Bonjour,
Loin de moi l'envie de créer une polémique, mais je voulais partager quelque chose qui me trotte dans la tête depuis longtemps... Et savoir si je suis bizarre de penser ainsi ou si d'autres gens que moi se posaient les mêmes questions
Je monte depuis... entre 15 et 20 ans, je dirais. J'essaye toujours de faire le plus légèrement possible avec mes deux chevaux : je m'initie à l'éthologie pour voir... je pratique le dressage (enfin... du travail sur le plat plutôt) avec un dresseur adepte de l'école de légèreté, etc. Et je fais du CSO à la maison et en concours (niveau amateur), en plus du plat et balades en extérieur toutes les semaines. Je monte mes chevaux sans enrênement ni muserolle, en licol ou en mors simple double brisure et mes chevaux vivent au pré avec dedans les boxs disponibles quand ils veulent.
MALGRÉ CELA, et le fait qu'ils viennent quand j'entre dans leur pré, je me dis que je dois bien les embêter à les faire tourner ou leur faire sauter des barres en bois dans un bac à sable...Tout comme un cavalier de rando ou d'endurance peut les embêter à enfiler tant de km d'affilée si ce n'est pas pour se nourrir, un cavalier de dressage peut les embêter à faire un espèce de trot sur place (le piaffer quoi) ou changer de pied au galop toutes les x foulées, un cavalier western etc. etc. Je vois bien par exemple que quand je sors le van pour emmener mon cheval à l'entrainement ailleurs de temps en temps ou en concours, il monte sans souci dans le van mais resterait plus volontiers ici... Tout comme je vois bien des cavaliers qui, sitôt que le cheval voit la selle ou le licol, ne peuvent l'attraper au pré que s'ils viennent avec à manger... J'en suis à un stade où je me dis que les chevaux sont vraiment bien braves de nous supporter et que si je fais des concours, voire si je monte, c'est par égoïsme : parce que je fais sans doute passer mon plaisir avant ce que voudrait mon cheval. Un égoïsme que je n'arrive pas à dépasser... sans quoi je le laisserai au pré ou ne ferai que quelques balades.
Un ami m'a quand même dit "Oui mais les chevaux s'habituent à la vie qu'on leur procure... si bien qu'un cheval en box n'est pas forcément malheureux d'y être, un cheval de concours n'est pas forcément plus malheureux qu'un cheval de balade, etc.". J'ai un peu de mal à me faire à une telle idée. Quand même, si on prend un cheval de cso ou autre et qu'on le met en vacances au pré, la plupart du temps, il semble heureux... Et il développe moins de tics avec une vie au pré sans stress etc. Je suis allée à Saumur quelques jours en stage et les chevaux ne me semblaient pas heureux dans leur vie de chevaux de sport en box...
Autre ex qui m'a fait y penser ces derniers jours : en concours, le cheval d'une amie se met à refuser sur le 1. Ca fait 2 tours qu'il fait ça sans qu'on comprenne pourquoi alors que les hauteurs et la cavalière n'ont pas changée
et qu'avant il ne refusait jamais. Bien sûr, on réfléchit à la question d'une douleur possible. Un membre du jury qu'on connaît de vue est quand même venu nous voir après l'épeuve et à dit à mon amie "vous n'étiez pas assez déterminée ! Un bon coup de cravache après le refus et pareil en revenant face à la barre pour sauter".... Et là, je me suis dit, combien de gens réagissent ainsi? à cravacher (une fois ou plusieurs) le cheval pour le refaire sauter. Mais admettons qu'il n'a pas mal et ne veuille tout simplement plus sauter, n'est-ce pas là aussi une preuve de notre égoïsme de vouloir faire passer notre envie avant la sienne alors qu'il est pour lui si naturel de passer à côté de l'obstacle plutôt que de sauter? Est-ce qu'on devrait pas plutôt lâcher prise s'il ne veut plus sauter?
Autre ex : j'ai une jument qui va bientôt devenir poulinière. Certains pensent que je ne l'ai pas assez exploitée car elle a les moyens de faire 140 et n'a toujours fait que des 1m à 115cm. Déjà, en quoi serait-ce du gâchis si elle n'a pas conscience de cela? Aurait-elle été plus heureuse à faire plus de box, plus de travail en carrière, plus de temps en camion? Et en poulinière, on me dit qu'elle va pouvoir faire des super chevaux de cso, peut-être pour du haut niveau. Mais j'en suis à me dire là aussi, à quoi bon, alors qu'avant je voulais bien faire un peu d'élevage : ai-je vraiment envie que les poulains de ma jument aient une vie de chevaux de concours? N'est-ce pas un plaisir égoïste que de voir son poulain sauter de grosses épreuves alors qu'il enchaîne les entraînements, voyages en camion, sans compter les petits pépins de santé possibles?...
Et que dire de cela : il faudrait mettre le cheval en place parce qu'à la base il n'est pas fait pour nous porter, donc pour que son dos se tende et se muscle et qu'il supporte mieux notre poids physiquement (je simplifie à grands traits...)? Là aussi, forcer le cheval à mettre la tête dans une position sur le plat pour notre bon plaisir...
Bref, vous voyez, grosse période de remise en question

Désolée pour le pavé...
Est-ce que cela vous est déjà arrivé? Qu'en pensez-vous? Vais-je trop loin?
Bon après, pour mes chevaux, je les vois dans leur pré et je me dis que malgré tout ce que je leur fais "subir", ils semblent avoir plutôt une belle vie...