L'élevage de sport est-il en danger ?

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Lunaloveisgood

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 18h47

Attention pavé !

Derrière ce titre volontairement polémique, j'aimerais discuter aujourd'hui d'un sujet un peu sensible mis en lumière dans le dernier dossier "élevage" de l'Eperon (n°388).
Je l'ai, en effet, trouvé extrêmement pertinent et, c'est d'ailleurs la première fois, que je vois retranscrit mes craintes noir sur blanc dans un magazine spécialisé avec une telle audience.

Je vous recopie ici l'introduction, un extrait et la conclusion du journaliste. Je pourrais, éventuellement, transmettre l'article complet (avec tous les chiffres de l'enquête) en mp à ceux que cela pourrait intéresser afin que l'on puisse tous débattre du sujet en partant des mêmes bases.

Introduction :
" Peut-être est-ce un sujet tabou qu'il est difficile d'aborder. Il y a une sorte d'omerta internationale sur le nombre élevé de saillies effectuées par certains étalons depuis des décennies. Personne ne communique sur le sujet. Ni les principaux étalonniers européens, ni les stud-books, ni la Work breeding federation of sport horses (WBFSH) ne semblent vouloir partager cette information. Il serait pourtant assez simple, et très instructif, de publier officiellement le nombre de juments saillies par chaque étalon dans le monde, chaque année. La WBFSH devrait s'en charger. Mais il semble que tout un système serait remis en cause si l'ensemble des éleveurs européens se rendait compte que seuls les étalons qui saillissent énormément dès leurs débuts peuvent un jour figurer dans le haut des classement mondiaux. Pour illustrer cette enquête, nous prendrons quelques exemples significatifs d'étalons âgés ayant un succès au niveau européen.

L'étalonnage est devenu un marché très concurrentiel au niveau international et il est difficile de s'y faire une place si l'on n'a pas l'entregent pour collaborer avec les plus importants étalonniers européens, ou si l'on n'a pas les moyens financiers d'acheter des étalons performers de haut niveau ou d'anciennes vedettes. Depuis que le studbook Selle Français est "ouvert" et que la plupart des étalons vedettes en Europe sont accessibles aux éleveurs français, l'offre est plus vaste, plus internationale qu'autrefois. En est-elle meilleure pour autant ?"

Extrait :
" Outre le fait que ce système de saillie à outrance amène beaucoup trop de produits d'un même étalon sur le marché, il y a aussi un problème, plus grave et à plus long terme, qui se pose sur le plan de sélection du cheval de sport : la diminution du cheptel d'étalons utilisés et réellement testés sur descendance par rapport à la multitude d'étalons approuvés dans le monde et, donc, la réduction de la diversité génétique. C'est sans doute le problème le plus préoccupant. Car, non seulement les étalons à la mode produisent beaucoup plus de fils étalons à leur tour à la mode, mais ils produisent également énormément de filles qui deviennent poulinières et laissent également leur empreinte génétique.
Hélas, quand les éleveurs et les instances qui sont censés les gouverner - les stud-books et la WBFSH- en prendront réellement conscience, il sera trop tard. On ne pourra plus revenir en arrière une fois que la diversité génétique aura disparu ou sera réduite à quelques courants de sang d'étalons à la mode, eux-mêmes issus de lignées identiques. Une peau de chagrin. "

Conclusion :
"Autrefois les stud-books européens faisaient appel aux étalons Pur-sang ou Anglo-Arabe - voire Trakehner en Allemagne - pour apporter, entre autres, de la diversité génétique. Cette époque est révolue et l'utilisation de ces étalons est devenue anecdotique car il n'y a plus de reproducteurs de ces races ayant les performances sportives à haut niveau, critères que tout le monde recherche de nos jours.
On s'aperçoit que les grandes lignées mâles provenaient des meilleures étalons de croisement, notamment Pur-sang tels Orange Peel, Furioso, Rantzau, Ultimate, Ladykiller, dont descendent la plupart des meilleurs étalons actuels.
Mais cet apport de "sang" et de gènes nouveaux n'existant plus en Europe, le travail de sélection se fait sur un pool restreint à moins de dix lignées mâles en Europe. Plus les étalons aux origines à la mode vont saillir, moins nous aurons de chance de voir émerger un nouvel étalon avec un pédigrée relativement en "outcross".
B.L.C, L'éperon, n°388.


Pour préfacer mon propos, je tiens à préciser une petit peu mon parcours. Je suis une cavalière amatrice au statut de particulier qui se passionne pour l'élevage (sans jamais avoir fait reproduire pour le moment).
J'ai été frappée, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, par la multitude des étalons proposés à la saillie et j'ai, comme beaucoup, été séduite par des étalons vus à l'époque uniquement via les GP du dimanche sur Equidia et les catalogues extrêmement soignés des étalonniers/marketteurs.
Je ne fais, depuis, que repousser mon projet de saillie par crainte de ne jamais en savoir assez, et, comme la généalogie reste un domaine qui m'apparaît éternellement vaste, je reste pour le moment dans un doute perpétuel, dans une quête inépuisable de l'étalon idéal pour ma jument. M'enfin ça c'est une autre histoire...
Je suis aussi un fervent défenseur du selle francais originel et du stud-book CSAN, donc, clairement absolument pas objective sur le sujet.

Voila mes questions aux éleveurs ou cavaliers passionnés. Je les ai orientées vers le Selle français car c'est la race que je connais le mieux et qui m'intéresse le plus mais tout le monde peut participer, bien entendu, pas de discrimination !

