joual
Citation :
Et ça vous dérange vraiment ce que votre réponse à comme effet sur les gens et ce qu'ils émettent comme avis?
Question très intéressante ! Ça me donne envie d'y répondre.
Pour moi, ça dépend tellement des sujets et de l'état d'esprit.
Je veux pas d'enfants et l'avis des autres je m'en fous. Je ne sais pas si je changerai d'avis un jours mais pour le moment c'est un "non" clair et net !
Dans la même veine... Pour beaucoup de gens mes études me mènent vers un métier qui ne sert à rien et je m'en fiche tout autant... Bon, je rigole parce que les métiers des arts, du design etc, beaucoup de gens trouvent ça inutiles...
Mais tout le monde en consomme chaque jours, plusieurs fois par jours souvent sans même s'en rendre compte. Que celui qui ne lit jamais, ne regarde aucun film, aucun spectacle, ne va sur aucun site ou appli ayant demandé un graphiste ou webdesigner, ou n'écoute jamais de musique me jette la première pierre
Je ne vais certainement pas abandonner des études/un métier qui me plaît parce que c'est inutile pour certains (qui le consomme quand même en masse).
Par contre, il y a des sujets sur lesquels l'avis des autres tombe souvent sans que je ne le demande et où il est blessant. J'ai fait le choix de prendre un traitement, probablement ad vitam, pour contrôler ma maladie qui m'a déjà fait perdre deux ans de ma vie et m'a souvent piégé. J'ai été diagnostiquée au bout de plusieurs années, j'ai fait une batterie de test (sanguin, cognitifs etc...) pour trouver LE traitement qui allait enfin empêcher la survenue de ces crises ou les écrêter pour qu'elles soient moins violentes, j'ai mis des années à trouver LE médecin spécialiste qu'il me fallait... Ma qualité de vie s'est considérablement améliorée, je peux vivre presque normalement et je pense que d'ici quelques mois ou années, j'arriverai à refaire tout ce que je faisais avant.
J'estime avoir fait le bon choix pour moi. Et je crois que personne n'a à juger des choix que j'ai fait et que je fais, sachant que je n'en fais pas une vérité générale. Je me connais et je connais les impacts de ma maladie sur moi si je ne suis pas convenablement soignée. Mais... Ma maladie est mentale, psychiatrique.
Et à partir de là, les jugements sont extrêmement violents à encaisser. Où l'on m'explique que j'ai fait les mauvais choix, que je suis manipulée, que ma maladie n'existe pas ou qu'on l'est "tous un peu", que je crois avoir fait un choix mais qu'en réalité les psychiatres m'ont manipulée pour que je devienne malléable, que les médicaments m'empêchent d'être moi. Oui, ça, ça me fait mal et ça me met en colère. Ça invalide absolument tout mon vécu, toute la souffrance que j'ai encaissé à cause de ce trouble, ma capacité à me connaître (et donc à distinguer le vrai Moi du pathologique), ma capacité à choisir, mon libre-arbitre.
Ou alors on m'explique gentiment que mes psy sont nuls et que je suis probablement "juste" haut potentiel (spoiler : je suis HP... Et psychiatrisée. Être HP n'est pas une immunité anti-trouble psy). Ou il y a le classique "je ne comprend pas pourquoi tu suis un traitement, tu as l'air parfaitement normale" (spoiler : je crois que tu as mis le doigt sur quelque chose, Micheline, c'est très intéressant)
Pour revenir sur le sujet du corps et des choix... J'ai fait le choix de ne plus avoir mes règles. Je n'aime pas ça, ça m'emm***... Je n'ai pas de malaises ou de douleurs particulières, j'ai des règles "normales", un cycle normal, pas de pathologie... Juste, je n'aime pas ça, ce n'est pas important pour moi.
Il m'a fallu des années pour trouver un gynéco qui a parfaitement entendu que je voulais un contraceptif qui me les supprime.
Toutes mes médecins ont remis mon choix en question, m'ont assommé de "vous êtes en conflit avec votre féminité ! Ce n'est pas sain pour une femme de vouloir supprimer ses règles!".
Ce genre de jugement n'est pas forcément blessant (encore qu'il semblerait que je sois trop bête pour savoir toute seule si j'aime baigner dans mon sang pendant une semaine ou non), mais il est juste débile et infantilisant.
Fait curieux. Il n'y a eu que des femmes pour remettre mon choix en question... Les jugements les plus durs voir violents que j'ai eu sur ma contraception, ma sexualité... Venaient de femmes.
Tout dépend donc du sujet, de ce qu'il y a derrière... Et peut-être aussi de la décence. Dans le cas de ma maladie, je ne demande pas aux gens de lire le DSM, juste de comprendre que cette pathologie existe que ce n'est pas drôle ou un caprice, qu'on ne se diagnostique pas en deux coups de cuillères à pot pour se justifier. Et que s'ils ne la comprennent pas, ce n'est pas grave. Les maladresses ça arrive, aussi, ce n'est pas grave pour moi.
Moi, je ne sais pas ce que c'est que de vivre avec un cancer, un trouble schizophrène ou le VIH, donc j'écoute ce qu'en disent les gens directement concernés et je respecte leur choix dans leur prise en charge. Je ne suis pas à leur place. Même hors maladie, je ne me vois pas devenir femme au foyer ou TDS mais il y a des gens qui s'épanouissent ainsi, et qui méritent autant de respect que nimporte qui.
Je n'ai pas à juger les choix des autres, tant qu'ils ne font de mal à personne. Quand bien même ces choix me dépassent, quand bien même je ne les comprend pas...
Bien sûr, sciemment ou non, je juge, je projette, je présuppose... Et bien entendu, mon jugement interne peut être dur et injuste. Je ne suis pas Mère Thérésa. Mais je ne m'amuse pas à manifester mes jugements à leur sujet, car ce serait bête, méprisant, inutile et méchant. Je me garde bien d'aller voir Micheline pour lui dire "selon mon prisme, tu as raté ta vie. Voilà.". Selon Micheline, j'ai probablement raté ma vie aussi et elle, elle est très heureuse.