J'arrive un peu après la bataille, mais je vais mettre ma petite contribution. J'ai grandi en région parisienne (Yvelines en terminus de RER), mais ça m'horripile d'être traitée de parisienne
parce que pour les habitants hors Paris/région parisienne, c'est très souvent péjoratif : on est désagréable, mal aimable, irrespectueux... Tout le cliché du "parisien" quoi. Sauf que parisien, techniquement, c'est celui qui habite à Paris, pas celui qui habite sa région, donc le raccourci "tu viens de région parisienne = tu es parisienne" c'est rarement utilisé en bien. Mais attention, j'ai le même avis pour l'utilisation du mot province !
Pour ce qui est de "quitter la RP" : je l'ai fait à 17 ans pour partir étudier en périphérie de Rouen, et il était clairement plus que temps. Je déteste Paris et sa région, trop de monde pour moi
bon au final Rouen c'était pas beaucoup mieux, y a encore du monde et des bouchons partout
je suis aujourd'hui sur une petite île dans le Pacifique, bah je retrouve tout ce pour quoi je ne veux jamais retourner en RP
plein de monde, bouchons tout le temps... Ma prochaine destination aura intérêt à être un trou perdu parce que moi j'en peux plus des gens
Pour le côté logistique : ben les lieux de départ/arrivée ne changent absolument rien
tu mets toute ta vie dans un camion, zou sur la route, et tu balances tout dans la nouvelle maison en arrivant. Je l'ai fait pour aller à Rouen, un aller-retour Rouen-Yvelines quand j'ai pris une année de césure, retour dans les Yvelines à la fin de mes études, et il y a 6 mois j'ai du me débrouiller pour caser toute ma vie dans 3 valises. A côté de ça, un déménagement en métropole, c'est rien, vraiment ! Même un déménagement dans un pays européen proche d'ailleurs, je doute que ce soit bien compliqué au final. Le plus dur est de "tout quitter" et "tout recommencer", mais ça, encore une fois, ça ne dépend pas du tout de la destination de départ ou de celle d'arrivée. Si on part, c'est en général pour une bonne raison (on n'aime pas son lieux de vie actuel/on préfère celui de destination), et on a un minimum étudié la chose (qualité de vie sur place, logements, travail...). Le reste, c'est de l'administratif et de l'emballage de cartons. Et puis au pire, si on voit que vraiment ça ne nous plait pas, bah c'est pas grave ! Tant qu'on n'a pas acheté de logement sur place, on n'est pas bloqué. On réfléchit à où on voudrait aller à la place, on cherche boulot/logement là bas, on donne ses préavis sur le lieu actuel, on remballe tout et zou !
Les principales problématiques (désert médical, éloignement de tout etc) ont été évoquées par d'autres mais ça reste de toute façon très connu et très logique, on est censé le savoir avant de partir. C'est une vie qui convient ou non
mes grands parents vivent dans une grande grande maison avec grand terrain dans l'Orne, même pour sortir les poubelles il faut y aller en voiture. Ils ont pris 80 ans cette année, ça devient difficile mais ils s'adaptent (emploi d'un jardinier notamment pour ne plus avoir à tout faire eux mêmes). Mais ils ont une qualité de vie qu'ils n'auraient pas dans un appartement en ville. Ils viennent de temps en temps en région parisienne chez mes parents, c'est leur "airbnb parisien"
ils aiment bien, mais ne voudraient pas habiter là en permanence (ils ont vécu en banlieue parisienne une bonne partie de leur vie, et ont acheté cette maison à leur retraite). Franchement si je pouvais vivre dans ce genre d'endroit plus tard je serais refaite
j'ai voyagé en Nouvelle-Zélande, j'ai habité un mois dans une maison au milieu de nul part, mais genre vraiment : pas de réseau téléphonique (on trouvait quelques zones de couverture à 10/15 minutes de route), pas de wifi dans la maison, une seule route qu'il fallait prendre 3 heures dans un sens ou dans l'autre pour accéder à une autre route
je faisais 130km aller-retour pour aller faire mes courses dans une mini épicerie avec 2 rayons (vaut mieux pas oublier le beurre, et on apprend vite à se passer de tel paquet de gâteaux ou tel dessert ahah), aller au pub ou avoir accès à une station service (ça demandait une certaine gymnastique quand on faisait une soirée chez des collègues, "alors attends j'en ai pour 40km aller-retour pour aller chez eux, ensuite il me faudra 65km pour mon plein, est-ce que je peux me permettre d'y aller sans tomber en panne d'essence ?"), c'était 3 heures de route pour la ville la plus proche avec un minimum de commodités (supermarché, magasin de bricolage...). Les médecins, vaut mieux pas y penser : de mémoire, il y avait une permanence médicale dans le petit village à 65km, sinon c'était la grande ville à 3h de route. Par contre, il n'y avait personne, les bouchons c'était moi qui les causait avec mon van de 25 ans dans les montées
on avait la mer et la montagne juste à côté, si ce n'était pas une région avec un temps de merde digne de la normandie j'aurais pu me lever tous les matins avec vue sur les glaciers... Et gros bonus, pas d'insécurité. Je vivais dans une maison réservée au staff du café où je bossais, quand j'ai demandé où étaient les clés de la maison on m'a répondu qu'il n'y en avait pas
la maison était donc grande ouverte toute la journée, nos voitures la nuit idem. Après 3 ans à Rouen où je n'osais pas sortir seule la nuit, ça change vraiment la vie. Et enfin, on a l'impression de s'enrichir comme jamais
pour le logement partagé, je payais 50€ par semaine. Payée au smic, je ne dépensais que l'essence pour mon aller-retour hebdomadaire faire les courses (j'aurais pu faire bien moins, mais ça me permettait de bouger un peu), pas de restaurants, achats compulsifs ou je ne sais quoi, que d'économies ! Je ne pense pas que c'est une vie que j'aurais pu tenir longtemps, pour quelques mois c'était fun, plus j'aurais commencé à ressentir l'isolement : impossible de partir en week end quelque part, pas de clubs de sport, galère sans nom pour voir des médecins spécialistes... Mais c'était quand même extrême, en France (métropolitaine du moins) on ne trouve pas ce genre de choses. La même vie en divisant les distances par 2 ou 3, et avec des centres équestres/pension, ce serait parfait
bon évidemment le problème serait de trouver du boulot, mais ça normalement c'est une problématique qu'on règle avant de bouger...