L'élevage de sport est-il en danger ?

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Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 18h47

Attention pavé !

Derrière ce titre volontairement polémique, j'aimerais discuter aujourd'hui d'un sujet un peu sensible mis en lumière dans le dernier dossier "élevage" de l'Eperon (n°388).
Je l'ai, en effet, trouvé extrêmement pertinent et, c'est d'ailleurs la première fois, que je vois retranscrit mes craintes noir sur blanc dans un magazine spécialisé avec une telle audience.

Je vous recopie ici l'introduction, un extrait et la conclusion du journaliste. Je pourrais, éventuellement, transmettre l'article complet (avec tous les chiffres de l'enquête) en mp à ceux que cela pourrait intéresser afin que l'on puisse tous débattre du sujet en partant des mêmes bases.

Introduction :
" Peut-être est-ce un sujet tabou qu'il est difficile d'aborder. Il y a une sorte d'omerta internationale sur le nombre élevé de saillies effectuées par certains étalons depuis des décennies. Personne ne communique sur le sujet. Ni les principaux étalonniers européens, ni les stud-books, ni la Work breeding federation of sport horses (WBFSH) ne semblent vouloir partager cette information. Il serait pourtant assez simple, et très instructif, de publier officiellement le nombre de juments saillies par chaque étalon dans le monde, chaque année. La WBFSH devrait s'en charger. Mais il semble que tout un système serait remis en cause si l'ensemble des éleveurs européens se rendait compte que seuls les étalons qui saillissent énormément dès leurs débuts peuvent un jour figurer dans le haut des classement mondiaux. Pour illustrer cette enquête, nous prendrons quelques exemples significatifs d'étalons âgés ayant un succès au niveau européen.

L'étalonnage est devenu un marché très concurrentiel au niveau international et il est difficile de s'y faire une place si l'on n'a pas l'entregent pour collaborer avec les plus importants étalonniers européens, ou si l'on n'a pas les moyens financiers d'acheter des étalons performers de haut niveau ou d'anciennes vedettes. Depuis que le studbook Selle Français est "ouvert" et que la plupart des étalons vedettes en Europe sont accessibles aux éleveurs français, l'offre est plus vaste, plus internationale qu'autrefois. En est-elle meilleure pour autant ?"

Extrait :
" Outre le fait que ce système de saillie à outrance amène beaucoup trop de produits d'un même étalon sur le marché, il y a aussi un problème, plus grave et à plus long terme, qui se pose sur le plan de sélection du cheval de sport : la diminution du cheptel d'étalons utilisés et réellement testés sur descendance par rapport à la multitude d'étalons approuvés dans le monde et, donc, la réduction de la diversité génétique. C'est sans doute le problème le plus préoccupant. Car, non seulement les étalons à la mode produisent beaucoup plus de fils étalons à leur tour à la mode, mais ils produisent également énormément de filles qui deviennent poulinières et laissent également leur empreinte génétique.
Hélas, quand les éleveurs et les instances qui sont censés les gouverner - les stud-books et la WBFSH- en prendront réellement conscience, il sera trop tard. On ne pourra plus revenir en arrière une fois que la diversité génétique aura disparu ou sera réduite à quelques courants de sang d'étalons à la mode, eux-mêmes issus de lignées identiques. Une peau de chagrin. "

Conclusion :
"Autrefois les stud-books européens faisaient appel aux étalons Pur-sang ou Anglo-Arabe - voire Trakehner en Allemagne - pour apporter, entre autres, de la diversité génétique. Cette époque est révolue et l'utilisation de ces étalons est devenue anecdotique car il n'y a plus de reproducteurs de ces races ayant les performances sportives à haut niveau, critères que tout le monde recherche de nos jours.
On s'aperçoit que les grandes lignées mâles provenaient des meilleures étalons de croisement, notamment Pur-sang tels Orange Peel, Furioso, Rantzau, Ultimate, Ladykiller, dont descendent la plupart des meilleurs étalons actuels.
Mais cet apport de "sang" et de gènes nouveaux n'existant plus en Europe, le travail de sélection se fait sur un pool restreint à moins de dix lignées mâles en Europe. Plus les étalons aux origines à la mode vont saillir, moins nous aurons de chance de voir émerger un nouvel étalon avec un pédigrée relativement en "outcross".
B.L.C, L'éperon, n°388.


