Reflexions les plus "pourries" du monde du cheval

Je trouve le message de globs nuancé et constructif. J'entraîne aussi mes chevaux à obéir car il y a des cas de force majeure. C'est vrai que c'est parce que je suis sûre de pouvoir attraper ma jument facilement si nécessaire que je peux me permettre de la laisser s'éloigner quand elle n'a pas envie de venir vers moi.
Mais j'ai l'impression que l'enseignement majoritaire de l'équitation sous-estime la difficulté de ce qu'on demande aux chevaux et considère qu'ils doivent avant tout se plier à nos désirs. Bien sûr, nous sommes aussi soumis à des contraintes de boulot, mais nous comprenons la finalité du travail. Le cheval n'a aucune idée du concept "travail", si nous ne l'avions pas domestiqué et privé de son environnement naturel, il n'aurait pas besoin de nous.

indji
"C'est vrai que c'est parce que je suis sûre de pouvoir attraper ma jument facilement si nécessaire que je peux me permettre de la laisser s'éloigner quand elle n'a pas envie de venir vers moi. "

Je me demande si c'est pas l'inverse. C'est une question ouverte hein, j'ai pas LA réponse, mais on entend souvent les entraîneurs R+ dire que les chevaux qui "transitionnent" commencent par dire non à tout, avant de commencer à dire oui.

Mon cheval a toujours été facile à attraper... Mais j'ai jamais été le chercher en fait. L'hiver dernier il a plus ou moins vécu au box h24 et quand il est passé au pré en troupeau tout le monde m'a dit "Tu vas voir, tu vas courir dans les 6 hectares pour le récupérer maintenant ahahaha !". Mais non. J'attends toujours à la porte du pré (ou à portée de voix quand le pré est vraiment grand) qu'il me rejoigne. Ça étonne les gens parce que parfois il fait la sieste quand j'arrive et j'attends simplement.

C'est arrivé quelques fois qu'il ne vienne pas, alors je m'approche, je checke qu'il n'est pas blessé ou quoi, puis j'me casse. À chaque fois il m'a suivi en mode "hein quoi mais on fait rien alors attends attends je viens !!!"

Je me demande en toute honnêteté si c'est pas précisément parce qu'il peut s'éloigner que je n'ai jamais besoin de faire plus de 3m dans le pré pour qu'il vienne mettre sa tête dans le licol.

uneraell

C'est exactement ça ! Depuis que la ponette d'une amie n'est plus forcée à être attrapée, montée, travaillée... Bah elle est passée de "je fuis une fois sur deux mon humaine et ne me laisse attraper par aucun autre humain sur cette Terre" à "bon ok humaine n°1 tu peux m'attraper et si je fais confiance, quelques autres aussi". Y'a quelques fois où ça foire mais c'est anecdotique (et encore j'crois que je l'ai jamais vu fuir son humaine en un an, moi quelques fois) alors qu'elle est passé d'un mini paddock dégueulasse boueux horrible sans foin à 5 hectares avec foin à volonté. Elle aurait de quoi dire qu'elle préfère ne pas venir.
C'est d'ailleurs justement parce que j'ai jamais jamais forcé avec elle que j'ai réussi à lui faire voir l'osteo et la dentiste alors que quelques mois avant elle ne m'approchait pas. Et c'est parce qu'elle ne travaille plus et n'est plus forcée de rien (sauf de respecter la longe et ne pas bousculer) qu'elle est aussi cool, sympa et à peu près obéissante.
Pour dire à quel point l'absence de contraintes facultatives (= celles qu'on n'est pas obligée d'imposer) l'a changé, hier, elle a fait 10km de balade avec une humaine qu'elle avait pas vu depuis deux mois mais qui avait pris le temps de l'amadouer cet été. C'était absolument inconcevable il y a un an.

uneraell Je voulais dire que j'étais sereine pour la laisser choisir, car je sais que en cas de besoin, (véto ou autre impératif), je pourrais toujours l'attraper. Je n'ai jamais eu de chevaux qui se sauvent vraiment, jamais de mal à les attraper, donc je ne juge pas de la stratégie à employer pour gérer ce problème. C'est juste qu'avant, je faisais moins attention quand ils me disaient: "je ne préfèrerais pas, mais bon, si tu veux vraiment, ok..."

