Je prend toujours le temps de saluer mes chevaux, de les appeler et d'attendre qu'ils viennent avant de les licoler. Parfois, ils ont mieux à faire si l'herbe est trop bonne, du coup, je les aide en me rapprochant d'eux par palier, en m'immobilisant et en attendant de nouveau.
Ce qui est important, c'est de "capter leur attention", pour cela, suivant leur personnalité ou le contexte, les appeler ne suffit pas toujours, dans ces cas là, il faut "se rendre intéressant", et donc je n'hésite pas à frapper ma main sur ma cuisse pour faire du bruit, ou à le faire se déplacer des quelques pas, manoeuvres toujours suivis d'un pas de recul pour provoquer une aspiration (enfin, c'est difficile de décrire cela à l'écrit), mais avec le temps et l'expérience, on finit par savoir comment faire pour mobiliser cette fameuse attention et du coup "donner envie au cheval de venir vers nous...
Ma monitrice (diplômée étho, et ayant travaillée longtemps avec une éthologue scientifique) nous avait fait vivre une expérience très intéressante:
Elle avait lâché dans un paddock (pas trop grand), une dizaine de chevaux (ceux du club, qui passent entre les mains de tous les cavaliers)en liberté totale. Pas de chevaux naturellement "pot de colle", mais plutôt des indépendants, qui ne vont pas spontanément vers l'homme.
Puis, nous étions 5 stagiaires, et nous devions sélectionner dans le lot, un cheval, celui que nous connaissions le moins, ou celui avec lequel nous avions le moins d'atomes crochus (donc, évidemment pas les nôtres).
Le but de l'expérience: que le cheval sélectionné vienne de lui même vers nous et mette son nez dans le licol quasiment de lui-même, interdit d'aller le chercher directement, c'est vraiment le cheval qui devait venir vers nous.
Pour cela elle nous avait bien expliquer la technique d'approche/retrait, comment solliciter leur attention, etc...
Nous n'avions que le licol à la main, pas de stick, ni bien sûr de friandise d'aucune sorte, de l'herbe bien verte au sol, et suffisamment d'espace pour qu'ils puissent nous fuir toute la journée s'ils en avaient envie.
Une fois notre choix fais, nous sommes rentrés dans "l'arène".
Au départ, lorsque nous avons commencé à essayer de capter leur attention, c'était très anarchique, les chevaux avaient plutôt tendance à nous fuir qu'à venir vers nous, ça trottait et galopait de tous les côtés avec de pauvres humains désespérés qui pensaient franchement ne jamais réussir l'exercice. Mais sous les conseils avisés de la monitrice, nous sommes devenus plus efficaces, moins brouillons et contradictoires dans notre langage corporel, les chevaux sélectionnés, ont finis par regarder leur humain du moment, puis, peu à peu, les premiers ont réussis à "aspirer" leurs chevaux, et quel bonheur ce moment ou ce cheval inconnu quelques instants auparavant, vient vers vous et s'arrête puis plonge la tête dans le licol qu'on lui présente!
Finalement, en moins d'une demi-heure, tous les chevaux choisis étaient licolés, et surtout connectés à leur humain. Nous avons enchainés sur du travail à pied, tous les exos basiques: mener, reculer, déplacement hanches/épaules, céder à la pression, envoyer sur un cercle, etc... Ces chevaux n'avaient jamais fais tout ça, nous en revanche nous avions déjà un peu d'expérience, mais tout nous a paru très facile tant nos chevaux étaient "avec nous"...
Depuis cette expérience, j'ai travaillé ma technique d'approche et ma façon de faire pour être plus précise, plus efficace dans ma "captation d'attention", et je trouve que saluer son cheval en l'appelant est vraiment important dans cette démarche, elle permet d'induire une certaine "positivité" à la demande.