1) Partagez-vous les impressions du journaliste sur le rétrécissement du pool génétique et le monopole de quelques grosses structures d'étalonnage qui biaissent les chiffres et les classement de reproducteurs ?

2) Si oui, pensez-vous qu'un retour aux quotas de saillies soit une solution possible ou totalement utopique au vu de l'hégémonie du secteur privé dans le domaine et du désengagement du secteur public ?

3) Craignez-vous, dans un avenir plus ou moins proche, l'avènement d'un stud-book européen au détriment des spécificités nationales ou l'appelez-vous de vos voeux les plus chers ?

4) Trouvez-vous cet article trop alarmiste ou avez-vous déjà, parfois, des difficultés à préparer vos croisements sans constamment retrouver les mêmes chefs de race dans les papiers et donc de la consanguinité (hors démarches volontaires de linebreeding/inbreeding ) ?

5) Bien que le problème de la consanguinité et de la suprématie de certains étalons ne date pas de l'ouverture du stud-book SF, trouvez-vous que le problème s'aggrave aujourd'hui avec la disparition de précieuses lignées dites "outcross" et la sur-spécialisation des races constitutives du selle français dans leur propre domaine d'expertise (trotteur en course, anglo en complet, arabe en show/endurance etc.) ?

6) Enfin, si vous trouvez que le système actuel est problématique. Avez-vous des solutions/hypothèses à partager ici pour sortir d'une possible crise future due à un appauvrissement du patrimoine génétique ?


Personnellement, je suis très pessimiste. Les éleveurs suivent le marché car ils souhaitent pour la plupart - et c'est bien normal - vendre au sevrage pour rentrer dans leur frais et faire une plus-value nécessaire à toute entreprise pérenne.
Dès lors, il faut un papier alléchant avec, non seulement, une ligne maternelle apropriée mais aussi un étalon commercial.
Or, les étalons performant, comme leurs noms l'indiquent, sont "fabriqués" dans le but de briller en compétition à haut niveau et ne représentent pas les besoins de 90% des acheteurs qui, eux, sont amateurs.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que la plupart des cavaliers de sport amateurs cherchent un cheval polyvalent au caractère stable. Un cheval qui pardonne/tire-cul pour se faire plaisir le dimanche en concours. Ces cavaliers n'ont pas forcément la patience ou les compétences pour former des jeunes chevaux - je dis cela sans aucune malice et m'inclus dans le lot - . Or, un élevage qui proposerait des chevaux comme cela, bien nés et valorisés jusqu'à leurs 6 ans, ne rentreraient jamais dans ses frais car les prix du marché sont totalement tronqués.
D'ailleurs, dans le même numéro de l'Eperon, Serge Lecomte (candidat à sa réélection à la présidence de la FFE pour un sixième mandat) indique vouloir : " accroître le nombre de cavaliers. Plus on est nombreux, plus l'équitation est forte et reconnue, mieux les professionnels en vivent, plus on peut développer les activités. En transformant des piétons en cavaliers on crée des besoins en chevaux, en matériel et en équipement. Mon objectif sera d'atteindre un million de licenciés".
Je ne suis pas d'accord avec son postulat qui me semble manichéen à souhait. Bref, on en revient toujours au sujet de la démocratisation de l'équitation...

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 23h35

Lyzdekiel

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Posté le 10/03/2021 à 23h47

Il n'était pas stérile mais peu fertile, s'il était stérile il n'aurait pas reproduit du tout, et s'il suffisait de mettre deux bons parents pour avoir le cheval légendaire, ça ferait un moment qu'il n'y aurait plus autant de reformés.

Pcql

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Posté le 11/03/2021 à 00h07

lyzdekiel une trentaine de poulains avec suivi vétérinaire ++, en saillissant plusieurs centaines de juments par an pendant des années, mouais.
Mettons-nous d'accord sur "quasi-stérile" ;)
En tous cas, clairement pas assez de descendants pour marquer le trot, ni même pour qu'on puisse le juger comme étalon.

Cherchour

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L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 11/03/2021 à 07h00

J’ai vu passer cet article « intéressant », il s’agit de proposer des restants de stocks de semences de vieux étalons à certains éleveurs. Je ne connais pas assez la race pour savoir si ces lignées sont courantes ou pas chez le hanovrien.

Je suis sur le téléphone donc je ne sais pas si le lien marchera

https://eurodressage.com/2021/03/10/hanoverian-society-launches-experiment-breed-great-sires-past?fbclid=IwAR27Q-udn4oyK88JzNVYlPU8Or-tkquPITK5d3OnUIkesBZE_m_jkqF5m-s

Anso.s

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Posté le 11/03/2021 à 08h37

cherchour
J'ai l'impression que pour la plupart c'est déjà des plus ou moins chefs de race qu'on reproprose pour voir comment ils croiseraient aujourd'hui mais il faudrait quelqu'un spécialiste de la race pour le dire ?
En tout cas c'est intéressant!

Si je me rappelle bien, Watzmann a produit notamment Wanda jument qui a performé sur les compétitions et qui a été mise à la reproduction. Elle a notamment donné Away Semilly (SF) en étalon. Du coup, Je ne pense pas que sa lignée soit perdue.

Édité par anso.s le 11-03-2021 à 08h43



Pcql

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Posté le 11/03/2021 à 10h30

L'IA congelée étant une technique assez récente, et assez coûteuse encore aujourd'hui (et donc coûteuse +++ il y a 20 ans), je doute qu'on l'ai utilisée à l'époque pour des seconds couteaux ;)
Et la conservation des doses coûtant cher, chaque année, je doute qu'on ait gardé longtemps des doses d'étalons "sans intérêt sportif/commercial" juste pour le fun ;)
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