l'époque! Des poneys, des doubles-poneys et des chevaux bien dressés, travaillés en parallèle des cours par les monos (chaque mono était responsable d'un piquet de poneys/chevaux). j'ai très vite progressé sur cette cavalerie aux boutons (jusqu'au niveau galop 7). Je me souviens à l'époque, j'aimais beaucoup quand on me donnait un jeune cheval, c'était une marque de reconnaissance, le mono me faisait confiance pour pouvoir l'aguerrir et lui apprendre des choses. C'était un privilège, réservé aux cavaliers confirmés (les chevaux étaient montés exclusivement par les confirmés pendant 2 ans en moyenne avant de passer à des niveaux plus faibles).

Puis il y a 4 ans j'ai du arrêter l'équitation en raison de mes études très prenantes (études de médecine).
J'ai repris depuis peu, en avril 2017.
Mais entretemps j'ai changé mentalement (la vieillesse.. et physiquement (j'ai eu plusieurs tendinites au niveau des membres inférieurs, et surtout... j'ai pris 25 kilos... ).

Ayant déménagé pour mon 1er emploi, je ne me suis pas ré-inscrite dans le club de mon enfance.
J'ai fait des heures d'essai dans 3 clubs du département (pas beaucoup de choix ici malheureusement), j'ai choisi tout simplement celui où on ne m'a pas traité comme de la merde, où ce n'est pas l'usine, et où le chemin pour y aller ne nécessite pas un gros 4x4 toute options sur puissant ...

Dans le club, les gens sont très sympas, connaissent mon prénom (!!!!), ils sont très arrangeants sur mes absences dues à mes gardes et les monitrices changent de reprise tous les mois, ce qui me plait car in n'a pas qu'une seule vision d'enseignement.
Mais... la cavalerie pêche vraiment! Les chevaux sont adorables, il n'y en a pas un qui va essayer de te mordre ou de te botter au boxe, mais :
- soit ce sont des jeunes chevaux (la plus jeune a 4 ans)
- soit ce sont des chevaux plus âgés, mais verts dans leur travail car achetés alors qu'ils sortaient d'un pré où ils ne faisaient rien depuis des années...
Résultat : des chevaux qui ne connaissant pas les aides élémentaires, froids à la jambe, qui n'avancent pas ou au contraire qui embarquent, qui ne connaissent pas les aides d'incurvation, certains ne savent même pas partir au galop sur demande du cavalier, alors je ne parle même pas du travail de 2 pistes et d'enchaîner un parcours d'obstacles...
Moi qui suis rouillée après 4 ans d'arrêt, et dont mes repères corporels ont changé suite à ma prise de poids, j'aimerai pouvoir mon concentrer sur moi et sur ma position (retrouver mon assiette, ne pas s'accrocher aux rênes, essayer d'être souple, ne pas donner d'à coups, essayer de fixer ma jambe qui fait essuie glace etc...) et bien je ne peux pas car pendant le cours j'essaye de faire avancer mon cheval et je n'arrive même pas à l'incurver. Une fois, je n'ai même pas réussi à faire galoper une jeune jument !!! (je précise que ce n'est pas une trotteuse); Je suis sortie du cours complètement dégoûtée...
Avant j'aimais beaucoup monter les jeunes chevaux, mais vu que je suis en quelque sorte "redevenue débutante", aujourd'hui c'est une plaie de monter des chevaux verts, une corvée !!!!

Comme c'est un petit club, les chevaux font tous les niveaux, il y en a pourtant 2-3 d'entre eux que je ne donnerais pas à des débutants car très chauds et sensibles, quand je les vois monter par des galop 0-1 je me dis pauvres cavaliers, comment bien apprendre dans ces conditions?


Mais je n'ai pas d'autre solution pour le moment, je vis en Guadeloupe, le département n'est pas très développé au niveau équestre...
Je prends mon mal en patience, en attendant de pouvoir faire venir mes chevaux ici...

Ce que vous dites est vrai, mais les bons chevaux professeurs sont rares et il faut accepter de payer plus cher, ce qui n'est pas dans l'air du temps! Les clubs s'adaptent à la demande.

Ensuite, le niveau des enseignants a beaucoup baissé, ce qui n'aide guère et les clients se comportent trop souvent en consommateurs donc exigent de monter tel ou tel cheval; il devient alors difficile de réserver les chevaux professeurs aux cavaliers assez avancés pour ne pas les dérégler!

Personnellement, j'ai eu la chance et je l'ai encore de monter d'extraordinaires chevaux professeurs, mais j'accepte de faire des kilomètres pour aller à leur rencontre et de payer les leçons leur véritable prix.

Bien évidemment que les bons chevaux ça coûtent cher (en argent et/ou en temps de travail), mais quand des centres équestres, où les gens viennent apprendre à monter, n'ont même pas de cavalerie adaptée aux débutants ...
Je trouve ça chaud quand même !!!!

En même temps, ces mêmes personnes ne veulent pas payer un prix correct.