Edit: en y repensant, j'ai accueilli le cheval d'une amie il y a 5 ans. Elle m'avait dit de ne pas le mettre au pré, car inattrapable. J'ai convenu avec elle que j'essaierais quand même. Au tout début, il fallait rentrer tout mon petit troupeau à l'écurie pour qu'il suive (on ne l'a jamais coursé dans le pré) et en quelques semaines, c'était réglé, il venait comme les autres à la porte du pré quand on les appelait. Faut dire aussi qu'il y a quasiment toujours un bonbon quand ils viennent!

Tous les longs discours amènent à une réflexion: confiance! La base n'est finalement pas difficile


Si je devais demander à ma jument si elle est d'accord d'une activité, à tous les coups elle me répondrait NON quelles qu'elles soient

Après plus de 2 ans de vie à "deux" elle suit plus facilement (peu importe qui) et commence à vouloir élargir ses balades, genre "tiens au lieu de prendre ce chemin pour renter, pourquoi pas celui-ci pour continuer?"
Et surtout elle commence à se détendre et apprécier les sorties, alors que cette jument n'a pas de lourds passé.

Je n'ai rien appliqué de vos méthodes + - à la mode, j'ai appris de mon côté à m'adapter à son caractère

De là à dire que ces animaux n'ont pas choisi, nos chiens non plus n'ont pas choisi d'être promenés en laisse, être seuls des heures et pourtant on continue à avoir des chiens.

Et parfois je n'ai pas non plus envie de travailler et pourtant je n'ai pas le choix si je veux manger

Une mignonne: j'ai lâché dans le dernier parc (env. 2'000 m2) de la saison les belles, parc près d'un chemin pédestre.

Une dame m'exclame qu'il y a beaucoup à manger, me demande si les loulous vont rester jusqu'à l'hiver

uneraell : j’avoue que je n’ai pas transitionné comme tu dis avec mon cheval, même si j’ai laissé en chemin beaucoup de vieux dictats, notamment le « à la fin, il faut qu’il cède ». Je suis beaucoup plus sereine depuis que j’ai réalisé qu’une séance avortée valait mieux qu’une démonstration de mon incompétence
En revanche, je travaille les soins coopératifs avec mon chien. C’était ça ou le combat de catch rien pour lui doucher les pattes.
Finalement, d’avoir le droit de dire non, l’immense majorité du temps, il dit oui.

C'est en acceptant le refus qu'on transforme les règles du jeu ! On enlève tout stress d'une contrainte mentale / physique, le cheval n'a pas besoin de s'exprimer à grands mots ou de fuir. On devient moins une source d'inconfort, et d'autres possibilités s'ouvre au cheval. Il peut y trouver de l'intérêt (récompense alimentaire), de la curiosité... et nous, on a bien moins d'attente, donc encore une fois, une source de pression en moins. Si à ça on rajoute des motivations, on a un cheval qui souvent est super participatif.

Ce n'est pas une méthode à la mode marlin (si seulement lol), c'est surtout une manière de penser vis-à-vis du cheval, perso j'en vois vraiment pas beaucoup et c'est souvent mal considéré (comme chez les enfants, d'ailleurs !). J'étais déjà dans l'acceptation du refus même avant de découvrir le R+ car, honnêtement, au départ, je n'avais pas le choix, et c'est ainsi que notre relation s'est très vite transformée, et que petit poney avec vilain passif est devenu un petit poney qui s'amuse avec son humaine. Il est devenu plus sécuritaire, on est passés des attaques à "je m'éloigne, et je reviens tout content", c'est vraiment un fonctionnement chez le cheval qui est super intéressant à prendre en considération. Et c'était un cheval sur lequel y'a pas grand chose qui fonctionnait, à ce moment ça horrifiait tout le monde autour de moi que je lui cède à tout mais lui savait très bien ce dont il avait besoin.. je défends juste car je conçois que les trucs à la mode me font fuir, mais là ce n'est pas une méthode ou un truc à la mode, c'est un fonctionnement du cheval (et de l'humain) qu'on ne prend simplement pas en compte car on considère le cheval comme s'il nous devait obéissance/soumission à chaque instant.

