Tout d'abord, avant de commencer, petite présentation pour ceux qui ne me connaissent pas, et petit point de détails.
Je monte à cheval depuis plus de 10 ans, mais de manière assez intensive (certaines années, jusqu'à 8h en moyenne par semaine avec des pointes à 12h dans une seule semaine). J'ai eu la chance de croiser un super prof (Lingot sur ce forum) qui m'a donné d'excellente bases et surtout l'envie de comprendre ce que je fais à cheval, de réfléchir et pas seulement d'appliquer bêtement ce qu'on me dit. Il m'a également ouvert l'esprit, et c'est lui qui m'a appris à aller voir un peu partout ce qui se fait.
Il est TRES important d'avoir une expérience riche et VARIEE à cheval. Parce que dans tous les cas il y a du bon à prendre chez TOUT le monde, ce n'est jamais tout blanc ou tout noir, seulement des nuances de gris. Il FAUT aller voir ailleurs, prendre ce qui NOUS intéresse et laisser le reste. L'équitation c'est personnel et il y en a autant que de cavalier. Prenons le haut niveau en CSO par exemple : autant de styles différents que l'école Beerbaum d'un côté, l'école hollandaise de l'autre, Bosty ou Kurten dans leur manière chacune un peu attypique, et chacune a ses résultats et est efficace. Est-ce que l'une est foncièrement "meilleure" que l'autre ? Je ne penses pas. Elles sont juste différentes et personnelles aux cavaliers qui les pratiquent.
Par exemple, pour ma part, je suis très empreint d'équitation d'Orgeix. Ca ne m'empêche pas d'avoir énormément lu, d'avoir retenu des choses chez Oliveira (un peu), chez Baucher (un peu plus), chez des bauchéristes contemporain (Karl) ou non (F.de Kerbrecht), [beaucoup de bauchérisme], chez l'Hotte qui est une référence d'académisme pour moi, chez Decarpentry, et d'aller prendre des cours chez Mistic54 une fois de temps en temps !
L'équitation c'est personnel, il faut savoir faire son propre melting pot.
Bien, la partie technique maintenant.
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Je travaille actuellement un cheval allemand de 1m80 doué pour le dressage. Etant pincipalement une cavalière de CSO, mais n'oubliant pas que le travail sur le plat est la clé de tout, je m'y suis mise plus sérieusement depuis que je le monte. |
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Très bonne idée. C'est important de dresser. Très important (et c'est un cavalier de CSO pure souche qui te le dis ^^)
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Avant moi, il était monté par une femme qui travaillait énormément dans les mains et très peu dans les jambes, ce qui fait que j'ai récupéré un cheval placé mais complètement coincé au niveau de l'encolure et ayant perdu l'habitude de mobiliser ses hanches. |
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Probablement beaucoup dans les mains et beaucoup trop "dur" dans les mains. Manque de légèreté.
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J'ai donc pris des cours avec une première monitrice qui m'a demandé de lui laisser baisser et étendre la tête le plus possible avec un pas très lent pour améliorer son amplitude (il faisait des pas très courts et très rapides) et faire travailler son dos complètement démusclé. |
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Ce qui n'est pas une mauvaise idée. C'est un peu comme nous : quand les muscles sont contractés/figés dans une position qui n'est pas la plus adéquate, il est important de chercher à les étirer, à les délier avec de commencer à les remettre correctement. L'extension d'encolure est une attitude intéressante qui permer de travailler certaines choses (SI elle est bien faite, à savoir, comme l'a bien précisée visiblement cette monitrice, dans une allure cadencée et lente, SANS laisser le cheval TROP surcharger l'avant-main, même s'il le fera forcément un peu, encolure basse oblige, et surtout SANS lui donner l'appui de la main, sinon on laisse le garrot redescendre et c'est pas bon).
maintenant, cette attitude n'est qu'une attitude parmis d'autres, elle ne se suffit pas à elle même, elle ne permet pas de vraiment muscler, elle ne permet pas de travailler concrètement le relevé des allures, la remontée du garrot, la musculature des abdos, de l'arrière main, de l'encore, des épaules. En bref, c'est un outils parmis BEAUCOUP d'autres dans la boite.
