Je vous donne mon point de vue/expérience de garçon :
Depuis tout petit, je suis passionné par les chevaux et j'ai tanné ma mère pendant des années pour pratiquer l'équitation. A cinq ans j'avais déjà des encyclopédies sur le sujet ainsi qu'une collection de films et dessins animés en relation avec le cheval.
J'ai finalement brièvement monté à cheval à 14-15 ans. Je n'ai pas arrêté pour cette raison mais c'est vrai que j'ai un peu "souffert" de la féminisation extrême de l'équitation, du moins en club.
Avant même de monter, j'en avais marre des magazines pour jeunes ou très jeunes cavaliers que je lisais petit : beaucoup s'adressaient à un lectorat exclusivement féminin ("en tant que jeune cavalière, tu vas désormais pouvoir...") et le pire c'était les pages interminables de courrier des jeunes lectrices, pages sur comment accorder ses tresses à celles de son poney (!), les autocollants à paillettes qui allaient avec le magazine ou encore les rubriques sur comment se réconcilier avec une copine avec laquelle on se serait fâchée.
Impossible également de trouver des livres dont les personnages principaux étaient des garçons. J'en ai lu plein, j'aimais bien Grand Galop entre 6 et 8 ans par exemple parce que ce n'était pas trop cucul la praline mais ça tape un peu sur le système à force, on se demande si on est normal...
La seule exception dont je me souvienne, c'était la série de livres L'Etalon Noir de Walter Farley, ainsi que la série Flamme du même auteur. J'avais beaucoup aimé ces livres car, outre leur qualité, le héros était un grand adolescent et non une gamine pré-pubère (et orpheline de mère, je me souviens que c'était récurrent lol).
Bref, une fois l'équitation commencée, je n'étais pas au bout de mes peines : très, très peu de choix pour s'habiller chez Décathlon par exemple, surtout pour un ado ; même pour du plus haut de gamme, les guides et page shopping de Cheval Pratique ou Cheval Magazine proposent presque exclusivement des vêtements et accessoires féminins.
Mon frère et moi étions les seuls garçons du club. Même les monos étaient des femmes.
En soi, pourquoi pas, mais très franchement j'ai remarqué depuis toujours que les filles étaient souvent beaucoup plus sectaires que les garçons. Les autres élèves nous adressaient à peine la parole. Si nous avions tous eu la vingtaine, non, mais à cet âge-là...
Donc c'était pénible, tout comme l'odeur fraise des bois des shampoings, et les questions existentielles "quelle couleur va à un alezan ?" ou "Lucie est-elle vraiment une pétasse ?". Et les "mon choupinou ceci, mon bébé cela" en parlant d'un des chevaux du club.
Nul doute que le milieu du club est particulier et qu'on trouve une plus forte proportion d'hommes dans le monde de l'élevage, des courses, de l'attelage ou du haut niveau en CCE/CSO. Mais sauf à être vraiment passionné, il y a de quoi dégoûter.
Si je fais le parallèle avec un milieu que je connais très bien, la musique classique, certains instruments sont considérés comme étant typiquement masculins ou féminins, quand d'autres sont neutres. Les femmes contrebassistes ou percussionnistes sont toutefois de plus en plus nombreuses et, à ma connaissance, ne subissent pas davantage de sexisme de la part de leurs collègues de pupitre que les autres musiciennes. C'est encore un peu compliqué pour celles jouant de la trompette, du cor, du trombone ou du tuba, au point qu'on leur conseille, lors des concours à l'aveugle, de ne pas venir en talons pour ne pas se faire remarquer. Mais dans l'ensemble il y a eu de gros progrès, des trompettistes ou cornistes femmes ont pu percer et avoir, pour certaines, un carrière internationale et, dans les écoles de musique, il y a désormais pas mal de petites filles dans les classes de cuivres.
Ah oui, et personne ne va dire, que ce soit pour un pro ou une petite qui débute la trompette "Ah, elle aime ça ? Bah, elle est sûrement lesbienne...".
Il en va autrement pour les hommes flûtistes et harpistes. 80% de filles dans les classes de flûte à petit niveau, certainement 95% pour la harpe. Et dans les deux instruments, une proportion respectable d'hommes à haut niveau. Mais parmi ceux-ci, beaucoup sont notoirement homosexuels et comme ils sont relativement médiatisés dans le milieu, ça renforce les stéréotypes. C'est un cercle vicieux, pour les parents il serait indigne que leur fils pratique un instrument pareil, les gosses subissent des moqueries et pour finir il n'y a pratiquement que les gays qui s'assument, s'accrochent et réussissent . Je n'y connais pas grand chose mais j'ai l'impression que c'est, dans une certaine mesure, la même chose en dressage.
Désolé pour le pavé, c'était un peu hors-sujet
