23km en 3h30.
C'était mon moment nostalgie, celui qui n'appartenait qu'à moi et que je ne partageais pas avec ma monture. C'était la première direction vers laquelle je poussais mes explorations avec Apache lorsque l'ennui m'avait gagné face aux décors immuables et restreints. Il s'agit une zone que j'avais abandonnée car une trop grosse partie était bitumée et ne permettait pas d'accélérer l'allure avec Apache.
A force de ne pouvoir refaire les même parcours, puisque les obstacles ne prennent pas la même forme avec Apache qu'avec Salbai, je finis par redécouvrir les lieux que j'avais autrefois dédaigné. Ce qui fut un jour lointain me semble désormais à portée de main, ce qui ne présentait auparavant aucun danger demande à présent toute ma concentration et beaucoup de prudence, ce qui fut honnis est depuis ce jour un repère ami.
Devant moi s'étend un bout de campagne déserte, sillonnée de petites routes vides, juste décorée par de rares maisons silencieuses mais je bifurque sur une petite voie forestière fangeuse, meurtrie par le passage de gros véhicules, la coupe et le débardage du bois, l'hiver et la pluie. J'arrive rapidement dans un chemin forestier que je ne reconnais pas. L'ai-je seulement jamais vu? Existait-il 8 ans plus tôt?
Au loin, dans les hauteurs d'une colline en face, visible depuis l'ensemble de la vallée du Jos, demeure une petite église qui me sert toujours, ici, de point de repère. Ce qui me fait dire que ce lieux m'est bien connu, je ne m'en rappel simplement pas.
Je suis agréablement surprise. Ce dont je ne me souvenais pas, c'est qu'après une longue marche sur le bitume, on s'enfonce dans un large chemin herbeux serpentant à travers une forêt communale bien entretenue, aujourd'hui gorgé d'eau mais j'y imagine aisément un beau galop en été, un travail sur le changement de pieds.
Au delà, après une immersion dans la nature engourdie par l'hiver, un peu noyée par toutes ces pluies aussi, le sentier remonte vers un le sommet venteux d'une colline. J'arpente alors un genre de plateau aux arbres noueux, à la végétation sèche et clairsemée, traversée par un chemin caillouteux.
Inévitablement, il faut redescendre et l'affaire se corse. Ma folle crevette ne sait toujours pas où mettre ses pieds. Le début de la pente est clément, elle commence par des chemins certes boueux mais en douceur, avec une inclinaison raisonnable.
Cela me permet de rejoindre un autre itinéraire de balade dont je me souviens bien mieux, que j'ai plaisir à retrouver. Celui-ci, je l'avais laissé parce que je trouvais la boucle trop courte mais puisque je peux faire se joindre deux boucle en une seule, le problème n'est plus.
Me reste la dernière portion de descente avant de retrouver les alentours de la maison, celle-ci étant franchement raide. Confiante, je reste en selle. Cette pente, je l'ai descendue mille fois avec Apache, les doigts dans le nez. J'oubliais, les souvenirs de mes anciennes sorties me guidant pour progresser dans celle-ci, que le zouave sous ma selle commence juste à aborder les descentes épiques. Après deux frayeurs inutiles, je démonte et fini à pied, jusqu'à retrouver un village plat, à l'orée de notre vallée.
Excellente sortie. Je suis revenue claquée mais heureuse et avec un cheval au top, content de sa balade et dégueu.