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La propriétaire du cheval m'a alors offert deux cours avec sa propre monitrice : Evelyn Labrie pour ceux qui connaissent. Cette femme est une championne de dressage et a travaillé quelques années avec Bartabas. "Main sans jambe et jambe sans main", c'est la philosophie qu'elle prône. |
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Coucou Baucher ! C'est effectivement quelque chose que je dis beaucoup aussi.
Mais attention, le "mains sans jambes, jambes sans mains" à la Baucher, ça veut dire quelque chose de BIEN spécifique, et il faut le coupler à d'autres choses qu'à dit mister frédéric.
le "MSJ, JSM" (oui je suis une feignasse) ça veut dire qu'à un micro-instant, on n'agit pas avec les deux SIMULTANEMENT. MAIS, ça ne veut pas dire qu'on agit uniquement avec l'un pendant 5 minutes, puis uniquement avec l'autre les 5 minutes d'après. La philosophie, c'est qu'à la micro-seconde, on agisse que avec l'un, mais sur une action TRES BREVE, et elle peut IMMEDIATEMENT, la MICRO SECONDE D'APRES, être suivie d'une action d'une autre aide.
Je vais prendre l'exemple du travail de compactage du galop. On agit pas que avec les mains sur 20m, puis que avec les jambes ensuite, ça ressemble à rien ça. A chaque foulée ça va faire 1 action de main, les mains cèdent instantanément dès que le cheval répond de devant et remonte de quelques centimètres, et à l'instant où les mains cèdent, action de jambes (sachant que la jambe commence à la hanche, et pas que au genou, mais ça c'est une autre histoire que je vous raconterais peut être plus tard, si vous êtes sages

) pour ne pas perdre l'activité, l'impulsion et surtout l'abaissement des hanches ! (vous verrez pourquoi plus loin dans mon message).
Sachant aussi que Baucher disait que le cheval doit répondre au "souffle de la botte", qu'entre le mollet et le flanc du cheval on doit pouvoir glisser une feuille de papier (donc, espace très faible mais espace quand même, PAS DE CONTACT CONTINU DU MOLLET !), et que Faverot de Kerbrecht (un des deux grands bauchéristes ayant appris avec lui, avec l'autre général, Alexis l'Hotte) INTERDISAIT à ses élèves de se battre avec ses chevaux. Enfin, l'Hotte a bel et bien dit "CALME, EN AVANT, DROIT", en précisant que l'ordre est HYPER important. (Oui oui, CALME d'abord, lisez Questions Equestres si vous ne me croyez pas

). Je vous laissez méditer sur tout ça, on pourra revenir dessus si vous voulez
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Elle, a complètement changé de discours : il a tendance à s'enfermer, il faut absolument lui remonter la tête pour qu'il abaisse ses hanches. On a énormément travaillé la contre incurvation aussi pour l'engagement des postérieurs. Sa propriétaire le monte rarement mais que comme ça, et donc les transitions sont en effet plus fluide et son galop s'améliore. |
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Autre travail, autres attitudes, objectif différents.
La première monitrice a vu que c'était coincé derrière, avec des allures étriquées et a donc chercher à délier le tout.
La seconde a vu des choses à la fois similaires et différentes. D'abord le manque de travail des hanches, ça va avec le "coincé derrière", mais elle a vu aussi l'enfermement, et tous les défauts qui vont avec, et veut régler ce problème.
Relever l'encolure, abaisser les hanches, là on n'est plus dans du thérapeutique, on est dans du travail. Le relevé d'encolure est une ATTITUDE DE TRAVAIL et d'EDUCATION du cheval ! On lui apprend à se remonter, son encolure, son garrot.
Chez moi, le relevé d'encolure DOIT ABSOLUMENT s'accompagner de trois choses :
1. La décontraction. Primordial. Sans décontraction, la ligne dorsale se fige dans une mauvaise position et on fait MAL AU DOS DU CHEVAL. Donc, mobilité de la machoire OBLIGEE !
