"Il n'y a que deux voies neurophysiologiques pour faire disparaître les réactions de défenses du jeune cheval lorsqu'on veut l'obliger à se soumettre à nos manipulations et à la monte.
L'une est l'HABITUATION ou inhibition afférente, qui atténue suffisamment la sensation pour que la réaction n'apparaisse pas. Elle nécessite de nombreuses répétitions, juste en dessous du seuil de déclenchement de la réaction. Ce seuil s'élève alors progressivement, d'abord sous l'effet d'une diminution de l'activité neurochimique des synapses, puis sous l'effet d'une raréfaction des contacts synaptiques. Ce processus physiologique ne peut pas être rapide et demande au minimum un travail répété de 15 jours à trois semaines. Tout débourrage d'une durée inférieure ne peut donc faire appel à ce procédé qui est certainement le moins générateur de stress et qui permet au cheval de vous considérer comme un partenaire social.
Toute méthode "rapide" est basée sur une suppression de la réaction de défense, ou inhibition efférente, qui fait appel à un blocage des voies motrices par le système du neurotransmetteur GABA, lorsque la réaction, ou même seulement l'intention de réaction sont associées instantanément à quelque chose qui entrave cette réaction ou la rend désagréable. Tout débourrage effectué en quelques heures ou quelques jours fait nécessairement appel à ce mécanisme qui a l'avantage d'être rapidement efficace.
L'inconvénient de ces méthodes est qu'elles sont très anxiogènes. Le cheval parcourt ses fonctions comportementales pour trouver le moyen de se tirer d'affaire : il sort du champ détendu, passe rapidement la récupération et la subsistance, cherche à retourner vers ses congénères pour utiliser le relationnel, monte finalement en sauvegarde, la fonction la plus tendue. Comme rien ne lui permet d'échapper, il arrive dans les zones pathogènes de l'inhibition de l'action. Il s'abandonne alors à n'importe quelle manipulation comme un animal séparé du troupeau et cerné par des prédateurs abandonne la lutte et se laisse dévorer sans résister. Sous une apparence non violente, ces méthodes de débourrage rapide sont toujours génératrices d'une forte violence intérieure.
Enfin, contrairement à l'habituation, les débourrages par inhibition efférente sont des apprentissages conditionnés. Or, tout apprentissage, sous l'effet d'un stress, d'une émotion, peut brusquement être oublié (tous ceux qui ont passé des examens le savent…). Il arrivera donc fatalement un moment, totalement imprévisible, où les réactions de défenses réapparaîtront dans toute leur intensité, avant de retomber sous la coupe des mécanismes d'inhibition.
Il faut donc choisir une des deux catégories de débourrage, en sachant bien quels sont les avantages et les inconvénients de chacune, sans se laisser berner par les affirmations fallacieuses de professionnels ayant par ailleurs un savoir faire incontestable qu'ils vendent en l'habillant d'un discours attractif mais dépourvu de réalité scientifique."
encore mieux !
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