Pour préfacer mon propos, je tiens à préciser une petit peu mon parcours. Je suis une cavalière amatrice au statut de particulier qui se passionne pour l'élevage (sans jamais avoir fait reproduire pour le moment).
J'ai été frappée, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, par la multitude des étalons proposés à la saillie et j'ai, comme beaucoup, été séduite par des étalons vus à l'époque uniquement via les GP du dimanche sur Equidia et les catalogues extrêmement soignés des étalonniers/marketteurs.
Je ne fais, depuis, que repousser mon projet de saillie par crainte de ne jamais en savoir assez, et, comme la généalogie reste un domaine qui m'apparaît éternellement vaste, je reste pour le moment dans un doute perpétuel, dans une quête inépuisable de l'étalon idéal pour ma jument. M'enfin ça c'est une autre histoire...
Je suis aussi un fervent défenseur du selle francais originel et du stud-book CSAN, donc, clairement absolument pas objective sur le sujet.

Voila mes questions aux éleveurs ou cavaliers passionnés. Je les ai orientées vers le Selle français car c'est la race que je connais le mieux et qui m'intéresse le plus mais tout le monde peut participer, bien entendu, pas de discrimination !

1) Partagez-vous les impressions du journaliste sur le rétrécissement du pool génétique et le monopole de quelques grosses structures d'étalonnage qui biaissent les chiffres et les classement de reproducteurs ?

2) Si oui, pensez-vous qu'un retour aux quotas de saillies soit une solution possible ou totalement utopique au vu de l'hégémonie du secteur privé dans le domaine et du désengagement du secteur public ?

3) Craignez-vous, dans un avenir plus ou moins proche, l'avènement d'un stud-book européen au détriment des spécificités nationales ou l'appelez-vous de vos voeux les plus chers ?

4) Trouvez-vous cet article trop alarmiste ou avez-vous déjà, parfois, des difficultés à préparer vos croisements sans constamment retrouver les mêmes chefs de race dans les papiers et donc de la consanguinité (hors démarches volontaires de linebreeding/inbreeding ) ?

5) Bien que le problème de la consanguinité et de la suprématie de certains étalons ne date pas de l'ouverture du stud-book SF, trouvez-vous que le problème s'aggrave aujourd'hui avec la disparition de précieuses lignées dites "outcross" et la sur-spécialisation des races constitutives du selle français dans leur propre domaine d'expertise (trotteur en course, anglo en complet, arabe en show/endurance etc.) ?

6) Enfin, si vous trouvez que le système actuel est problématique. Avez-vous des solutions/hypothèses à partager ici pour sortir d'une possible crise future due à un appauvrissement du patrimoine génétique ?


Personnellement, je suis très pessimiste. Les éleveurs suivent le marché car ils souhaitent pour la plupart - et c'est bien normal - vendre au sevrage pour rentrer dans leur frais et faire une plus-value nécessaire à toute entreprise pérenne.
Dès lors, il faut un papier alléchant avec, non seulement, une ligne maternelle apropriée mais aussi un étalon commercial.
Or, les étalons performant, comme leurs noms l'indiquent, sont "fabriqués" dans le but de briller en compétition à haut niveau et ne représentent pas les besoins de 90% des acheteurs qui, eux, sont amateurs.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que la plupart des cavaliers de sport amateurs cherchent un cheval polyvalent au caractère stable. Un cheval qui pardonne/tire-cul pour se faire plaisir le dimanche en concours. Ces cavaliers n'ont pas forcément la patience ou les compétences pour former des jeunes chevaux - je dis cela sans aucune malice et m'inclus dans le lot - . Or, un élevage qui proposerait des chevaux comme cela, bien nés et valorisés jusqu'à leurs 6 ans, ne rentreraient jamais dans ses frais car les prix du marché sont totalement tronqués.
D'ailleurs, dans le même numéro de l'Eperon, Serge Lecomte (candidat à sa réélection à la présidence de la FFE pour un sixième mandat) indique vouloir : " accroître le nombre de cavaliers. Plus on est nombreux, plus l'équitation est forte et reconnue, mieux les professionnels en vivent, plus on peut développer les activités. En transformant des piétons en cavaliers on crée des besoins en chevaux, en matériel et en équipement. Mon objectif sera d'atteindre un million de licenciés".
Je ne suis pas d'accord avec son postulat qui me semble manichéen à souhait. Bref, on en revient toujours au sujet de la démocratisation de l'équitation...