2. La cession de nuque, ça va avec le point 1. Sans cession de nuque, on renverse dans le mauvais sens toute une série de muscles => dos se creuse => mauvais
3. L'abaissement des hanches. Sans abaissement des hanches, le relevé d'encolure n'a AUCUN sens, puisqu'il faut les deux pour que la ceinture abdominale travaille correctement et vienne soutenir le dos (oui oui, ce qui permet au cheval de porter le cavalier, ce n'est ABSOLUMENT PAS sa musculature du dos, mais bel et bien sa ceinture abdominale et ses muscles fessiers !), ce qui permettra ensuite de remonter CORRECTEMENT le garrot et de se diriger vers des attitudes plus relevées.
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Elle m'a précisé que travailler un cheval avec la tête trop vers le bas renforçaient les muscles situés avant la croupe et non pas ceux du devant du dos. Ce qui avait pour conséquence de rendre plus difficile pour le cheval l'engagement des hanches, puisque ces muscles en gêneraient l'abaissement.
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Première fois que j'entends ça, il va falloir que j'y réfléchisse un peu.
Maintenant, dans mon esprit, ce qui muscle, c'est la variation. C'est comme pour nous. Prenons les abdos par exemple : ce qui va nous donner les tablettes de chocolat tant prisées sur la plage, c'est le d'alterner entre deux positions (couché, relevé, couché, relevé).
Pour le cheval, j'ai comme envie de dire que c'est pareil : c'est le fait d'alterner entre une attitude étendue et un peu basse (extension d'encolure) et une attitude plus relevée, plus compacte (relevé d'encolure, avec les points cités plus haut), quelques foulées haut, quelques foulées bas, et on alterne, qui va vraiment créer la musculature ! Travailler toujours et QUE dans une des attitudes ne muscle pas vraiment à mon sens, et que ce soit l'une ou l'autre, garder trop longtemps du mono attitude est néfaste, à mon sens encore une fois.
Bien, le message de ta mono (je ne garde que les passages qui méritent, à mon sens, commentaire
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la base de travail pour travailler un cheval sans l'abimer est le renfort du dos qui passe par l'attitude basse et ronde dans un rythme lent ( car bas -rond et vite = cheval sur les épaules qui donc , perd l'équilibre en évitant l'engagement des postérieurs . Ce qui entraine une surcharge des antérieurs et répétition rapide des foulées , favorisant , entre autre , les problèmes naviculaires ) |
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Là je suis complètement d'accord. Problèmes naviculaires je sais pas, faudrait que j'en parle avec un véto. Mais travail qui sert à rien si c'est fait dans la perte d'équilibre, là je suis COMPLETEMENT d'accord. Vraiment, rien à redire sur cette partie là. (sauf la première phrase, "le bas est rond est la basse du
TRAVAIL du cheval, mouais, bof, pas vraiment, encore une fois, c'est surtout une attitude thérapeutique qu'une attitude de travail, c'est ponctuel, en début et fin de séance, pour délier et etirer, et on va s'en servir en ALTERNANCE avec une attitude plus relevée, pour muscler et travailler la disponiblité. Ce n'est pas "LA BASE", c'est UNE des bases, nuance certes, mais nuance importante)
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lorsque le cheval a la force de tenir cette attitude : extention du dos favorisant la musculature + engagements des postérieurs retenant le report de poids sur l'avant main , il est prêt pour aller dans des attitudes plus soutenues , voires rassemblées . |
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Ouais bon alors là, moins d'accord. Ou alors elle s'est mal exprimée.
Cette attitude favorise une forme d'engagements des postérieurs (SI c'est bien fait, c'est à dire SANS appui sur la main, sans précipiter, allure cadencée, lente mais avec de l'AMPLITUDE, point important qu'elle n'a pas précisé) : l'avancée du postérieur sous la masse. C'est un axe intéressant puisqu'il offre de la propulsion vers l'avant, important dans le travail d'amplitude (et à l'obstacle, dans tout ce qui est obstacle large avec besoin de couverture).
Maintenant, ça ne prépare pas vraiment à REMONTER le cheval, puisque dans ce cas là ce n'est plus le postérieur qui avance sous la masse, mais la masse du cheval qui RECULE VERS LES POSTERIEURS, et on en arrive à la deuxième forme d'engagement : l'abaissement des hanches. Ca malheureusement, on ne le travaille VRAIMENT PAS en extension d'encolure, mais dans le travail en incurvation, flexion d'encolure, travail de 2/3/4 pistes et RELEVE d'encolure !