Tekesuta: on en revient à la confiance et de laisser du temps

marlin j’aime beaucoup ta vision des choses.

Et comme toi, ma ponette si on lui avait demandé, elle aurait dit non.

On l’a écouté qu’à moitié. Maintenant elle nous suit beaucoup plus volontiers et plus je la travaille plus elle vient vers moi et m’appelle quand j’arrive.

On lui a fait découvrir des trucs, l’obstacle par exemple, ben elle se prend au jeu! Surtout quand il y a des spectateurs. Mais en dressage elle apprend très vite. Et l’autre jour t’est de longues rênes, vraiment très positif. Elle aime réfléchir et d’une séance à l’autre les progrès sont là.

Mais si à la base on l’avait laissé au pré, elle n’aurait pas expérimenté le reste. Et du coup n’aurait pas partagé des moments avec nous.

Par contre lorsqu’elle n’a plus voulu embarquer dans le van, ben on l’a écouté et on a fait en sorte de régler le problème et de modifier le van pour qu’elle y soit à nouveau confortable et en sécurité.

J’ai une jument PS, elle communique énormément, même trop car elle s’énerve vite lorsque l’humain ne comprend pas a la troisième demande. Je l’ai fait naître donc je la connais par cœur.
Par contre quelqu’un qui ne l’a connais pas ou qui n’a pas l’habitude d’avoir un cheval aussi communiquant, la situation peut en devenir dangereuse. Ma fille s’est fait pincer une fois en mettant la selle. La selle était mal posée. Elle n’avait pas encore mis la sangle…

Les chevaux sont comme nous , des individus différents qui réagissent différemment aux situations et ont des préférences et des attentes. Il faut juste trouver la bonne alchimie entre nous.

Vos expériences de "choix" sont Intéressantes
Je ne sais pas si j'irai jusque là. Par contre j'essaie d'aller une fois par semaine la voir sans la travailler.
Soit juste gratouilles et bonbons-cm. Soit en plus je lui passe le licol, mais l'enlève rapidement. Soit je la sors 2 min du pré et l'y remet aussitôt.
Ça va moins loin que votre démarche. Mais c'est pour lui montrer qu'humain n'est pas que travail

globs : un truc facile, ça peut être de la laisser choisir le chemin en balade (à pied ou monté). Toi, t’es là pour garantir la sécurité, mais elle choisit l’itinéraire. Je me mets volontairement un peu en retrait, au niveau du flanc.

J’avais eu la surprise de découvrir que mon cheval, gourmand et vite flippé, ne passait pas forcément sa balade à brouter, et qu’il partait parfois spontanément explorer des chemins inconnus.

Comme quoi

shiho je fais ça de temps en temps aussi ! Et j'ai la même expérience que toi, mon cheval mange beaucoup au début puis il se prend à l'exploration. Quand un truc fait trop peur, il checke avec moi genre "qu'est ce que tu en penses ? Je peux y aller ?" Puis il y va avec assurance. C'est hyper intéressant de voir jusqu'où il continue et à quel moment il en a assez et décide de rentrer à la maison.

shiho , je note. Je en suis pas là. Pas sortie encore en balade.
En longe je veux qu'elle reste derrière.
Par contre je vais j'espère apprendre bientôt les longues rênes, ça peut être une piste.
Je ne connais pas encore les chemins autour de la pension mais pas sûre que ce soit 100% possible. En tout cas pas sans inclure de demi tours

Pour moi c'est facile, je suis surtout associée au distributeur de mangaille je passe donc tous les jours un peu de temps à juste caresser, regarder, parler. Elles savent très bien faire la différence entre "je suis à votre service" ou le "tu es à mon service".

Je fais aussi les travaux, fumier lorsqu'elles sont au paddock, ainsi j'ai souvent des interactions de leur propre initiative. En contrepartie je suis leur bonne à-tout-faire et je n'ai souvent pas le temps de monter