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 23h35

Anemone47

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 19h22

Tiens je discutais précisément de cela hier avec un ami ....je répondrai après avoir pris le temps d'y réfléchir, mais oui évidemment on court vers un appauvrissement génétique quand tout le monde se tourne vers les mêmes "grands " étalons, et dans certains cas c'est injustifié. Mettre une énorme saillie du meilleur père du moment sur sa jument de cœur à peine sortie en amateur, ça fait plaisir mais est-ce toujours réellement judicieux ?

Édité par anemone47 le 09-03-2021 à 10h15



Anemone47

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 19h34

Le retour aux quotas de saillie, serait souhaitable, mais me semble totalement utopique dans sa mise en œuvre, on est désormais dans un marché mondial , dérégulé, comment envisager cela : il faudrait une harmonisation mondiale et un accord de tous pour que ce soit possible.

Harasstgermain

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 19h39

Bonsoir
Merci d’avoir soulevé le lièvre
On peut aussi ajouter à cet appauvrissement génétique programmé une perte d’identité du cheval français pratique pour les amateurs au profit de chevaux aux origines étrangères et c’est connues mais difficiles d’utilisation

A qui la faute
A des etalonniers qui font du business

Les saillies en IA étant tellement chère que mettre un père connu permet éventuellement de vendre un produit même moyen

A la disparition des haras nationaux

À des associations de race qui ont oublié que les clients étaient des amateurs et qui sont moribondes

A l’ifce dont les tarifs augmentent de manière inconsidérée d’autant que les formalités se font par intérêt

A leur gestion des statistiques et des points pace qui repose sur des données dépassées
Et qui évaluent des étalons de manière obsolète

Aux clients qui pensent encore qu’un cheval est toujours trop cher et dont le budget rétrécit comme une peau de chagrin

A la multiplication des entiers qui vont pouvoir produire en oc des chevaux sans qualité intrinsèque mais dont la déclaration rapportera de l’argent à l’administration
On peut toute fois espérer que de cette pratique naîtra une certaine diversité génétique

A Des revues qui font la promotion d’étalons dont les etalonnier sont leurs « annonceurs » publicitaires

Au manque de chevaux français au haut niveau

Bref j’arrête cet inventaire à la Prevert et je vous laisse la parole

Alia1

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 19h42

Je vais juste répondre d'un point de vue strictement génétiques, effectivement la baisse du nombre de reproducteurs dans une population favorise énormément la dérive génétique, qui augmente le nombre d'allèles à l'état homozygote et donc augmente l'expression des allèles délétères...
C'est pour ça que j'ai toujours trouvé un peu étrange que certains étalons puissent saillir autant, et surtout que les races soient si fermées et spécialisées chacune dans son domaine.

Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 19h55


anemone47 a écrit le 06/03/2021 à 19h34:
Le retour aux quotas de saillie, serait souhaitable, mais me semble totalement utopique dans sa mise en œuvre, on est désormais dans un marché mondial , dérégulé, comment envisager cela : il faudrait une harmonisation mondiale et un accord de tous pour que ce soit possible.