Enfin la phrase est quand même un peu bancale : "on favorise l'extension des muscles DONC la musculature", bah non, quand on étend, on ETIRE le muscle, on ne le contracte pas. Si on ne le contracte pas, tu veux muscler comment ? Ce n'est pas, physiologiquement, logique. La musculature vient, encore une fois, de l'alternance entre un état étiré et un état contracté. On en revient à ce que j'ai déjà dit à ce sujet.
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Si cette condition n'est pas remplie , on a un dos qui lache , une mise en main , certe plus légère mais instable avec un contact aléatoire , des foulées rétrécies sans amplitude . |
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Je veux bien, mais quelle condition ? Elle ne précise pas vraiment.
Le dos ne lache QUE si la ceinture abdominale ne travaille pas correctement. On en revient à ce que j'ai dit beaucoup plus haut avec les 3 points importants du relevé d'encolure (décontraction, cession de nuque, abaissement des hanches). Si on a tout ça, au contraire, le dos se porte MIEUX QUE JAMAIS !
Cette phrase me fait penser quand même qu'elle confond "contact" et "tension" : pas besoin d'avoir le fil tendu pour que le courrant passe, que diable !
|  | Avec le cortèges de problèmes qui en découle : dos pincé , articulations trop sollicités , manque de force dans le dos qui travaille dans l'évitement , etc ... |
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Hm... le dos n'est pincé que si on ne respecte pas les points que j'ai cité plus haut.
"Manque de force dans le dos", ha. Encore une fois ce ne sont pas les muscles du DOS qui permettent son soutien, mais les muscles ABDOMINAUX du cheval. C'est comme chez nous ça. EN plus, un dos TROP musclé en devient PLUS RIGIDE (normal, des gros muscles autour du dos, ça l'aide pas à être souple). Déjà que le dos du cheval est vraiment pas très souple, c'est pas la meilleure idée du siècle de vouloir le rendre encore plus rigide...
"Le dos qui travaille dans l'évitement", là je dois avouer que je ne comprends pas ce que cette phrase veut dire... Elle n'a pas vraiment de sens pour moi
|  | La phase du travail rond et bas peut prendre un certain temps , en fonction du cheval et du tact du cavalier , mais l'équitation est l'école de la patience en même temps !!! Mais lorsque cette étape est consolidée le reste coule tout seul ! |
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Mouais, bon, plus ça va, moins je suis convaincu. Le bas et rond, ce n'est pas une "phase de travail"... c'est une attitude dont on se sert dans tout un tas de situations mais qui ne se SUFFIT PAS A ELLE MEME. Bref, je ne vais pas me répéter.
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A partir de là , c'est à toi de choisir ton chemin et surtout de faire ton expérience . Ca ne va pas etre facile avec ton adorable Loucanto car il a pas mal de problèmes physiques qui risquent d'entraver tes sensations et ta progression . Il a peut être un peu d'artrose dans le dos qui gêne son extension et ses soucis de tendons peuvent en etre une conséquence ...
En tout cas n'hesite pas à poser des questions à tes enseignants car il faut absolument comprendre à quoi sert chaque exercice que tu mets en place . Tu as beaucoup de capacités à développer car tu as beaucoup de tact , alors fais tout pour bien analyser ce que tu fais , pourquoi tu le fais et ce que ça apporte à ton cheval . Car dans toutes ces démarches il ne faut surtout pas oublier que le plus important c'est l'intégrité de notre Monture : la base du respect et de l'amour qu'on lui porte . Et si c'est bien mené la complicité grandit ! |
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Là par contre je dois applaudir des deux mains, surtout les parties en gras.
Je commente dans un second post après celui-là. C'est que c'est long de lire, comprendre, essayer de voir ce que ça fait à cheval "de mémoire", et répondre correctement
Yoplà, voilà pour la version 1 de mon poste, le reste arrive (je commente d'abord Evelyn, puis quelques postes de réponses qui ont eu lieu après)