aliwia a écrit le 01/10/2015 à 10h31:
Adopter ce mode de vie est tout à ton honneur, même si je ne suis pas d’accord sur tout. Je connais quelques chevaux à la retraite qui vivent très mal le fait de ne plus être monté.
De même la nature est bien faite : une poule qui abandonne son œuf est une poule qui sait qu’il n’est pas viable, que quelque chose ne vas pas. Après ou le proprio laisse pourrir tous les œufs sur place (mouaif…) ou il les ramasse. Et une fois les œufs ramassés, ma foi, mangés ou pas, la poule ne fait pas la différence.
Sinon, connaissant peu les végans, je voudrais connaître ta position sur les chiens d’aveugle.
Le véganisme permet d'aller plus loin et justement de se demander quel est notre impact sur les animaux et d'essayer de percevoir sa mesure. Les questions, en tant que véganne, qui me viennent quand on me dit cette fameuse phrase "Je connais quelques chevaux à la retraite qui vivent très mal le fait de ne plus être monté.", pourquoi le vivent-ils mal ? qu'est ce qui fait que leur environnement ne leur permet pas d'être heureux ? qu'est ce qui fait que la relation avec leurs humains ne leur permet pas d'être heureux ?
Un cheval n'a pas envie d'être monté... clairement ce n'est pas une demande de leur part et combien de fois, on le sait tous, on a plus fait chié les chevaux qu'autre chose... Par contre, ils ont un besoin vital: le comportement déambulatoire. C'est un besoin très très peu pris en compte par les humains pour adapter l'environnement domestique aux chevaux. Jamais on se dit que son cheval a satisfait ce besoin et pourtant c'est vital pour eux: pour leur homéostasie, pour leur nourriture (plus il marche, plus il trouve de diversité), pour leur environnement social (cela permet les rencontres, les changements les relations)...etc.
Ce comportement déambulatoire est à l'origine d'énormément d'autres besoins vitaux et les permet. C'est un nomade.... qu'on a sédentarisé.
Et que nous lui proposons nous en face ? d'être monté, donc de bouger, de marcher, de courir qui immanquablement va permettre de satisfaire ce besoin de déambulation.
Nous savons tous qu'une interaction inter-espèce a des coûts et des avantages. Ici, le coût est d'être monté donc de perdre une liberté d'expression, un impact physique non négligeable (c'est marrant aucun cavalier ne m'a demandé mes références d'études scientifiques qui prouvent l'impact de notre monte, de notre masse sur l'organisme du cheval.....) et certainement d'autre chose qu'on a pas cerné ou prise la mesure. Et l'avantage sera la satisfaction de ce besoin de déambulation.
On peut le regarder d'un point de vue éthologique et en rester là.... Mais personnellement, ça ne me va pas que "mes" chevaux subissent un coût engendré par la relation que je peux éviter en faisant un travail sur moi car ma principale responsabilité auprès d'eux et de faire leur bonheur, pas d'accepter un deal entre nous 2 pour que chacun ait sa dose de plaisir.
Je ne suis pas là pour l'utiliser même si ça le satisfait en partie (et si ce n'est pas le cas, ça débouche sur des problèmes de comportements), je suis là pour assurer que ces droits soient respectés, pour que sa vie qu'on a autant malmené autant dans sa généalogie (par une sélection non naturelle) que dans sa vie sur terre soit un temps soit peu respectée.
Nous avons tous vécu des situations où nous avons ce deal là auquel il fallait faire face et assumer, comme un sentiment d'être contraint et de pas avoir le choix, mais de devoir le faire pour obtenir ce que l'on veut et surtout pour être plus heureux.
Ce n'est pas une situation que j'aime vivre et que je veux réitérer et dans l'hypothèse que je fasse subir ce genre de situations à mes chevaux alors que ce n'est pas vital pour moi, alors je fais le choix, ce choix d'arrêter de monter sur leur dos tout simplement car MOI j'ai plus d'inconvénients à le faire que d'avantages.
Concernant la zoothérapie (chiens d'aveugle compris), c'est le même débat.... qu'avons nous envie de faire ? Mettre en avant les intérêts, les droits, les désirs... et j'en passe de l'animal... ou alors mettre en avant le bien thérapeutique que l'animal fait à l'humain et satisfaire les droits de l'humain pour jouir de l'autre et s'en servir comme support, comme outil, comme béquille pour supporter son propre handicap....
Je précise justement que j'ai fais des études dans ce domaine et que j'ai été faire des études sur le terrain pour bien comprendre ce qui se joue psychologiquement, éthologiquement dans ce domaine... et ce n'est vraiment pas simple, notamment en terme de souffrances animales !
seranne a écrit le 01/10/2015 à 12h00:
et d'un point de vue vegan pas abolitionniste ?
C'est un végétalien dans ce cas... A la limite du welfarisme peut être....