Je suis malheureusement bien d'accord avec ce que vous exposez ici...D'où mon pessimisme pour la filière en général!
Peut-être que dans ce marasme ambiant, le salut viendra des amateurs qui font justement reproduire leur jument de coeur. En effet, une fois l'impératif commercial supprimé, ces derniers peuvent alors, contrairement aux éleveurs tenus à la gorge par des charges importantes et un cheptel à entretenir, se laisser séduire plus facilement par un étalon à la production local et aux papiers moins rutilant voire par un croisement totalement original ou très audacieux qui contribuera à renouveler le patrimoine génétique.

Malgré tout, reste la question des compétences et de "l'oeil" que ce doit d'avoir tout professionnel lorsqu'il envisage un croisement. L'amateur, impliqué émotionnellement (trop peut-être) et, de par sa définition même, non professionnel. Il n'est donc pas forcément en mesure de déceler les qualités intrinsèques de sa jument voire même de l'intérêt de sa mise à la reproduction. On peut aussi avancer qu'il faut plusieurs produits à une poulinière avant de savoir vraiment comment elle transmet et que c'est toute la compétence et la plus-value d'un éleveur de connaître ses souches sur le bout des doigts.

Encore une fois, je ne jète pas la pierre aux amateurs, étant moi-même la première à créer des sujets sur la compatibilité de ma jument avec tel ou tel étalon. Je crois simplement, que les particuliers qui font reproduire leur jument ont toujours existé et qu'ils ne doivent pas être réprimés sous des prétextes de concurrence déloyale. Je suis persuadée, cependant, que ce phénomène deviendrait beaucoup plus marginal si :
- Les éleveurs particuliers qui vendaient leurs produits étaient soumis aux mêmes taxes que les professionnels.
- Les éleveurs professionnels se voyaient donner les moyens financiers de produire le cheval d'amateur qui est extrêmement en demande et non pas le cheval que les amateurs pensent pouvoir maîtriser ou vouloir.

Je radote mais je ne cherche à blâmer ou infantiliser personne. Je suis la première à reconnaître avoir besoin de la compétence d'un professionnel afin de déterminer, au mieux, l'adéquation de mon niveau avec un cheval à la vente.

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 19h58



Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 20h03

harasstgermain
Je rajouterai même à votre liste, le processus d'approbation des étalons, et, puisque j'ai décidé d'ouvrir la boîte de Pandore, j'irai même jusqu'à dire que certaines commissions n'ont rien à envier à la Cosa Nostra...
Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi les testages ne se faisaient pas de façon anonyme. Je suis sûre qu'avec un jugement à l'aveugle nous aurions plus de surprises dans les résultats du classement.

alia1
Vous avez raison et nous le remarquons déjà plus ou moins avec la prolifération de certaines maladies comme la pssm1.
Je suis peut-être naïve mais tous les étalonniers devraient à minima fournir les résultats de certains tests génétiques ainsi qu'un statut ostéo-articulaire lorsque cela est pertinent (à exclure pour les etalons âgés notamment).

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 20h06



Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 20h42

L'enquête dans l'Eperon fait environ une dizaine de pages. Voici deux autres extraits que je trouve intéressant :

Extrait 1 :

"En comparaison avec l'année 2000, les saillies se concentrent davantage sur certains étalons. En 2020, deux étalons ont sailli entre quatre cents et cinq cents juments, huit autres en ont sailli entre deux cents et quatre cents, une quinzaine a saillie entre cent et deux cents juments. Un quart des étalons de ce top 100 a donc servi plus de cent juments chacun. A titre de comparaison, il y a vingt ans, seulement neuf étalons servaient entre cent et cent cinquante juments chacun.
En 2020, le soixantième au classement saillissait seulement cinquante juments alors qu'en 2000, il fallait descendre jusqu'au quatre-vingt-cinquième rang pour le même nombre. En 2000, le centième saillissait encore quarante-sept juments alors qu'en 2020, le centième n'est plus qu'à vingt-neuf saillies. Il est donc évident que, de nos jours, la jumenterie se concentre sur les étalons de la tête de ce tableau et la moyenne par étalon a donc beaucoup baissé.
Concernant la jeune génétique, il y a vingt-trois jeunes étalons dans ce tableau, à peine un quart. Huit ont sept ou huit ans, et quinze ont entre trois et six ans.
C'est peu par rapport au nombre de jeunes étalons approuvés chaque année : pour ces six générations de C à H, plus de trois cents étalons ont sûrement été approuvés par le stud-book Selle Français !
Concernant les origines dominantes, les étalons les plus représentés sont Diamant de Semilly et ses huit fils, Clinton avec sept fils dont le leader, Cornet Obolensky, qui a aussi sept fils, Baloubet du Rouet (les éleveurs français se rattrapent !) avec cinq fils et deux petits-fils Kannan et Carthago avec quatre fils chacun et la nombreuse descendance mâle de Quidam de Revel. "

B.L.C, Eperon n°388.






Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 21h39



Lenahaha

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 20h43

Ca fait longtemps que c'est dénoncé. Quand j'étais môme, je me souviens que tout le monde voulait du "Syndicat Linaro".

20 ans plus tard, on a des chevaux qui ont plusieurs milliers de produits. C'est absolument délirant. Et surtout, ça place forcement l'étalon dans les meilleurs pères. Comment un petit étalon de région, qui ne bénéficie pas d'un marketing digne des plus grandes marques, peut faire face avec quelques jument par an?

Une solution radical serait de limiter le nombre de saillies ou carrément d'interdire le congelé (comme les PS).

Lunaloveisgood

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Posté le 06/03/2021 à 21h01

Extrait 2 : étude de cas

Figures de proue de grosses structures :
On peut citer aussi l'incroyable propulsion en tête des étalons utilisés dans le monde et notamment d'Untouchable 27 (Hors la loi), dont l'achat par deux énormes structures européennes, Kéros et le GFE, lui a créé une réputation internationale, usurpée ou non suivant les avis.
Après des débuts en élevage assez discrets - comme la plupart des étalons au demeurant - son récent achat par ce consortium, suite à la publication de son BLUP hollandais, l'a propulsé subitement parmi les étalons qui saillissent le plus au monde. Il a sailli de 1000 à 1300 juments par an ces derniers années. De ce fait, sa production est, comme par miracle, sélectionnée pour les ventes aux enchères et devient subitement commerciale. Il n'est pourtant pas dans le top 10 des meilleurs étalons du monde mais pointe seulement actuellement entre la quatre centième et la cinq centième place avec des produits de quinze ans.
Quelle explication à ce succès commercial planétaire, si ce n'est la promotion qu'en font des étalonniers extrêmement puissants ? Evidemment, cela change totalement l'avenir de cet étalon qui, à cause du nombre exorbitant de produits sur le marché devrait finir vraisemblablement parmi les leaders. Il est évident qu'il devrait à l'avenir, en être de même pour d'autres nouveaux étalons propulsés sur le devant de la scène commerciale par les étalonniers leaders du marché européen.
D'autant que les étalonniers les plus forts s'unissent entre eux à l'échelle européenne, pour commercialiser leurs étalons et augmenter leur impact sur ce marché juteux, quand un géniteur devient à la mode.
L'un des derniers en date, est, par exemple Conthargos (Converter), appartenant à Paul Schockemohle et proposé dorénavant par le GFE, qui a sailli plus de trois cent trente juments en France en 2020. Il est quatrième en nombre de saillies. A cela s'ajoute un nombre inconnu, mais conséquent, de saillies faites en plus dans toute l'Europe et ailleurs. Depuis qu'il est permis à un étalon de saillir 1000 à 1500 juments par an, un étalonner peut sans problème investir à nouveau dans des étalons "phare"et en faire les prochaines vedettes. La boucle est bouclée !

Le secteur de l'élevage a surtout considérablement évolué depuis l'apparition des réseaux sociaux. Les éleveurs sont submergés par la surenchère de vidéos, aussi spectaculaires les unes que les autres, d'étalons jeunes ou matures. Bien sûr, tout le monde rêve de produire des cracks concourant en CSI5* et vendus des millions. Mais, comme au Loto, la probabilité est bien faible. Pour cela, les éleveurs cèdent souvent aux mêmes tendances, perdent pied et ne savent plus "séparer le bon grain de l'ivraie".