Tout comme un végan facho... c'est un végétalien point barre. On ne peut pas être végan et facho, c'est anti-nomique et contradictoire, pourtant certains s'en réclament. D'où pour moi l'importance ici ou ailleurs de poser le cadre de la définition pour qu'on en est tous une représentation qui va dans un sens qui ne dessert pas les animaux (c'est surtout ça l'important).
Le mot végan a été inventé justement pour différencier végétalien et végan. Un végan, c'est quelqu'un qui est végétalien pour les droits des animaux et cette définition comprend une part (plus ou moins grande en fonction des gens mais obligatoirement présente) de militantisme et d'une philosophie de vie globale.
Alors bien sûr, il n'existe pas de végans parfaits qui peuvent suivre complètement l'idéologie tout simplement car nous sommes dans un monde qui, majoritairement, va à contre sens de cette dernière....
L'important est de continuer à se poser des questions qui grâce à elles nous permettent en permanence de nous remettre en question et qui font découler des prises de position, des actions.
L'objectif principal du véganisme est d'être engagé tous les jours en faveur des animaux, d'abord par le simple fait de se nourrir et ensuite car on se permet de se demander qu'est ce qu'on peut faire en faveur des animaux dans notre quotidien chaque jour, à notre échelle. ça pour moi ça a du sens dans une société où justement il y en a plus.
Changer son quotidien, c'est aussi réfléchir au sens de la vie (et surtout de la sienne propre), à la violence et comment faire pour la diminuer voire la dégager de nos vies, à ce qu'on fait pour ces pairs (les autres humains pour nous notamment) au quotidien, à l'impact qu'on a sur la planète....etc.
C'est une vision globale, humaniste qui a le désire de tendre vers une prise en compte de toutes les causes qui participent à une prise en compte, un respect et une prise de position en faveur de la vie, de la non-violence.
seranne a écrit le 01/10/2015 à 15h04:
Dans la nature, les chiens n'existent pas, les poules n'existent pas, les chevaux tels que nous les connaissont n'existe pas.
Ce sont des espèces qui ont été modifiés par sélection humaine pour en arriver au résultat d'aujourd'hui.
Dans la nature les oiseaux ne pondent pas toute l'année comme les poules sélectionnées depuis des générations pour ça. Les femelles ne pondent qu'en période de ponte, après une fécondation par un mâle et du coup les oeufs demandent forcément soin et attention jusqu'à l'éclosion des petits.
La poule domestique est issu d'un oiseau asiatique (plus le long en tête là) qui vit en petit groupe avec 1 mâle pour 6 poules environ. Et il n'y a surement comme pour tous les oiseaux sauvages, que des pontes avec fécondations.
Donc quand quelqu'un a des poules sauvées de l'abattoir (elle ne les a pas prise pour avoir des oeufs mais c'est quelqu'un qui la connaissait qui savait qu'elle avait la place pour en sauver quelques unes de plus qui lui a proposé), qu'il leur a fait un abris pour qu'elles dorment en sécurité et que cet abris est plein d'oeuf et qu'elles n'ont plus la place de dormir on fait quoi ?
On compare souvent les oeufs des poules avec les règles, un oeuf non fécondé n'est pas plus intéressant pour une poule que nos règles... Par contre tous les oiseaux vont être extrémement vigilant à leurs oeufs quand ils savent qu'ils sont fécondés et une poule qui vit avec un coq ne va pas du tout se comporter de la même façon avec ses oeufs qu'une poule qui ne vit pas avec un coq.
Le problème pour moi, c'est que ça relance l'exploitation, même à faible échelle.
Les poules sont sauvées mais ont-elles été achetées ? donc l'éleveur a t'il reçu de l'argent ?
Ensuite, je connais plusieurs personnes qui ont sauvés beaucoup de poules, ils ont beaucoup d'oeufs, en donnent aux voisins...etc. Et voilà, c'est reparti pour un tour où l'animal est considéré comme un objet, comme source de biens consommatoires. Nous avons donc une attente envers l'animal car il doit donner quelque chose. Même si on résume la chose par cette simple phrase "oui mais bon elle le laisse pourrir autrement alors autant en profiter".
Moi je me demande pourquoi en profiter justement ? nous n'en avons pas besoin, nous n'avons pas besoin d'aller prélever ce bien à la poule (qu'importe comme elle le considère, c'est son droit qu'elle manifeste).
Pourquoi toujours penser qu'il faut profiter de ce que l'autre est et "donne" surtout quand on parle des animaux ?
c'est pareil pour le lait: "oui mais bon, on peut prendre un peu de lait, le veau il en a tellement".
C'est pareil pour la viande: "oui mais bon, ils sont déjà morts alors autant les manger".
C'est toujours le même schéma de penser: Profiter de l'autre et de ce qu'il est pour servir ces besoins. C'est un schéma tellement habituel dans nos esprits que ça ne choque personne, ce n'est pas remis en question et d'ailleurs, c'est difficile de venir regarder cette manière de penser d'une autre façon car nous le faisons avec tout: les autres êtres humains, les biens, la bouffe, les animaux, la terre, les arbres...etc.