B.L.C, Eperon n°388.

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 21h03



Anemone47

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 21h03

lunaloveisgood je ne jette pas la pierre aux amateurs loin de là. d'ailleurs je te rejoins sur le fait qu'une partie d'entre s'adressent effectivement à des étalons moins cotés , du fait de leur présence en local , ou d'un conseil différent ( comment accorder aveuglément foi aux conseils d"un "commercial en paillettes " ) .

Je crois qu'il faut tout d'abord se rendre compte d'une chose : le sport est désormais scindé en 2 mondes qui s'éloignent de plus en plus : le " grand sport " ( expression élitiste préférée d'un des plus gros etalonniers du moment ) , et le sport de Monsieur tout le monde .Pour ma part, cela m'est apparu très clairement à la lecture d"un dossier de L'éperon sur les techniques modernes de reproduction , d'où il ressortait que de nos jours. plus un seul cheval du haut niveau n'est venu au monde naturellement en sortant de sa propre mère...glaçant : ils sont tous nés à minima par TE simple, au pire par la combinaison de plusieurs des nouvelles techniques artificielles coûteuses. Ce qui veut dire que le ticket d'entrée pour l'élevage de haut niveau est à plusieurs dizaines de milliers d'euros !!

J'ai peut-être dévié un peu du sujet initial, excusez - moi.

Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 21h31

anemone47
Non au contraire, c'est très intéressant. En plus des TE, il existe deux autres techniques phares dans ce domaine :

- La vente aux enchères d'embryons prestigieux avec une lignée paternelle ET maternelle irréprochables. Ces embryons sont d'ailleurs souvent sexés ce qui entrainera des problèmes, selon moi, dans le future (notamment lorsque l'on prendra en compte le ratio mâles/femelles). Les prix vont de 3000 euros à plusieurs milliers, sans aucune garantie de produire un poulain vivant à la clé bien entendu. Il faut ensuite, rajouter la location de la mère porteuse (si achat d'un embryon congelé) et son entretien.
Quelques exemples issus du site de vente aux enchères Ekestrian :







- L'ICSI (Injection intracytoplasmique de spermatozoïde). Si je prends le leader du marché en France, le Haras Beligneux, et, que je décortique le contrat pour déterminer le prix de base d'un foal à la naissance :

I. Les frais classiques
1) D'abord, il faut choisir l'étalon. Prenons Baloubet du rouet car, comme je l'ai dit, j'ai un faible pour les SFO. Passons outre le fait, qu'en allant toujours sur des valeurs refuges, nous retardons invariablement le progrès génétique naturel qui est censé apparaître à chaque cycle de reproduction puisqu'il n'y a plus vraiment de cycle de reproduction long (avec les TE cela s'est, en effet, considérablement réduit).
- Frais de disposition de la semence : 450 euros ttc + 500 euros ttc
- Pension journalières de la jument : 14.55 ttc par jour (mettons que la jument reste une dizaine de jours - ce qui est le minimum- le temps de faire les prélèvements nécessaires).
- Prélèvement vétérinaire sanitaires obligatoires : 45 euros

Sous-total : 1140 euros environ.


II. Les frais spécifiques :

1) Suivi gynécologique forfaitaire pour chaque ponction : 80 euros.
2) Actes veterinaires en laboratoire : 800 euros
3) Expédition des ovocytes en Italie chez Avantea : 150 euros.
4) Maturation des ovocytes : 150 euros
5) Réalisation de la fécondation par ICSI : 380 euros
6) Congélation par embryon : 420 euros
7) Frais de stockage mensuel par embryon : 10 euros

Sous total pour deux embryons HT : 2420 euros environs

III. Les frais additionnels facultatifs :
1) Expeditions des embryons réalisés en Italie chez Aventea : 150 euros
2) Si la semence d'un second étalon est utilisé pour certains ovocytes : 200 euros.
3) Sexage : 250 euros.

Sous-total : si je fais uniquement le sexage + le transport retour Italie/France : 800 HT environs

IV. Chance de réussite :
D'après un article dans Thehorse : 75% de gestation pour 55% de poulain vivant à 48h soit un peu plus d'une chance sur deux d'avoir un poulain à la fin en ayant dépensé (hors transport de la jument jusqu'au haras, entretien de la poulinière pendant 11, frais administratif à la naissance) entre 2500 et 5000 euros ( Baloubet est à un prix attractif comparé par exemple à Chacco blue qui lui est annoncé à 2200 euros ttc de frais techniques (est-ce que cela correspond à l'icsi ? C'est un peu flou étant donné que ce n'est pas le cas pour Baloubet dont les frais techniques sont annoncés à 450 euros - et 500 euros de génétique). Ce prix variera aussi selon le nombre d'embryons choisis et les options facultatives sélectionnées.

Edit : mise en page.

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 22h28



Cherchour

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 21h41

lunaloveisgood pour les tests génétiques ça existe dans certaines races notamment quarter/paint horse. Et j’ai énormément de connaissance orientées western à petit niveau qui accordent beaucoup d’importance et les exigent à l’achat au même titre qu’on peut demander une visite véto.

C’est beaucoup moins fréquent en classique j’avoue d’ailleurs ne pas l’avoir envisagé pour mon achat. Mais je garde l’idée en tête pour le prochain, au moins pour la pssm

Je trouve le débat très intéressant sinon

Édité par cherchour le 06-03-2021 à 21h47



Khymette

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 21h51

J'avoue ne pas bien comprendre plusieurs points : les chefs de race c'est pas un concept nouveau. Pourquoi ça serait subitement grave ? D'autant plus que le brassage est européen maintenant donc très franchement je doute du risque de consanguinité. Les éleveurs canins se débrouillent dans des races à effectifs bien plus faibles ! Surtout que j'ai pas l'impression que ça soit si restreint que ça la variété des origines en réalité, quand je vois les chevaux de sport de mon écurie y'a de tout en papier.

Et le reproche aux indices, puisqu'il me semble qu'il y a des indices ou classement qui s'intéressent à la proportion et pas seulement au nombre des produits faisant du sport à bon niveau?

Enfin, même certains étalons de papier glacé ont bonne réputation pour le caractère, donc je comprends pas ce besoin systématique dans ce genre de débats d'opposer la ferrari ingérable à l'étalon au grand coeur qui a fait de la 110.

Qu'on déplore le commercial (alors que bon quand je vois les pubs facebook avec des étalons loisir confidentiels qui savent pas sauter et qui ont en gros juste une couleur sympa, je trouve ça tout aussi risible que de lire le sempiternel "convient à toutes les juments" des catalogues), les techniques qui permettent aux juments d'avoir des carrières sportives et reproductives plus prolifique, ou la dilution de la race, je ne le partage pas mais je le comprends.

Ma jument est SF avec des grands peres holsteiner et hannovriens, et des grands mères SF... avec déjà en réalité beaucoup de PS!! (en même temps pour un cheval de complet faut bien :p)

Édité par khymette le 06-03-2021 à 21h53



Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 21h53

cherchour
Oui, vous avez raison de le préciser. C'est systématique chez certaines races. D'ailleurs chez les Paints, les étalonniers transmettent aussi les tests effectués sur la robe de leur étalon. Ce qui permet à l'éleveur de choisir ses croisements de la façon la plus éclairée possible. Chez les étalons arabes, les tests SCID sont globalement toujours transmis aussi.
Les tests sont moins fréquents en classique bien que cela commence légèrement a évoluer. Apache a cependant sailli pendant des années alors qu'il était porteur syndrome du poulain fragile...
Pour être plus prudent, il faudrait aussi faire tester les poulinières.

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 21h57



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L'élevage de sport est-il en danger ?
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